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Un tableau volé en France par les nazis réapparaît en Autriche

Après soixante-treize ans d’une longue nuit d’oubli et d’errance, le retour à la lumière. L’huile, signée du portraitiste du XVIIeme siècle Bartholomeus van der Helst et datée de 1647, représente un homme âgé au regard triste et désabusé. Un classique de l’école flamande. Mais l’indélébile signe distinctif du tableau est ailleurs : il est l’une des 333 œuvres d’une collection privée volées par les Allemands lors de la seconde mondiale. La petite huile, comme 166 autres, était jusqu’ici présumée disparue à jamais. Nul n’aurait parié sur sa répartition soudaine en ce mois d’avril 2016.

La collection, du nom de son propriétaire Adolphe Schloss, riche négociant qui avait patiemment acquis chaque pièce jusqu’à sa mort en 1911, était convoitée par les dignitaires nazis bien avant l’occupation de la France. Hitler souhaitait même qu’une partie de ces œuvres soient destinées à son projet de musée à Linz. Figuraient parmi les plus belles oeuvres, celles de maîtres flamands et hollandais, Rembrandt, Hals, Brueghel, Brouwer mais également des peintres germaniques comme Lucas Cranach, l’un des artistes favoris du Fürher.

Les tableaux cachés après mille rebondissements au château de Chambon, à côté de Tulle (Corrèze) avaient été accaparés en 1943 par le service de confiscation des biens juifs. Le film de George Clooney « Monuments men », sorti l’an dernier raconte dans les grandes lignes l’incroyable itinéraire des tableaux de cette collection. Toutes les œuvres spoliées avaient été entreposées dans des caisses destinées au Fürhermuseum, le projet de musée des Beaux-Arts voulu par Hitler à Linz. Le stock avait été pillé en avril 1945, à l’approche des troupes américaines et alors que le IIIe Reich était de point de capituler.

Recel ?

La maison de vente viennoise Im Kinsky, qui s’apprête à le mettre aux enchères ce mardi 12 avril dans le cadre d’une vente de tableaux de maîtres du XVIeme au XVIIIeme siècle, n’ignore rien de sa provenance. Sur son catalogue en ligne, elle donne un bref historique du lot numéro 25, estimé entre 15.000 et 30.000 euros. Spoliation nazie, disparition en 1945. Vendue en 2004 par un marchand autrichien à un acheteur « de bonne foi ».

Cette précision fait bondir Antoine Comte, l’avocat parisien d’Eliane de Martini, l’une des héritières de la collection Schloss :

« En 2004, on ne peut pas être de bonne foi, souligne-t-il. Cette œuvre figure au moins dans trois bases de données qui mentionnent sa spoliation ».

Elle est notamment inscrite dans le répertoire des biens spoliés pendant la guerre 1939-1945.

Dans un courrier adressé le 7 avril à Im Kinsky, dont « l’Obs » a pu prendre connaissance, Me Comte rappelle que « la détention même provisoire d’une toile spoliée constitue en droit européen un recel qui est une infraction pénale dont se rendent coupables les personnes qui détiennent des objets volés ». L’avocat leur demande de surseoir à cette vente qui placerait Im Kinsky « comme l’un des chaînons du recel d’une toile spoliée qui n’a jamais été restituée à ses légitimes propriétaires ».

« La spoliation est connue et reconnue »

Vendredi dernier, Im Kinsky ne semblait pas vouloir retirer le van der Helst de la vente. Le Dr Ernst Ploil, l’un de ses directeurs, par ailleurs avocat, s’offusque d’ailleurs que l’on puisse mettre en cause l’honnêteté et la moralité de sa société. Lorsque ce tableau a été proposé à Im Kinsky, assure-t-il, ses avocats ont pris contact avec Me Comte pour « trouver une solution juste et équitable avec la famille Schloss », selon le Dr Ploil. Il faut entendre par « solution juste et équitable » le versement d’une compensation financière ou le partage du produit de la vente.

« J’ai négocié un temps avec leur avocat mais sans résultat. Car il insistait pour que la peinture soit restituée. Mais son actuel propriétaire ne le veut pas », explique cet homme courtois à l’anglais teinté d’accent germanique.

Le Dr Ploil regrette l’attitude « bornée » de l’avocat français.

Ce dernier la revendique : « J’ai refusé de discuter avec les avocats. Je leur ai expliqué que la seule solution digne était restituer le tableau aux héritiers », explique Me Comte. « On ne peut pas payer à chaque fois une compensation », assène-t-il. Une double peine en quelque sorte. Sa cliente, Eliane de Martini, est toute aussi catégorique. A 80 ans, sa vigueur et son indignation sont toujours intactes. « Il n’y a aucun accord à passer avec les vendeurs. C’est la ligne de conduite de la famille. La spoliation est connue et reconnue », explique-t-elle au téléphone d’une voix claire mais ferme. L’octogénaire, fâchée que les autorités autrichiennes demeurent silencieuses, ajoute un détail d’importance :

« Je ne sais pas si ce tableau possède encore son cadre d’origine, mais sur chaque cadre, il y a un signe distinctif montrant qu’il appartient à la collection Schloss ».

« Un argument très faible »

En 2004, pouvait-on se prévaloir de la « bonne foi » en achetant ce tableau dont il était facile de retrouver l’origine ? « C’est ahurissant qu’ils osent le mettre en vente », s’indigne l’ancien directeur des Archives diplomatiques, Frédéric du Laurens. « Cela laisse un peu amer quand on dit ‘moi pas savoir’. La bonne foi du possesseur est un argument qui est toujours avancé », regrette-t-il avant de souligner « le caractère profondément immoral » de la vente à venir. Cette bonne foi, « est un argument très faible », dénonce l’ancien diplomate. En 1998, le ministère des Affaires étrangères a édité le catalogue des œuvres non restituées, illustré de photographies en noir et blanc prises avant guerre avec les dimensions de chaque tableaux. La maison viennoise, droit autrichien à l’appui, est d’un autre avis. Selon elle, rien ne peut l’empêcher de vendre en toute légalité ce bien spolié à une famille juive durant la guerre.

Ce vendredi 8 avril, le ministère français de la Culture, a officiellement demandé à Im Kinsky le retrait du tableau de van der Helst de la vente prévue le 12 avril en attendant de trouver une solution à l’amiable avec les héritiers. Les services d’Audrey Azoulay privilégient dans un premier temps la concertation avant, si nécessaire, de saisir les autorités autrichiennes, voire Interpol.

Un avenir incertain

De la collection Schloss, 163 peintures sont encore aujourd’hui manquantes. Ont-elles échappé à la destruction, ont-elles été vendues sous le manteau ? Nul ne le sait. Mais depuis la fin de la guerre, certaines peintures de la collection convoitée par les nazis ressortent du néant pour être mises en vente par de grandes maisons comme Christie’s ou Sotheby’s.

C’est le cas du portrait d’Adrianus Tegularius. En 1967, ce tableau du maître hollandais Franz Hals a été vendu à New York comme provenant de la succession d’une princesse italienne puis revendu en 1972 par Christie’s à Londres qui n’a pas indiqué qu’il avait été dérobé par les nazis. En 1979, le même tableau réapparait, toujours à Londres. Chez Sotheby’s. A cette occasion, il est fait état de son inscription au répertoire des biens spoliés en France. Le tableau est remis en vente dix ans plus tard, par Christie’s. Nulle mention cette fois dans le catalogue qu’il s’agit d’une œuvre volée. Son nouveau propriétaire va vouloir le vendre à la Biennale internationale des antiquaires à Paris qui se tient fin septembre 1990. Mauvaise idée. L’un des héritiers de la famille Schloss, Henri de Martini, l’époux d’Eliane, aujourd’hui décédé, obtient sa saisie. Ce n’est qu’en 2001 que le tableau de Franz Hals sera restitué officiellement à la famille après 11 années de procédure judiciaire.

Pareillement, après trois ans de négociations, le ministre tchèque de la Culture avait en 2002 remis officiellement à son homologue français « le Juif au bonnet de fourrure », tableau de l’école de Rembrandt provenant de la collection d’Adolphe Schloss, et acheté en 1945 par la Galerie nationale de Prague.

A ce jour, nul ne sait encore si le tableau de Bartholomeus van der Helst revenu subitement à la lumière en Autriche va revenir à Paris ou s’il risque de disparaître à nouveau.

Pierre-Antoine Souchard

Frais de taxi à l’INA : Agnès Saal condamnée à 4 500 euros d’amende

L’ancienne présidente de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) Agnès Saal, jugée pour détournement de fonds publics, a été condamnée ce lundi à 4 500 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Créteil pour ses notes de taxi exorbitantes.

Elle a également été condamnée à verser 3 000 euros de dommages et intérêts à l’association Anticor.

Agnès Saal, qui avait choisi de plaider coupable, doit à nouveau comparaître vendredi à Paris pour d’autres dépenses de taxis indues, dépassant plusieurs dizaines de milliers d’euros, lorsqu’elle était directrice générale du Centre Pompidou. En cas de non paiement, les jours amende deviennent des jours de détention et le condamné effectue tout ou partie de sa peine en prison.

Plus d’informations dans quelques minutes.

AFP

Témoignage de retour à la cité antique de Palmyre, après Daech

La star-tup française Iconem a entrepris depuis plusieurs années la numérisation 3D de grands sites archéologiques menacés à travers la planète. Co-fondée par Philippe Barthélémy et Yves Ubelmann, cette société a notamment travaillé en Afghanistan, à Pompéi, au Pakistan où elle a procédé à des relevés photographique. Ceux-ci ont permis de modéliser ces trésors archéologiques, constituant une précieuse base de données scientifiques, soit autant d’outils nécessaires à leur étude, leur préservation et, éventuellement, leur restauration.

C’est dans ce cadre qu’elle mène actuellement une mission en Syrie, en liaison avec les équipes de la Direction générale des antiquités et musées de Syrie. C’est avec l’aide de ces équipes qu’Iconem travaille sur le site de Palmyre, et notamment avec le concours d’Houman Saad, archéologue de la DGAM et post-doctorant au Labex Resmed ENS à Paris. Nous avons pu joindre Yves Ubelmann alors qu’il se trouvait à Homs.

Quelle est la situation à Palmyre actuellement ?

– La ville moderne a été sérieusement endommagée. On voit beaucoup de maisons détruites, les rues sont défoncées et les quartiers, pour ce que j’ai pu constater, sont déserts. La population a fui la ville. On ne rencontre que des militaires, qui essaient de sécuriser les lieux et de détecter les mines qui ont été posées par Daech avant leur départ. Régulièrement, on entend des explosions, ce sont les mines que les artificiers font sauter. Il n’y a plus d’électricité.

Et le musée de Palmyre ? Avez-vous pu y pénétrer ?

– Oui. C’est un musée que je connais bien. J’y ai déjà travaillé il y a sept ans en tant qu’architecte et j’avais conçu notamment la muséographie d’une des salles qui se trouve au premier étage. Nous avions mis en place des vitrines, un dispositif d’aide à la visite, des éclairages. J’avoue avoir éprouvé une impression étrange quand j’ai découvert les lieux : il n’est pas si fréquent quand on est architecte de voir ce que l’on a conçu réduit à néant.

Pour moi, c’était bouleversant. Un missile a perforé le toit et dans les salles les faux plafonds sont effondrés. La plupart des vitrines ont été explosées par Daech et ils les ont vidées de la plupart des objets qui s’y trouvaient. Sur les sculptures, tous les visages ont été détruits, ainsi que les mains lorsqu’il en existait. Ils ont voulu détruire tous les signes de représentation humaine. Par contre, ils ne sont pas intéressés aux objets décoratifs, ils en ont mêle laissé certains dans les vitrines. Le sol est jonché de débris, il y a des fragments de visage un peu partout.

Avez vous trouvé des objets qui témoignent de la présence de Daech ?

– Au sous-sol du musée, nous avons découvert pas mal d’indices. Daech y avait installé un tribunal : celui qui le dirigeait y avait placé son bureau. On a trouvé des papiers administratifs et découvert des cellules. Ils ont commencé par tout casser et ensuite ils ont emménagé dans les locaux.

La forteresse dominant Palmyre a été bombardée. (Iconem/DGAM)

Avant l’arrivée de Daech à Palmyre, des objets du musée avaient déjà été mis à l’abri. Que restait-il alors dans les salles ?

– Le déménagement de nombreuses pièces, environ trois cents, avait effectué par les équipes de Ahmad Deeb, directeur des musées de Syrie. Il pilote aujourd’hui la mission que j’effectue à Palmyre puis, par la suite, sur d’autres sites archéologiques du pays. Ce transfert a été effectué en camion, très peu de temps avant l’arrivée de Daech et les objets sont désormais entreposés dans un site sécurisé dans la région de Damas. Il restait au musée une centaine de sculptures, bas-reliefs ou objets.

Et sur le site antique ? Quelles dégradations avez-vous constaté ?

– Les temples de Bêl et de Baalshamin, l’arc de triomphe ont été détruits par les explosifs placés par Daesh. Nous avons retrouvé des fragments de barils dans lesquels ils avaient placé les explosifs, ce sont des dispositifs artisanaux. Nous avons découvert aussi des fragments de métal plus épais, pour le moment nous ne savons pas d’où ils proviennent.

L’Arc de Triomphe a été dynamité. (Iconem/DGAM)

Les explosions ont soufflé les constructions, disséminant les blocs de pierre qui les composaient. Tous n’ont pas été réduits en poussière, certains sont même intacts et je pense que l’on pourra certainement procéder à une restauration. Sera-t-elle complète ou non ? Pourra-t-on replacer tous ces blocs de pierre ? Devra-t-on en remplacer certains par de nouvelles pierres ? Pour le moment il est totalement impossible de le savoir.

Ce qu’il reste du temple de Bêl. (Iconem/DGAM)

Y a-t-il eu d’autres emplacement saccagés ?

– Dans la Vallée des tombes, qui se trouve à l’extrémité du site, nous avons constaté qu’une dizaine de tours funéraires avaient été elles aussi dynamitées. Certaines étaient hautes de plus d’une dizaine de mètres. Au 1er et au 2e siècle de notre ère, les Palmyriens plaçaient dans ces tours les sarcophages des défunts les plus riches de la cité. Si nombre d’entre elles sont réduites aujourd’hui à un amas de pierre, certaines, qui étaient enterrées, ont été préservées. Dans l’une d’entre elles, que l’on appelle la Tombe des trois frères, nous avons constaté que Daech avait aménagé un bureau qui devait être une sorte de centre de commandement. Les gens de Daech sont visiblement partis très vite, ils ont laissé sur place des vêtements, des sacs à dos, de la nourriture.

Les colonnes funéraires détruites dans la Vallée des tombes. (Iconem/DGAM)

Avez-vous trouvé des armes ?

– Aucune trace. Mais comme ils ont miné la ville moderne et la cité antique, les déplacements sont rendus difficiles, certaines zones demeurent inaccessibles.

Qui sont les démineurs ? Des soldats de l’armée syrienne ? Sont-ils nombreux ?

– Ce sont essentiellement des soldats russes qui procèdent à ces opérations. Il est difficile d’évaluer leur nombre, entre une cinquantaine et une centaine peut-être.

Les ruines du temple de Bêl. (Iconem/DGAM)

Des informations font état de la découverte d’un charnier…

– Nous en avons entendu parler mais le site est situé à l’écart de la ville et nous n’avons pas pu nous y rendre. On affirme que des corps de femmes et d’enfants ont été exhumés ainsi que celui de deux soldats originaires de Homs.

Pourquoi êtes-vous basé à Homs ?

– Il est impossible d’envisager un hébergement à Palmyre. Nous nous y rendons chaque jour en voiture, le trajet dure à peu près trois heures et il y a de nombreux check point. Plus on se rapproche de Palmyre et plus on mesure l’intensité des combats qui s’y sont déroulés, on voit des maisons détruites, des carcasses de véhicules carbonisés. A Homs, qui a été aussi touchée par des combats, certains quartiers de la ville reprennent vie. On voit des gens dans la rue et le matin, des étudiants se regroupent devant l’entrée de l’université.

Avez-vous pu constater des traces de pillage archéologiques à Palmyre ?

– Il y en a eu , c’est certain et nous avons d’ailleurs pu en observer des traces. Les plus nombreuses se trouvent dans la nécropole : les pilleurs pensaient trouver dans les tombes du mobilier funéraire, bijoux, objets décoratifs ou sculptures qui attirent toujours la convoitise des trafiquants. Mais il est encore trop tôt pour mesurer l’étendue de ces pillages.

Vous dites qu’il est difficile de se déplacer à Palmyre, jusque dans le site de la cité antique. Est-ce la raison pour laquelle vous utilisez un drone ?

– Sur les autres projets menés par Iconem, nous utilisons régulièrement des drones. La vision aérienne permet d’obtenir les images complètes et détaillées d’un site. Bien sûr, nous prenons aussi des photographies au sol. Notre travail à Palmyre consiste à procéder à un maximum de relevés, que ce soit dans le musée, dans la Vallée des tombes et sur le site de la cité antique. Nous avons pris des milliers de clichés. Ceux-ci nous permettront d’établir une cartographie précise des sites, et cela afin de pouvoir construire des modèles en 3D qui pourront permettre de mener les futures opérations de restauration.

Iconem est une star-up qui est implantée à Paris. Les relations diplomatiques entre la France et la Syrie sont rompues. Avez-vous eu des contacts avec le gouvernement français ?

– Nous n’en avons eu aucun. Nous sommes ici en Syrie au titre d’une société privée qui travaille en collaboration avec des archéologues et des architectes syriens. Notre mission est identique à celle que nous avons déjà menées dans d’autres pays, que ce soit en Italie, en Afghanistan ou au Pakistan. Il s’agit pour nous de collecter des données, les plus précises possibles, sur des sites archéologiques menacés. Nous sommes des activistes du patrimoine.

Propos recueillis par Bernard Géniès

Patrick Zachmann en 3 photos emblématiques

Voilà plus de trente ans que Patrick Zachmann, photographe pour la prestigieuse agence Magnum, arpente la Chine. Des plateaux de cinéma à la place Tiananmen, des bouleversements urbains aux catastrophes naturelles, il a saisi au fil du temps les transformations fulgurantes de la société de ce pays.

« La Chine est allée trop vite dans ses changements. Les chinois n’arrivent plus vraiment à définir leur identité. La question qui m’a obsédé, c’est comment survivre à de tels bouleversements. Comment les jeunes s’y retrouvent alors qu’ils sont tiraillés entre deux modèles de société et d’économies ? »

A l’occasion de sa rétrospective à la Maison Européenne de la Photographie, le reporter décrypte 3 clichés, pris dans les années 80, depuis la Place Tiananmen, avant le drame, aux bas-fonds de Hong-Kong.

Découvrez aussi le portfolio extrait de son ouvrage « So Long, China » (Editions Xavier Barral), dans « L’Obs », cette semaine.

GRAND FORMAT. La Chine intime de Patrick Zachmann

Pologne : manifestations dans tout le pays pour défendre le droit à l’IVG

Cintres et banderoles en main, quelque trois mille personnes sont venues manifester devant le Parlement polonais contre l’interdiction totale de l’avortement en Pologne proposée par des organisations pro-vie. Si leur loi entre en vigueur, les femmes n’auront plus le choix et seront obligées d’accoucher également en cas de viol, d’inceste, ou malformation du fœtus.

Ce nouveau projet prévoit également des peines encore plus lourdes pour les médecins pratiquant illégalement l’IVG : ces derniers s’exposaient jusqu’ici à une peine maximale de deux ans, qui passerait alors à cinq ans.

Compromis entre l’Eglise et l’Etat

«Ce cintre c’est le symbole de la lutte pour le droit à l’avortement légal», dit Damgara Chmielarz, 23 ans, étudiante. «C’est avec cet objet que les femmes avant la guerre se faisaient avorter, dit-elle. On ne veut pas faire marche arrière». «Le seul but c’est de terroriser les femmes et torturer les femmes», a lancé Natalia Broniarczyk, de «l’Alliance du 8 mars», une des ONG qui a participé à la manifestation sous le mot d’ordre «Regagner le droit de choisir». «On a assez de voir une nouvelle  croisade en Pologne contre des meurtiers et des meurtrières imaginaires de foetus», scandait, de son côté, Kamila Kurylo.

Profitant d’un climat politique favorable, les organisations dites «pro-vie» veulent durcir la loi en vigueur actuellement. Pour la première fois depuis la chute du communisme en Pologne en 1989, les conservateurs ont les pleins pouvoirs. La semaine dernière le chef du parti conservateur Droit et Justice (PiS) Jaroslaw Kaczynski et la Première ministre Beata Szydlo ont exprimé leur soutien au projet, déclenchant un nouveau débat en Pologne sur l’avortement. Une première manifestation a rassemblé il y a une semaines plusieurs milliers de personnes opposés à un durcissement de la loi. «Je veux que les femmes en Pologne aient le droit de choisir. Qu’elles aient le droit à l’IVG libre jusqu’au troisième mois de la grossesse comme dans un pays européen, pour des raisons psychologiques, sociales, matérielles. C’est une norme dans les pays civilisés», dit Marta Wyszynska 40 ans, mère d’une fille de 5 ans.

Après la guerre, sous le communisme, l’avortement était libre d’accès. Sous l’influence de l’Eglise catholique et en grande partie du pape polonais Jean Paul II, il fut interdit en 1993. Il n’est autorisé que dans trois cas : risque pour la vie et la santé de la mère, grave pathologie irréversible chez l’embryon, et grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste.

Depuis, aucune force politique, ni en faveur d’un durcissement, ni d’une libéralisation, n’ont modifié ce qu’on appelle un «compromis» entre l’Eglise et l’Etat. «Ce ne fut en aucun cas un compromis, ce fut un accord entre l’Eglise et les partis politiques, les femmes n’ont eu rien à dire, s’indigne Wyszynska. La réalité est que les femmes riches vont à l’étranger pour avorter, et celles qui n’ont pas les moyens le font d’une manière dangereuse pour leur vie».

Selon les estimations des organisations féministes, entre 100 000 et 150 000 femmes procéderaient clandestinement à une IVG chaque année, soit en Pologne, soit à l’étranger. Le nombre d’avortements autorisés en Pologne oscille entre 700 et 1 800 par an. Selon Natalia Broniarczyk, de l’Alliance du 8 mars, «l’interdiction totale de l’avortement ne va pas diminuer leur nombre, mais fera augmenter le nombre de décès et des complications médicales chez les femmes».

Maja ZOLTOWSKA à Varsovie

Loi travail : 120 000 manifestants en France, selon l’Intérieur

Au fil de la journée

• Pour la sixième fois en mois d’un mois, les opposants à la loi El Khomri sur le code du travail sont descendus dans la rue pour manifester. Ils étaient 120 000 selon le le ministère de l’Intérieur, contre 390 000 le 31 mars.

• Plusieurs milliers de personnes ont déjà défilé à Toulouse, Rennes ou encore Strasbourg (lire notre reportage). A Paris, le défilé est parti à 14 heures de République pour rejoindre Nation, où des violences ont éclaté. 26 personnes ont été interpellées.

• Le projet de loi a été modifié ces derniers jours lors de son examen en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale.

Si le direct ne s’ouvre pas dans votre application, cliquez ici.

(Photo Marc Chaumeil pour Libération, prise à Paris ce samedi)

19:51

Loi travail.

Là-dessus, nous allons fermer ce direct. Nous reviendrons sans doute sur ce qui s’est passé place de la Nation cet après-midi, mais aussi, bien sûr, sur la nouvelle Nuit debout qui s’annonce ce soir à Paris et dans plusieurs villes de France.

19:37

A Paris.

Une photo prise par Marc Chaumeil pour Libération, place de la Nation à Paris, cet après-midi.

19:15

Interpellations.

Le ministère de l’Intérieur indique que 26 personnes ont été interpellées, dont neuf à Paris.

18:51120 000 manifestants en France, selon le ministère de l’Intérieur

Bilan.

Les manifestations contre la loi travail ont réuni samedi environ 120 000 personnes dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur.

Ce dernier recense également 18 000 à 20 000 manifestants à Paris, tandis que les syndicats en ont recensé 110 000 participants.

D’après les autorités, la mobilisation est donc en baisse par rapport aux journées du 9 mars (224 000 manifestants en France selon la police) et du 31 mars (390 000 manifestants selon la police).

18:42

A Paris.

Notre journaliste Cyril Castelliti rapporte que rue du faubourg Saint-Antoine, où il se trouve, demeurent des poubelles renversées et des barrières de chantier récupérées pour former des barricades par les derniers manifestants, qui se sont dispersés. Plusieurs magasins ont baissé leur rideau.

18:29

A Paris.

Les policiers s’approchent du terre-plein central de la place de la Nation, où sont regroupés les derniers manifestants, rapporte notre journaliste Cyril Castelliti, qui signale aussi des échauffourées dans les rues adjacentes à la place de la Nation, où se sont dispersés les manifestants.

18:24

A Paris.

Signalons que de nombreux manifestants, notamment le cortège de la CGT, n’ont pas encore pu arriver sur la place de la Nation.

Des CRS se rapprochent progressivement du centre de la place de la Nation

09.04.16Alexandre Hervaud. @AlexHervaud Suivre

18:22

A Paris.

Place de la Nation, notre journaliste Cyril Castelliti rapporte avoir vu deux manifestants blessés par des grenades : l’un en a pris une assourdissante derrière le crâne (après en avoir ramassé une lacrymogène pour la renvoyer, ce qui a brûlé ses gants). L’autre a pris une grande assourdissante dans l’aisne, ce qui le fait boiter. Tous deux sont soignés par des gens venus avec du matériel médical.

17:55Pour sortir de la place de la Nation, prière de retirer ses signes politiques

A paris.

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes dont notre journaliste Alexandre Hervaud rapportent que les CRS, qui barrent également les voies pour sortir de la place de la Nation, exigent que les manifestants qui quittent la place retirent d’abord tous leurs signes politiques.

Un groupe de CRS refuse de faire passer une manifestante si elle n’ote pas le sticker (quadrature du net !) collé à sa veste. Ok

09.04.16Alexandre Hervaud. @AlexHervaud Suivre

17:53

A Paris.

Notre journaliste Cyril Castelliti rapporte des arrestations tous azimuts place de la Nation, où la police continue de mener des assauts. Voici le témoignage que lui a livré une manifestante sur le point de départ des heurts : «Au niveau du kiosque [situé sur la place de la Nation], les policiers ont attrapé un gosse et l’ont traîné derrière le barrage [de CRS], ce qui a entraîné la réponse des manifestants qui ont commencé à canarder le kiosque» avec des projectiles.

17:34

A Paris.

Une photo prise par Marc Chaumeil pour Libération, dans le cortège parisien.

17:28

A Paris.

Les assauts policiers continuent à Paris, où la place de la Nation est régulièrement couverte d’un gaz dont beaucoup de personnes semblent ignorer l’origine.

17:13

A Paris.

Importants tirs de lacrymo. Le vent aide la dispersion du gaz. Il reste encore bcp de manifestants pas arrivés.

09.04.16Alexandre Hervaud. @AlexHervaud Suivre

17:12

A Paris.

Notre journaliste Alexandre Hervaud, qui est aussi place de la Nation à Paris, rapporte qu’une manifestante a été blessée à l’œil.

A Nation, une manifestante blessé à l’oeil évacuée pour être soignée. « La vache, elle a bien pris » lâche un CRS.

09.04.16Alexandre Hervaud. @AlexHervaud Suivre

16:51

A Paris.

Place de la Nation, notre journaliste Cyril Castelliti décrit la situation : les policiers lancent des assauts réguliers, à coups de lacrymos, au cours desquels ceux d’entre eux qui sont en civil tentent d’embarquer des manifestants, mais ces derniers sont si nombreux que la police recule à chaque fois. La situation crée des attroupements.

16:46

A Paris.

Place de la Nation, où arrivent les manifestants, notre journaliste Cyril Castelliti rapporte que des manifestants ont arrosé les CRS de projectiles divers et de fumigènes, faisant reculer ces derniers sous les applaudissements de la foule.

16:36Des blessés à Rennes

Manifs.

A Rennes, des heurts ont fait plusieurs blessés. La préfecture avance que deux CRS ont été blessés, dont un atteint de surdité. Un policier a aussi été touché par un projectile, une bille métallique, lancée contre lui. Les trois hommes ont été hospitalisés.

De son côté, le secrétaire départemental de FO Fabrice Lerestif a fait état auprès de l’AFP de 19 blessés. Il a assuré auprès qu’il se réservait «le droit de porter plainte pour violences policières».

16:24

A Paris.

De notre journaliste Cyril Castelliti : à mesure que l’on approche de la tête de cortège, la présence policière se fait plus impressionnante. Un militant avec un nez de clown distribue des tracts Nuit debout aux CRS. Il dit qu’un CRS a accepté d’en prendre un et que rien que pour cela, il continue.

16:14

Slogan.

Entendu à Paris : «De l’argent, il y en a, dans les caisses du Panama.»

16:08

Nuit debout.

Nuit debout toujours : on vous invite à lire ce reportage à Nice, une ville bien ancrée à droite, où même ses organisateurs se sont étonnés du succès de la Nuit debout organisée hier.

A Nice, le succès d'une «Nuit Debout» qui étonne même ses organisateurs

15:58A la manif de Strasbourg : «Tout le monde sait qu’on ne négocie pas avec les patrons»

«On ne lâche rien».

Quelque 2000 protestataires ont arpenté les rues de la capitale alsacienne, dans un défilé qui s’est terminé à la mi-journée. Notre journaliste Noémie Rousseau était sur place.

A la manif de Strasbourg : «Tout le monde sait qu’on ne négocie pas avec les patrons»

A lire sur Libération.fr

15:37

A Paris.

Oh, tiens du orange à la #manif9avril, avec la CFDT métallurgie

09.04.16Amandine Cailhol. @A_Cailhol Suivre

15:36

A Paris.

« Questions log. & travail liées. Si contrats précaires ce sera encore + dur de se loger », militant DAL #manif9avril

09.04.16Amandine Cailhol. @A_Cailhol Suivre

15:36

A Paris.

Gros moyen, côté ambiance dans les rangs de Sud #manif9avril

09.04.16Amandine Cailhol. @A_Cailhol Suivre

15:35

Loi travail.

A Paris, c’est notre journaliste Amandine Cailhol qui suit le cortège, lequel a démarré de la place de la République vers 14 heures, pour rejoindre celle de la Nation.

Départ du cortège. #manif9avril « Assez de cette société qui n’offre que le chômage et la précarité » #Paris

09.04.16Amandine Cailhol. @A_Cailhol Suivre

15:34

Loi travail.

Le projet de loi a été modifié ces derniers jours lors de son examen en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale.

15:34

Loi travail.

Et hop, on ouvre ce direct pour suivre les manifestations d’aujourd’hui contre la loi El Khomri. Pour la sixième fois en mois d’un mois, les opposants à la loi descendent dans la rue pour manifester. Plus de 200 rassemblements et manifestations ont lieu à travers la France.

« La joie », le nouvel épisode des « Cahiers d’Esther »

Elle s’appelle Esther, a maintenant 11 ans, a un grand frère nommé Antoine (« un con ») et se rend tous les matins dans une école privée parce que son père ne veut pas la mettre dans le public (trop dangereux). Voilà un an et demi que la fillette mise en scène par Riad Sattouf, dessinateur adulé pour sa série « L’Arabe du futur », a pris place à la dernière page de « l’Obs ». Le premier tome de ses aventures, « Les Cahiers d’Esther »(1), est maintenant disponible en librairie.

Il est presque certain que les sociologues des années 2050 se pencheront sur « Les Cahiers d’Esther », et pour cause : si Riad Sattouf brouille les pistes pour qu’elle ne soit pas reconnaissable, Esther existe dans la vraie vie ! C’est une écolière parisienne de 11 ans, fille d’un couple d’amis, qu’il soumet presque chaque semaine à un petit interrogatoire dont, ensuite, il fait son miel. Si la vraie Esther ne porte pas ce prénom et n’habite pas dans le 17e arrondissement, tout ce qu’elle raconte est d’une justesse indiscutable.

« Tout est presque vrai » : rencontre avec Esther, l’héroïne de Riad Sattouf

Arnaud Gonzague

(1) « Les Cahiers d’Esther. Histoires de mes 10 ans », de Riad Sattouf (Allary Editions, janvier 2016, 16,90 euros).

Les LGBT, cibles des conservateurs américains

Alors qu’un jugement du Conseil des Prud’hommes de Paris vient de déclarer que « PD » n’était pas une injure homophobe, aux Etats-Unis les droits des homosexuels et des transgenres demeurent un sujet de crispation pour les élus républicains de certains Etats. Plusieurs mesures ouvertement discriminatoires expriment leur déni d’une société qui change.

Depuis que, l’an dernier, la Cour suprême américaine a déclaré que le mariage entre individus de même sexe était un droit constitutionnel, prolongeant ainsi une série de mesures de l’administration Obama dans les domaines de la santé ou de la fiscalité, certains Etats fédérés à majorité républicaine tentent de freiner une évolution cependant inéluctable en faveur des droits des homosexuels et des personnes transgenres. Cette nostalgie d’une Amérique patriarcale et profondément empreinte de religiosité chrétienne s’inscrit dans un contexte qui explique aussi le succès de Donald Trump et de Ted Cruz. Plusieurs cas récents ont ainsi défrayé la chronique dans le Dakota du sud, en Géorgie, au Kansas, et c’est en Caroline du nord et dans le Mississipi que la polémique est la plus forte.

Mississipi et Caroline du nord : la discrimination, une arme face au « politiquement correct »

En Caroline du nord, un texte, surnommé « bathroom bill » et promulgué il y a quelques semaines par le gouverneur républicain Pat McCrory, impose l’utilisation des toilettes publiques (notamment dans les universités) selon « l’identité sexuelle de naissance ». Il s’agit de nier l’identité sexuée des transgenres, même si celle-ci est reconnue par la loi. Dans un autre Etat, le Dakota du sud, le gouverneur a opposé son veto à un texte de loi similaire. L’instrumentalisation de la biologie demeure l’arme favorite des opposants aux droits des minorités sexuelles et à l’égalité entre les femmes et les hommes – nous connaissons bien le sujet en France aussi. L’argument invoqué par les partisans de la mesure est en effet que des pervers sexuels déguisés en femmes pourraient agresser des femmes et des fillettes (quid des petits garçons ?) dans les toilettes.

On est surpris par ce soudain intérêt des ultra conservateurs pour les droits des femmes : on se souvient par exemple des débats hallucinants sur le viol durant la campagne présidentielle de 2012. En réalité, il s’agit toujours de dire que les LGBT (hommes) sont, par essence, des pervers sexuels – catégorie que, bien sûr, on ne retrouve pas chez les hétérosexuels… Mais la mesure de Caroline du nord va plus loin : elle vise aussi à interdire aux municipalités de l’Etat toute forme de lutte contre les discriminations à l’égard des LGBT, notamment dans l’emploi.

Dans le Mississipi, le gouverneur Phil Bryant a signé une loi votée par le congrès de l’Etat qui autorise commerçant et employeurs, par conviction religieuse, à refuser de vendre un bien ou un service, ou d’offrir un emploi à un homosexuel. Une loi un peu similaire a été promulguée au Kansas : sur les campus universitaires, les associations religieuses sont autorisées à refuser leur accès à certaines personnes. En Géorgie, au contraire, le véto du gouverneur, Nathan Deal, a prévalu… face aux intérêts économiques. Des studios de cinéma avaient notamment menacé d’arrêter de tourner dans l’Etat ; or, en 2015, ce dernier avait récolté près de deux milliards de dollars grâce l’industrie cinématographique.

Un boomerang dévastateur pour les Républicains

Le rockeur Bruce Springsteen a annulé son concert prévu en Caroline du nord pour exprimer son opposition au texte. Le poids du symbole est fort. Mais les enjeux financiers le sont encore plus. Plus de 120 entreprises ont envoyé un courrier au gouverneur McCrory pour exprimer leur indignation, et non des moindres : Google, Apple, Facebook ou encore Bank of America. La société Pay Pal, en particulier, a annoncé renoncer à un projet d’investissement de plus de 3 millions et demi de dollars et à la création de 400 emplois dans l’Etat. Sur un plan strictement politique, si la frange ultra-conservatrice des élus de l’Etat fait pression sur McCrory, il pourra difficilement se passer du soutien du monde économique alors même qu’il remet son poste de gouverneur en jeu, le 8 novembre prochain. Dans le Mississippi, les sociétés Tyson Foods, MGM Resorts International, Nissan ou encore Toyota, principaux employeurs de l’Etat, se sont également exprimés en défaveur du texte.

En 2015, des projets de loi semblables avaient créé la polémique dans l’Indiana et l’Arkansas, et la même opposition avait vu le jour de la part d’acteurs de cinéma, de la National Collegiate Athletic Association qui organise les compétitions sportives universitaires, des organisateurs du « Final Four tournament » masculin – une compétition de basket-ball –, et bien sûr du monde des affaires (Tim Cook, le PDG d’Apple, Doug McMillon, le PDG de Walmart, dont le siège est dans l’Arkansas, etc.). Devant le tollé général, les deux gouverneurs avaient refusé de signer les textes en l’état. En 2014, c’est en Arizona qu’une loi surnommée « Pas de gâteau de mariage pour les gays » avait été stoppée par le véto de la très conservatrice gouverneure, Jan Brewer. Les associations LGBT avaient alors trouvé un allié influent : la Ligue professionnelle de football avait en effet menacé de ne plus organiser la finale du Super Bowl à Phœnix.

Les grandes entreprises du high tech, du divertissement et de l’Internet, qui se mobilisent fortement aux côtés des associations en faveur des droits des LGBT, sont aussi en première ligne pour défendre une réforme de la législation fédérale sur l’immigration, dans le sens d’une libéralisation. Ce n’est pas le seul sujet sur lequel le monde des affaires tend à se démarquer des élus républicains – eux-mêmes divisés. La protection de l’environnement en est un autre.

En termes d’image, ces mesures contre les LGBT sont désastreuses pour les Etats qui les votent. Les discriminations à l’encontre d’un groupe en raison du sexe, de l’orientation sexuelle ou encore de l’origine, outre leur caractère profondément révoltant sur un plan éthique et démocratique, sont un mauvais calcul pour l’économie. Elles occasionnent une perte en termes de confiance, de cohésion sociale, et de richesse. Hillary Clinton l’a bien compris, qui en fait un argument depuis le début de sa campagne. Le prochain combat en faveur des minorités, quelles qu’elles soient, et des femmes consistera sans doute en une loi fédérale garantissant l’égalité professionnelle et salariale. Aujourd’hui, c’est un des points de clivage les plus forts entre les Démocrates et les Républicains.

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