Après dix-huit mois de coupure pour cause de désaccord total sur la manière de régler le dossier du nucléaire iranien, Benyamin Nétanyahou s’envolera ce dimanche à destination de Washington afin d’y rencontrer Barack Obama. Autant dire que les deux hommes ne se tomberont pas dans les bras. Ils feront contre mauvaise fortune bon cœur au nom de la raison d’Etat. Signe précurseur de ces retrouvailles glaciales : le chef du gouvernement israélien ne sera même pas logé dans la Blair House, la résidence où sont traditionnellement accueillis les hôtes de marque de la Maison Blanche.
Pourtant, à en croire l’entourage de Nétanyahou, le malaise entre les «deux meilleurs alliés du monde» est terminé depuis quelques semaines. Mais la réalité est différente car l’administration Obama ne pardonne toujours pas au Premier ministre israélien d’être intervenu dans les affaires internes américaines pour tenter d’empêcher la conclusion de l’accord sur le nucléaire entre l’Iran le 14 juillet dernier à Vienne. Pour ajouter au malaise, trois jours avant de s’envoler pour Washington, Nétanyahou a nommé comme responsable national de la communication de l’Etat hébreu un certain Ran Baratz. Ce colon de Cisjordanie a, au fil de ses nombreux posts ravageurs sur sa page Facebook, notamment accusé le président américain d’être «antisémite» et son secrétaire d’Etat, John Kerry, d’avoir la mentalité d’un enfant de 12 ans. Si les deux «cibles» de Baratz n’ont pas officiellement réagi, le vice-président Joe Biden a estimé ces sorties «inadmissibles».
Aides à l’armement
Au-delà d’une poignée de mains crispée devant les caméras, personne n’attend donc grand-chose de la rencontre prévue lundi soir entre Obama et Nétanyahou. Même si les deux hommes en discuteront, la reprise de négociations entre l’Etat hébreu et l’Autorité palestinienne semble en effet exclue. D’autant que «l’intifada des couteaux» se poursuit de plus belle. Certes, Nétanyahou promet de présenter à son interlocuteur un «éventail de mesures susceptibles de calmer les violences sur le terrain» parmi lesquelles l’autorisation de projets d’infrastructure planifiés par l’Autorité palestinienne ainsi que la levée de barrages restreignant la circulation des Palestiniens. Mais le gel de la colonisation ne fait pas partie des décisions attendues, ce qui signifie que les autres sont purement cosmétiques.
En fait, les seules discussions sérieuses entre Nétanyahou et Obama porteront sur le nouvel accord décennal d’assistance militaire américaine à Israël. Car le précédent accord d’une valeur de trente milliards de dollars expirera en 2018 et les deux pays en ont déjà négocié un nouveau dont le montant pourrait atteindre 50 milliards de dollars sur dix ans. C’est dans le cadre de cette aide sans égal dans le monde que l’Etat hébreu pourra acquérir trente-trois chasseurs bombardiers F-35 considérés comme le top du top en la matière, ainsi que de nombreux autres systèmes d’armement sophistiqués que les Etats-Unis ne sont pas pressés de vendre à leurs autres alliés.
Nissim Behar à Tel-Aviv