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« Amnesia », « Une famille à louer »… Les films à voir cette semaine (ou pas)

Le choix de « L’Obs »…

« La Belle Saison », par Catherine Corsini, comédie dramatique française, avec Cécile de France, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky, Kévin Azaïs (1h45).

En ce début des années 1970, Delphine (Izïa Higelin) donne la main à ses parents, exploitants agricoles dans le Limousin. Depuis l’enfance, un garçon lui est promis (Kévin Azaïs, révélé par « Les Combattants »), qui attend timidement qu’elle se décide. Mais Delphine est amoureuse. Amoureuse d’une autre fille, ce qu’en ce temps-là, dans la France profonde, il convient de cacher et de taire.

Cet amour impossible prend fin bientôt. Delphine part alors pour Paris, où elle découvre que des femmes, qui a priori lui ressemblent peu, luttent pour faire valoir leurs droits, s’époumonent dans les amphis, courent à perdre haleine dans les rues, ridiculisent les comportements machistes.

Au premier rang de celles-ci, la blonde Carole (Cécile de France), prof d’espagnol, dont la beauté autant que la liberté affichée subjuguent Delphine. Carole vit avec un homme, elle repousse les premières avances de Delphine, et puis… (…)

Il sort cette semaine…

« Amnesia » par Barbet Schroeder Drame franco-suisse, avec Marthe Keller, Max Riemelt, Bruno Ganz (1h35).

Peu avant la guerre, Martha (Marthe Keller) a fui l’Allemagne. Non pas tant parce qu’elle craignait pour sa vie (elle n’est pas juive) que parce qu’elle n’acceptait pas ce que son pays était devenu. Les années ont passé, mais Martha, qui vit désormais à Ibiza, n’a plus jamais parlé l’allemand, ni bu de vin allemand, ni pris place dans une voiture allemande, ni utilisé quelque matériel allemand que ce fût.

En 1990, un jeune homme vient frapper à sa porte, en quête d’un pansement pour une brûlure à une main : Jo (Max Riemelt) a 25 ans, il s’est posé là pour faire ses gammes de DJ (Ibiza est au centre de la scène de la dance music) et il vient de Berlin. Entre la septuagénaire violoncelliste et le jeune musicien électronique, une complicité naît, qui se transforme peu à peu en amitié.

Dérivé de la personnalité de sa propre mère, le personnage de Martha offre à Barbet Schroeder, de retour dans la maison où jadis il réalisa « More », de retrouver certains des thèmes qui lui sont chers. Ceux, notamment, tournant autour de la question de la responsabilité morale, qui constituèrent la matière de plusieurs de ses documentaires, sur Idi Amin Dada ou Jacques Vergès, mais aussi de quelques-uns de ses films hollywoodiens.

Lorsque déboule dans le film le grand-père de Jo (Bruno Ganz), une longue scène de repas est l’occasion de faire surgir des placards les fantômes qui depuis près d’un demi-siècle y étaient enfermés. C’est alors tout le sens de l’attitude de Martha qui s’éclaire, dans ce qu’elle peut avoir de plus singulier et, peut-on croire jusqu’à cette scène, d’excessif. Dans le rôle de Martha, Marthe Keller rayonne au-delà de toute expression, au point de presque reléguer au second plan le soleil d’Ibiza, auquel pourtant les images de Luciano Tovoli, somptueuses, rendent justice.

C’est raté !

◊ « Une famille à louer », par Jean-Pierre Améris, comédie française, avec Benoît Poelvoorde, Virginie Efira, François Morel (1h36).

Soit un milliardaire solitaire et dépressif (Benoît Poelvoorde), doté d’un chauffeur et valet stylé (François Morel). Quand il remarque à la télévision une chômeuse blonde (Virginie Efira) coupable d’avoir assommé un vigile dans un supermarché au moyen de la volaille dont elle entendait nourrir ses deux mômes, il se met en tête de goûter à la vie de famille. Un contrat de trois mois est signé : il éponge ses dettes et lui sert un an de salaire. En échange, elle l’accueille chez elle.

Ces deux-là s’accorderont-ils (bah oui, quoi, forcément) et, surtout, comment ? Le scénario s’applique laborieusement à différer les réponses, au moyen d’effets prévisibles et de retournements convenus. Tout le monde, acteurs compris, s’est mis pour l’occasion en mode pantouflard. Le spectateur serait bien inspiré d’en faire autant.

Pascal Mérigeau

Dans « La Belle saison », l’alchimie opère

En ce début des années 1970, Delphine (Izïa Higelin) donne la main à ses parents, exploitants agricoles dans le Limousin. Depuis l’enfance, un garçon lui est promis (Kévin Azaïs, révélé par « Les Combattants »), qui attend timidement qu’elle se décide. Mais Delphine est amoureuse. Amoureuse d’une autre fille, ce qu’en ce temps-là, dans la France profonde, il convient de cacher et de taire (même si le film montre aussi, avec toute la discrétion souhaitée, qu’il arrivait qu’à Paris on envoie les homos en hôpital psychiatrique).

Cet amour impossible prend fin bientôt. Delphine part alors pour Paris, où elle découvre que des femmes, qui a priori lui ressemblent peu, luttent pour faire valoir leurs droits, s’époumonent dans les amphis, courent à perdre haleine dans les rues, ridiculisent les comportements machistes.

Au premier rang de celles-ci, la blonde Carole (Cécile de France), prof d’espagnol, dont la beauté autant que la liberté affichée subjuguent Delphine. Carole vit avec un homme, elle repousse les premières avances de Delphine, et puis…

(Pyramide Films)

Dans les sous-bois et les chemins creux

C’est une histoire d’amour au féminin. Une histoire d’amour qui, de Paris, se déplace dans le Limousin, lorsque Delphine se voit contrainte de revenir à la ferme, après qu’un accident vasculaire eut réduit son père à l’immobilité et au silence. Les deux amoureuses s’aiment dans les sous-bois et les chemins creux. Quand la ferme s’endort, Carole se glisse dans le lit de Delphine, qui se lève à l’aube et ose à peine sourire lorsque Carole, chevelure au vent et seins à l’air, entreprend de courser les vaches.

Pour entretenir le feu que le film a allumé, il fallait qu’entre les deux personnages et les deux actrices, si dissemblables de physique et d’esprit, l’alchimie opère : Cécile de France et Izïa Higelin sont magnifiques l’une et l’autre, sous le regard épuisé de Noémie Lvovsky, la mère de Delphine, qui refuse d’apercevoir une réalité qu’elle n’est pas en mesure d’admettre. Il fallait aussi, peut-être et surtout, une sûreté de mise en scène et un doigté exceptionnels : la maîtrise dont fait montre Catherine Corsini n’est jamais affichée, à l’image des sentiments qui unissent les personnages.

La cinéaste ne recule devant rien, il lui arrive même de se porter au-devant des difficultés : on le sait, au cinéma (comme dans la vie…), ce sont les gares qui, souvent, accueillent les scènes les plus déchirantes ; celle qu’a imaginée et dessinée Catherine Corsini est une des plus belles qui soient. A montrer dans les écoles de cinéma.

Pascal Mérigeau

A voir : « La Belle Saison », par Catherine Corsini, comédie dramatique française, avec Cécile de France, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky, Kévin Azaïs (1h45).

Israël lève la détention administrative du Palestinien Mohammed Allan

La Cour suprême israélienne a levé mercredi la mesure de détention administrative pesant sur le prisonnier palestinien Mohammed Allan, en grève de la faim depuis deux mois, tout en soulignant qu’il resterait à l’hôpital en attendant une décision sur son sort. «En raison de l’état de santé du requérant, il va demeurer en soins intensifs», a indiqué la Cour suprême dans son jugement. «Cela signifie que pour le moment, en raison de l’état de santé du gréviste de la faim, l’ordre de détention administrative n’est plus en vigueur».

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Le sort de ce détenu palestinien, qui défie le gouvernement israélien de son lit d’hôpital, était jusque-là entre les mains de la Cour suprême israélienne. Celle-ci s’est penchée à huis clos une bonne partie de la journée sur sa demande de remise en liberté et notamment sur son dossier médical, afin de décider si la détérioration de son état justifiait de le libérer.

Selon son avocat Me Jamil al-Khatb, «d’après le dernier rapport médical, le cerveau est atteint». Chezy Levy, le directeur de l’hôpital d’Ashkélon (ouest d’Israël) dans lequel il se trouve, a confirmé des atteintes cérébrales dues à deux mois de grève de la faim sans rien absorber que de l’eau. «Mohammed a commencé graduellement à perdre le contact avec son environnement, ses propos n’étaient plus cohérents», a-t-il dit à la presse, «ce qui peut indiquer un problème au cerveau». Ces dommages sont peut-être réversibles et sont traités par les médecins, a-t-il dit. «Les dommages en eux-mêmes ne mettent pas sa vie en danger, mais ils s’inscrivent dans un contexte général qui, lui, met sa vie en danger», a-t-il ajouté.

Ultimatum

L’état de Mohammed Allan, en grève de la faim depuis le 18 juin, doit être une raison suffisante pour le libérer immédiatement puisqu’il ne peut pas représenter un danger pour Israël, disent ses soutiens. Israël serait prêt à le libérer si le cerveau a subi des dommages irréversibles, ont rapporté plusieurs médias israéliens. Le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu est conscient que sa mort serait susceptible de provoquer une nouvelle flambée de violence, dans une situation déjà tendue.

Les avocats de Mohammed Allan ont jusqu’alors décrit un homme de 31 ans prêt à aller jusqu’au bout. Tombé dans le coma en fin de semaine passée, il a, dès son réveil mardi, donné 24 heures à Israël pour régler son cas, faute de quoi il cesserait de s’hydrater. Les jours du prisonnier de 31 ans seraient alors comptés.

Mohammed Allan, arrêté en novembre 2014, observe une grève de la faim pour protester contre sa détention administrative. Ce régime d’emprisonnement extrajudiciaire permet aux autorités de détenir un suspect sans lui notifier d’inculpation pendant six mois renouvelables indéfiniment. Les partisans de cette mesure le défendent en invoquant la nécessité de mettre à l’écart des individus présumés dangereux et l’impossibilité, pour des raisons supérieures de sécurité, de rendre publiques certaines preuves retenues contre eux.

Les détracteurs dénoncent la détention administrative comme attentatoire aux droits fondamentaux. Elle est l’un des grands motifs de protestation palestiniens contre les agissements israéliens.

Casse-tête

Selon les services pénitentiaires israéliens, 340 Palestiniens sont actuellement en détention administrative. Nombre de Palestiniens ont observé des grèves de la faim pour dénoncer cette mesure. Le sort de Mohammed Allan mobilise l’opinion palestinienne et représente un casse-tête de plus en plus ardu pour Israël. Le Jihad islamique a prévenu qu’il ne serait plus tenu par la trêve actuelle s’il mourait.

Le gouvernement israélien est cependant soucieux de ne pas paraître céder à un quelconque chantage des prisonniers. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a estimé dans un communiqué qu’une libération de Mohamed Allan «récompenserait sa grève de la faim et risquerait d’encourager des grèves de la faim massives parmi les détenus de sécurité, qui auraient ainsi trouvé un nouveau moyen de faire chanter l’Etat d’Israël».

A défaut d’autre solution, le gouvernement aurait éventuellement la possibilité de prendre une décision susceptible elle aussi de provoquer la colère palestinienne : nourrir de force Mohammed Allan et appliquer ainsi pour la première fois une loi adoptée fin juillet, justement pour parer à de telles situations.

Tunisie : un policier abattu par deux inconnus à moto

Un policier tunisien a été tué mercredi par deux inconnus à moto à Sousse (centre-est), région où a eu lieu en juin la pire attaque jihadiste de l’histoire du pays, a annoncé le secrétaire d’Etat chargé de la sûreté nationale, Rafik Chelly. «Des inconnus ont tiré sur trois policiers qui étaient sur une route. L’un d’eux a été touché, il est décédé à l’hôpital», a affirmé Rafik Chelly, sans pouvoir dire s’il s’agissait d’un attentat jihadiste. «L’enquête est en cours, on ne peut rien dire d’autre», a-t-il dit.

Selon Radio Mosaïque, deux autres policiers auraient été blessés par balles lors de l’attaque.  Selon la télévision nationale Wataniya 1, l’attaque s’est produite «au niveau de la Cité Ezzouhour, dans la ville de Sousse».

Cette attaque intervient moins de deux mois après le massacre perpétré par un étudiant tunisien dans un hôtel de Port El Kantaoui, près de Sousse. Trente-huit touristes étrangers, dont 30 Britanniques, avaient été tués le 26 juin dans cet attentat revendiqué par le groupe Etat islamique (EI). La Tunisie fait face depuis la révolution de 2011 à une progression de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de plusieurs dizaines de soldats et de policiers et de 59 touristes.

À lire aussi En Tunisie, le retour de l’horreur

Le 18 mars, 21 touristes et un policier tunisien avaient été tués au musée du Bardo, à Tunis, dans un attentat lui aussi revendiqué par l’EI.

Elvis Presley : 38 ans après sa mort, 5 raisons pour lesquelles il restera une légende

Elvis Presley dans une scène du film « It Happened at the World’s Fair » (INTERFOTO USA/SIPA).

Aujourd’hui est un jour particulier pour la culture américaine puisque c’est précisément le 16 août 1977 qu’est décédé Elvis Presley.

Riches et intenses, la vie et l’œuvre du King du Rock’n’Roll sont intimement liées à l’histoire culturelle de son pays, qu’il aura marquée, au-delà de ses vingt années de carrière, par sa capacité à interpréter son ivresse et ses doutes à des moments charnière de l’histoire américaine.

Mais au-delà de ses compositions initiales inspirées de publics en quête d’émancipation (femmes, Afro-américains, jeunes), Elvis restera comme celui qui a porté haut les mythes américains du succès, de la chute et de la rédemption, forgé par la religiosité de ses concitoyens et la redoutable industrie du loisir.

Elvis et l’émancipation féminine

Les crooners viennent et vont, et tel a failli être le destin d’Elvis, entré dans l’histoire des États-Unis pour d’autres raisons que son irrésistible sex-appeal. En effet, Elvis et les femmes, ce fut avant tout l’histoire d’un grand malentendu.

Encore ignorantes de « The Second Sexe », paru en anglais seulement en 1953, les groupies désinhibées d’Elvis, si bien symbolisées par Doris Day ou Bunny Paul, succombent à la modernité gestuelle du fils de Tupelo et à ses mélodies sirupeuses (« Love me tender », « A Big Hunk of Love ») et facticement émancipatrices, qui leur donnaient une impression d’emprise sur les hommes (« Don’t Leave Me Now »), joyeusement réduits à l’état de joujou (« Teddy Bear »).

Or, cette communion n’a pas duré et elle a même rapidement connu des couacs, à mesure que s’affirmait le second-wave feminism (Betty Friedan) et qu’Elvis s’échinait à reproduire des formules certes savoureuses (« Girls ! Girls ! Girls ! »), mais si peu en prise avec la nouvelle réalité féminine du National Organisation for Women (NOW).

Certes, le renouvellement de ses thèmes (la libération sexuelle avec « I Really Don’t Want to Know », la séparation avec « Always On My Mind »), liés à ses propres turbulences personnelles ont permis à Elvis de se rapprocher de son fidèle public devenu adulte.

Mais pour les jeunes générations, Elvis était désormais surtout un chanteur à voix sans issue, incapable de saisir les expressions artistiques des nouvelles icônes féminines (Carol King, Patti Smith) et androgynes (Mercury de Queen, Ziggy Stardust de Bowie).

Une passion pour le Rythm and blues

Pareil constat d’amours en pente douce quand on évoque la relation d’Elvis à ses fans afro-américains. Elvis a effectivement toute sa vie chanté sa passion pour le Rythm and blues et le gospel de son Mississippi natal (« There’ll be pace in the valley », « Cottonfields ») et il a souvent été vu comme un des principaux vulgarisateurs de la musique noire.

Il s’est aussi longtemps entouré de musiciens (The Jordanaires, The Imperials) et de compositeurs noirs (Ottis Blackwell pour « Don’t Be Cruel »), et n’a pas hésité à réinterpréter des standards (« Down By The Riverside ») et des succès plus récents comme « I Got a Woman » (Ray Charles), « Shake Rattle and Roll » (Big Joe Turner) ou « Good Rockin Tonight » (Roy Brown).

Toutefois, et sans préjuger de la sincérité de sa démarche artistique, il demeure que la question noire fut aussi, pour Elvis et surtout ses producteurs, une opportunité commerciale. Durant la seconde moitié des années 1950, la condition de la communauté afro-américaine commence à s’améliorer, rythmée par des crises profondes (Montgomery en 1955, Little Rock en 1957) et des avancées historiques (Brown v. Board of Education of Topeka).

Or, les producteurs pressentent le potentiel des nouveaux consommateurs et c’est donc logiquement que toute l’industrie musicale se met au diapason, sans jamais parler de politique. Une fois cette vague passée, Elvis se recentre, à la fin de sa carrière, sur la production la plus vendeuse, c’est-à-dire la country populaire qu’affectionne tant son fidèle public blanc, vieillissant, mais aisé.

Elvis, roi des affaires

Davantage que la cause féminine ou la ségrégation raciale, la première raison de la perpétuation du mythe d’Elvis tient à la capacité des gestionnaires du label à créer et à alimenter le mythe. Pour nombre de compatriotes, Elvis, c’est d’abord la figure du self-made man, né dans le Sud profond au sein d’une famille modeste.

C’est aussi, pour les jeunes générations d’alors, le représentant de la jeunesse libertaire passionnée d’automobile (« Sur la route », 1957) et de cinéma (Monroe, Dean, Brando). Compagnon de route de l’industrie du loisir des années 1950 (McDonald’s et Disneyland ouvrent en 1955), Elvis apparaît surtout comme une mythologie barthésienne destinée à vendre du rêve (et de la musique), au risque d’y perdre, pour paraphraser Marcuse, toutes ses dimensions.

La télévision joue un rôle essentiel dans cette opération de communication en conférant à Elvis son statut définitif de star nationale (Ed Sullivan Show) voire internationale (« Aloha From Hawaii »), malgré des apparitions scandaleuses (Milton Berle Show) ou outrageusement aseptisées (Steve Allen Show) et des non-apparitions tout aussi marquantes (les trois conversations téléphoniques de l’American Bandstand).

Aujourd’hui encore, les affaires du King continuent de rouler puisqu’Elvis a vendu, depuis sa mort, presque autant d’albums que de son vivant et Graceland est encore la deuxième résidence privée la plus visitée aux États-Unis, après la Maison Blanche (500.000 visiteurs annuels).

Les valeurs éternelles de l’Amérique

38 ans après, Elvis continue aussi de marquer l’imaginaire de ses concitoyens parce que sa musique, simple et réconfortante, aura servi de catharsis en abordant des thèmes chers à la société en crise existentielle dans les années 1970.

Elvis a d’abord célébré la famille, à travers le triptyque des parents aimants (« Don’t Cry Daddy », « My Boy »), des rassemblements familiaux (« Elvis Sings the Wonderful World of Christmas ») et du doux foyer (« Graceland »). Et qu’importe si, au même moment, le législateur autorisait l’avortement (Roe vs Wade) et que les vicissitudes du crooner divorcé rappelaient celles d’Archie Bunker (« All in the family ») et préfiguraient celles de Ted Kramer (« Kramer vs Kramer »).

La sublimation de la patrie et la religion ont été les deux autres faces de la trinité sémantique si chère aux Américains. Elvis a toujours déclaré sa flamme à son pays, que celle-ci eût une coloration civique (service militaire à Friedberg), patriotique (« GI Blues ») ou terrienne (« Green Green Grass of Home »).

Légèrement teintées de naïveté (« America the Beautiful ») voire de pathos (« An American Trilogy »), les mélodies d’Elvis tranchent radicalement de l’enthousiasme viral de la côte Est qui chante « New York, New York » de Lisa Minelli à la même période.

Idem de la religion, invitée en force durant la décennie indubitablement kierkegaardienne d’Elvis, avec un second album de Noël et surtout un troisième album de gospel en 1972 (« He touched me ») qui fera des émules auprès des musiciens Born Again folk (Bob Dylan) et country (Johnny Cash).

Il est ancré dans la mémoire collective

Outre la nostalgie pour la mythique décennie eisenhowerienne, l’élément qui a définitivement ancré Elvis dans la mémoire collective américaine a été la connexion que ce dernier a su rétablir avec l’Amérique déstructurée et bientôt déconstruite de la fin des années 1960, une fois surmontées la radicalisation politique (assassinats de JFK, de Martin Luther King, Black Panthers, Mouvement des droits civiques) et la contre-offensive culturelle européenne (British Invasion) des années 1963-68.

L’Elvis alourdi et ringardisé des années 1970, si étranger à l’intellectualisme du rock prog (Pink Floyd) et à la rage punk (Stooges, Ramones), sert en effet, peut-être malgré lui, de point d’ancrage pour une Amérique ankylosée par le doute et qui, à la veille de son bicentenaire (1976), préfère se pencher sur son passé (« The Roots » d’Alex Haley) plutôt que de regarder vers l’avenir.

Avec ses rafraîchissants « Blue Hawaii » et « Viva Las Vegas » d’autrefois, et les graves chansons d’aujourd’hui (« In The Ghetto »), Elvis apporte du réconfort à une Amérique qui voit les piliers de sa puissance vaciller (Conférence de la Jamaïque, Watergate, Viet Nam), et ses repères se brouiller (Mission Soyouz-Apollo, Feminist Sex Wars).

Livrée à des mises en perspective à 360 degrés (« Black Holes » de Stephen Hawking), l’Amérique a ainsi fortement besoin du King et le bon vieux roi accepte cette charge quasi christique, jusqu’à sa sortie de scène, le 16 août 1977.

PHOTOS. Les plus gros tubes soupçonnés de plagiat :

Sharon Stone : la tête et les jambes

Elle avait oublié sa petite culotte en coton blanc, dit-elle. C’est donc par pur hasard que la caméra a entrevu l’origine du monde. Ben voyons. Il a quand même fallu éclairer, cadrer, maquiller, sonoriser pour faire ce plan de « Basic Instinct » qui transforma en points d’exclamation nombre de virgules dans les salles de cinéma.

C’est ainsi que Sharon Stone est devenue instantanément célèbre en 1992 : en une image de sourire vertical.

Une bomba atomica

Désirée, sollicitée, invitée, absolument craquante, Sharon Stone se promène désormais de maison de couture en gala de bienfaisance, en fashionista dévouée et ambassadrice de la mode, et, à 57 ans, est plus sexy que jamais. Elle est la preuve qu’avec un peu d’argent (enfin, disons un peu beaucoup), de gymnastique, de retouches, une femme peut éviter de devenir la Mère Denis avec l’âge. Sharon Stone était une bombe conventionnelle il y a vingt-trois ans. Elle est devenue une bomba atomica aujourd’hui. Allumeuse, va…

Sur le tournage de « Diabolique », en 1996, elle était couvée du regard par son père et sa mère : le vieux monsieur avait été mécano toute sa vie, et son épouse, comptable. Tableau de genre : les techniciens avaient tous les yeux grands comme des phares de bus sur le tournage (moi aussi) devant Sharon Stone, tandis qu’elle bavardait avec papa Joseph, en tenant la main de maman Dorothy, à l’ombre des sapins de Pennsylvanie.

L’autre star du film, Isabelle Adjani, était simplement gommée, réduite à de la figuration. Le film fut un échec : Sharon Stone en sortit grandie, prête à tourner d’autres médiocrités. Elle les collectionne, c’est d’ailleurs la marque distinctive d’un club fermé de créatures de rêve (Gina Lollobrigida, Raquel Welch, Diana Dors, Ursula Andress, Carroll Baker, Mamie Van Doren, et ma favorite : Irish McCalla) : le nanar est au sex-symbol ce que l’engrais est à la carotte. Un booster.

Boulimie, déprime…

Dans son premier film, « Stardust Memories » (1980), réalisé par Woody Allen, Sharon Stone joue une fille dans le métro. Dans son deuxième, « la Ferme de la terreur », elle est assassinée rapidement. Dans « Allan Quatermain et les mines du roi Salomon » (1985), elle fait pencher la balance du légendaire souverain. Citons encore « Police Academy 4 » (1987), où elle porte des bretelles noires sur un tee-shirt blanc moulant. Bimbo de service, donc.

Sur le plateau d’ »Allan Quatermain et la cité de l’or perdu », en Afrique, le blues la saisit. Elle doit alors jouer une scène avec un lion pauvret, face à des sauvages passés au cirage et armés de lances en polyuréthane : que fait-elle là ? Elle sombre dans la boulimie, grossit, prend des amants, déprime.


De retour à Hollywood, on lui soumet un étrange scénario : toutes les actrices en vue l’ont déjà refusé. Sharon Stone est la dernière de la liste. Faute de mieux, elle accepte. Le metteur en scène, Paul Verhoeven, avec qui elle a tourné « Total Recall », est un caractériel. Le scénariste, Joe Eszterhas, est réputé pour planter des kriss malais dans les murs quand on le contredit. Peu importe : le résultat est spectaculaire :

Avant la projection de ‘Basic Instinct’, je n’étais personne. Quand j’en suis sortie, il y avait déjà une foule devant chez moi, et mon jardin était envahi… »

Tout change : avec le personnage de Catherine Tramell, elle devient superstar en deux minutes. Le soir même de la première, sa maison est assiégée. Deux émirs du pétrole l’invitent à dîner dans le désert, avec un avion à disposition. Dix types avec la langue pendante sont arrêtés, le lendemain, dans son potager ; un homme nu est retrouvé dans sa cuisine. Une semaine plus tard, Sharon Stone provoque le plus gigantesque embouteillage de l’histoire de New York : elle met deux heures à traverser la 5e Avenue. Les glaces de Häagen et les sorbets de Dazs fondent sur son passage.

Aujourd’hui, elle est célèbre parce qu’elle est célèbre. Trente-cinq films après « Basic Instinct », que des nanars (sauf « Casino », de Scorsese, et « Broken Flowers », de Jarmusch) : de « Sphere » à « Largo Winch 2 » en passant par « la Gorge du diable » (une allusion aux bretelles ?) ou « Alpha Dog », elle accumule les scénarios débiles, les polars pourris, les comédies poussives et même « Basic Instinct 2 », en 2006, a été un flop.

Et pourtant, Sharon Stone fait rêver : son ex-mari, le journaliste Phil Bronstein, a été l’homme le plus envié de la planète. Ses compagnons, dans les soirées élégantes, sont transformés en pelotes d’épingles dans des bodegas vaudoues de Brooklyn. Nombre de femmes la haïssent, c’est bon signe.

Dans les magazines de mode, elle porte des « petites robes toutes simples » qui carbonisent la page. Elle fait de la publicité pour un parfum, de la promotion pour la Voie du Bouddha, envoie des moustiquaires en Tanzanie, soutient la lutte contre le sida et n’hésite pas à apporter ses propres armes – un fusil à pompe Mossberg, deux Beretta et un Glock – au commissariat au nom de la lutte pour le gun control.

QI de 142

Le gouvernement chinois a interdit les photos de Sharon Stone – encore un bon signe – sous prétexte qu’elle a fait des déclarations déplaisantes lors du tremblement de terre du Sichuan, en 2008. De quoi est-elle coupable ? D’avoir qualifié le dalaï-lama de « bon ami ». Je connais quelques admirateurs qui seraient ravis de cette étiquette. Ils ne comprennent décidément rien, à Pékin.

Pendant longtemps, une rumeur a couru : Sharon Stone, titulaire d’un QI de 142 (Einstein : 170 ; Voltaire : 170 ; Goethe : 210 ; Nadine Morano : euh…), aurait fait partie du Mensa, club de surdoués d’exception comprenant plus de 100.000 membres, avec une forte concentration en Irlande (Guinness is good for you). C’était faux : l’actrice l’a démenti elle-même (en robe Dolce & Gabbana).


On l’a vue, récemment, dans des rôles à contre-emploi : mule (porteuse de drogue) dans « Border Run », mère d’une actrice porno dans « Lovelace », cliente d’un escort boy dans « Apprenti Gigolo ». Dans ce dernier film, on la contemplait en guêpière noire et talons hauts Louboutin et, ma foi, elle était… top belle de la mort.

Six fois nominée et quatre fois lauréate aux « Razzie Awards » (prix de la pire actrice), Sharon Stone a quand même tourné, récemment, un film étonnant : « Gods Behaving Badly », comédie mythologique molle où elle interprète Aphrodite. Le titre du film est éloquent. Traduisons : « Les dieux se comportent mal ». Face à Sharon Stone, on les comprend. Je ferais pareil, garanti.

Diffusion de « Casino », de Martin Scorsese, le 27 août, à 14h55, sur Ciné+ Frisson (en multidiffusion).

Brésil: des dizaines de milliers de manifestants contre Dilma Rousseff

Des dizaines de milliers de Brésiliens ont manifesté dimanche pour réclamer de nouvelles élections ou la destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff, embourbée dans une triple crise économique, politique et de corruption.

Les organisateurs – des mouvements citoyens de droite soutenus par une partie de l’opposition – ont appelé à manifester dans plus de 200 villes du géant émergent d’Amérique latine. Ils espéraient mobiliser autant que lors des journées de protestations similaires de mars (au moins un million de manifestants) et avril (600 000).

A lire aussi Le reportage de notre correspondante «Dilma Rousseff, l’heure des comptes»

Mais en début d’après-midi, la mobilisation semblait moindre. Les manifestants étaient entre 137 000 (police) et 225 000 (organisateurs), selon des décomptes provisoires qui allaient enfler dans la journée, notamment avec la manifestation de Sao Paulo, fief de l’opposition et ville la plus peuplée du pays avec 11 millions d’habitants. 

Souvent vêtus du maillot vert et jaune de la «Seleçao» de football, les anti-gouvernement ont protesté dès le matin dans la capitale Brasilia (centre), à Belo Horizonte (sud-est), Recife (nord-est), Salvador de Bahia (nord-est) ou Belem (nord). Arborant des pancartes portant les inscriptions «Dehors Dilma!» et «Non à la corruption!», au moins 25 000 personnes ont défilé à Brasilia, entre l’Esplanade des ministères et le Congrès des députés. «Nous allons protester jusqu’à la fin. Jusqu’à ce que la présidente tombe. Elle doit s’en aller définitivement et laisser ce pays en paix et libéré de cette mafia du PT», a déclaré à l’AFP Patricia Soares, une fonctionnaire de 43 ans.

«Nous allons déloger ces merdes du pouvoir»

A Rio de Janeiro, qui accueillera dans un an les Jeux Olympiques, le parcours de l’épreuve test de cyclisme a été en partie modifié pour permettre une manifestation le long de la plage de Copacabana. Les manifestants ont chanté l’hymne brésilien à pleins poumons. Avant d’entonner en cœur: «Dehors Dilma! Ici c’est le Brésil, pas le Venezuela. Olé, Olé, Olé, nous ne sommes pas communistes, nous sommes patriotes, nous allons déloger ces merdes du pouvoir!».

Le président du Parti social démocrate brésilien (PSDB) et rival malheureux de Dilma Rousseff à la présidentielle de 2014, Aecio Neves, a pour la première fois appelé ses militants à se joindre aux cortèges. «Assez de tant de corruption, mon parti est le Brésil», a déclaré M. Neves, en participant à la manifestation de Belo Horizonte, dans son Etat de Minas. 

Dilma Rousseff, 64 ans, qui a entamé son deuxième mandat en janvier après une difficile réélection fin octobre, a vu en quelques mois sa popularité chuter brutalement à un niveau historiquement bas de 8%. Elle est confrontée à une triple tempête: la récession économique qui l’a conduite à adopter des mesures d’austérité impopulaires; les révélations dévastatrices du scandale de corruption autour du géant public pétrolier Petrobras qui éclabousse son Parti des travailleurs (PT) et d’autres partis alliés; enfin, une crise politique aiguë qui menace de faire voler en éclats sa fragile majorité parlementaire.

L’ex-guerillera torturée sous la dictature militaire a récemment affirmé qu’elle ne cèderait «ni aux pressions ni aux menaces», rappelant qu’elle tenait sa légitimité du vote populaire.

Sous la menace de deux procédures

Dilma Rousseff est sous la menace potentielle de deux procédures, même si la plupart des juristes estiment que les conditions ne sont pas réunies pour entraîner sa chute. Le Tribunal des comptes de l’Union (TCU) doit juger prochainement si son gouvernement a enfreint la loi en 2014 en faisant payer aux banques publiques des dépenses incombant à l’Etat. Une décision négative pourrait entraîner le lancement d’une procédure de destitution. 

Celle-ci n’aboutirait que si elle recueillait les votes de deux tiers des députés. Dans ce cas, c’est le vice-président Michel Temer, président du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) qui assumerait le pouvoir jusqu’aux prochaines élections en 2018. Le Tribunal suprême électoral devra, lui, déterminer si les comptes de campagne de la présidente ont été contaminés par de l’argent détourné de Petrobras. Cela pourrait entraîner en théorie l’annulation des élections de 2014 et la convocation d’un nouveau scrutin.

Dans la ligne de mire du président du Congrès des députés Eduardo Cunha (PMDB), qui lui a infligé de douloureux revers au cours du premier semestre, Dilma Rousseff a reçu une bouffée d’oxygène la semaine dernière en obtenant le soutien du président du Sénat Renan Calheiros, membre également du PMDB, le puissant allié centriste du PT qui a désormais un pied dans la majorité et un autre dans l’opposition.

Le régime syrien fait 82 morts dans des bombardements près de Damas

Au moins 82 personnes, en majorité des civils, ont été tués dimanche par des frappes aériennes du régime de Bachar al-Assad sur un fief rebelle près de Damas, la coalition de l’opposition en exil dénonçant un «massacre». Cette attaque, qui a fait également 250 blessés, survient en pleine visite à Damas du responsable de l’ONU pour les affaires humanitaires.

Un photographe de l’AFP sur place a décrit l’attaque comme étant la pire qu’il ait couverte à Douma, une ville située dans la région de la Ghouta orientale, principal fief des rebelles dans la province de Damas assiégé et régulièrement pilonné par les forces du régime. Il a décrit des habitants affolés emmenant dans un hôpital de fortune un grand nombre de blessés qui, faute de place, devaient parfois être soignés à même le sol. Le sol était recouvert par endroits de dizaines de cadavres alignés. Des enfants ensanglantés criaient. Une vidéo mise en ligne dimanche par des militants montre une scène de dévastation à un carrefour où l’on peut voir des véhicules calcinés au milieu des gravats. Plusieurs façades d’immeubles se sont effondrées.

L’armée de l’air a frappé Douma, une ville située à 13 km au nord-est de Damas et presque quotidiennement meurtrie par des raids aériens, principale arme du régime contre les insurgés. «Le régime a frappé six fois sur un marché populaire dans le centre de Douma et quatre fois dans les environs. Il y au moins 82 morts et plus de 250 blessés», a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui dispose d’un large réseau de sources à travers la Syrie.

«Après la première frappe, les gens se sont rassemblés et les autres frappes ont suivi», a-t-il expliqué, précisant que de nombreux blessés se trouvaient dans un état grave. «Il s’agit d’un massacre délibéré», a affirmé Rami Abdel Rahmane, précisant que la majeure partie des victimes étaient des civils. «Assad commet un nouveau massacre à Douma, en visant un marché bondé», a dénoncé pour sa part la Coalition de l’opposition syrienne en exil sur Twitter. 

«Crimes de guerre»

Mercredi, un rapport d’Amnesty international avait accusé le gouvernement syrien de commettre des «crimes de guerre» dans cette région, parlant d’«attaques directes, aveugles et disproportionnées». Les frappes de dimanche coïncident avec la visite du patron des affaires humanitaires de l’ONU, Stephen O’Brien, sa première en Syrie. Arrivé samedi, O’Brien a affirmé qu’il venait «évaluer les besoins du peuple syrien afin de lui offrir de l’aide humanitaire», selon la traduction en arabe de l’agence officielle syrienne Sana.

Stephen O’Brien avait souligné samedi sur Twitter l’engagement des Nations unies à poursuivre leur «soutien aux efforts humanitaires en Syrie», pays qui compte au moins 7,6 millions de déplacés sur son territoire et 422 000 civils assiégés par les belligérants, selon l’ONU. Selon des déclarations rapportées par Sana, le responsable a affiché sa détermination à éviter toute politisation du dossier humanitaire en Syrie, où le conflit entre régime, rebelles, jihadistes et Kurdes a fait plus de 240 000 morts en quatre ans, selon une ONG. Plus de quatre millions de Syriens ont fui le pays depuis 2011.

Dans la province de Homs (centre), au moins 27 combattants de l’opposition et 15 membres des forces gouvernementales ont été tués dans des combats depuis samedi autour du village de Tasnine, selon l’OSDH. Par ailleurs, les négociations entre rebelles et forces pro-régime – impliquant notamment des médiateurs iraniens et le Hezbollah libanais – pour mettre fin aux combats dans trois localités du nord et du centre du pays ont échoué samedi.

Un accord devait permettre à 50 000 civils d’évacuer Foua et Kafraya, deux villages chiites du nord-ouest aux mains du régime, en échange de la sortie de rebelles de Zabadani, dernière place forte des insurgés près de la frontière avec le Liban. Mais après une trêve qui a tenu trois jours, les négociations se sont arrêtées, les insurgés réclamant en plus la libération de milliers de prisonniers, ce que refuse le régime. Les affrontements se poursuivaient dimanche, selon l’OSDH. 

La prise de Zabadani permettrait au régime de sécuriser le long de sa frontière avec le Liban. Pour les rebelles, le contrôle de Foua et Kafraya consacrerait leur mainmise totale sur la province d’Idleb.

La playlist à écouter au bureau (quand les collègues sont en vacances)

L’open space n’a jamais paru si… spacieux. Vous avez déjà trié votre bureau trois fois. Vous avez monté et baissé la clim 14 fois depuis ce matin. Même vous asseoir dans le fauteuil du boss ne vous amuse plus… Quant à Bison Futé, il vous laisse complètement de marbre. Le « traditionnel chassé-croisé » des juillettistes et des aoûtiens, vous l’avez observé à la machine à café (et il n’y avait aucun embouteillage). Les médias nient complètement l’existence de l’octobriste et du janviériste que vous êtes au fond de vous. Et surtout, surtout, vos différentes timelines ne font que vous rappeler, heure par heure, que n’importe qui au monde passe un meilleur été que vous.

Quand des canards passent un meilleur été que toi… https://t.co/0nwNzfLOr3

— ZylewR (@ZylewR) 13 Août 2015

Bref, comme nous, vous passez le mois d’août au bureau. Pas de panique, la situation a aussi ses avantages. Luxe des luxes, vous pouvez notamment accompagner vos efforts estivaux en écoutant la musique aussi fort que vous voulez, tout en laissant s’il le faut libre cours à vos passions inassumées pour la variété des années 60, les génériques de dessins animés ou le jazz fusion.

Halte-là. Avant de vous lancer dans des choix inconsidérés, jetez d’abord un œil à notre playlist spécialement pensée pour ce cas de force majeure.

Bon, on n’est pas mal, là, finalement ? Cette playlist est également disponible en intégralité sur Spotify ou Deezer afin que vous puissiez la réécouter à l’envi.

Sur Spotify :

Sur Deezer :

Bon mois d’août à tous ! (et même aux autres)

La rédaction

PHOTO. Brejnev et Honecker, le baiser torride de la Guerre froide

Cet été, « l’Obs » revient sur les photos qui ont marqué l’histoire. A la une des journaux, dans les pages de nos livres d’école, voire arborées fièrement sur nos t-shirts, elles ont fait le tour du monde. Mais connaissez-vous l’histoire secrète de ces clichés mythiques ?

Que montre la photo ?

5 octobre 1979, Berlin. C’est le trentième anniversaire de la République démocratique allemande. Une occasion importante en pleine guerre froide, saisie par le régime communiste en place pour faire défiler chars, missiles et autre arsenal militaire. En cette journée de parade, l’invité d’honneur est Leonid Brejnev, éminente figure de la Russie communiste. Ce soir-là, tous les journalistes sont parqués dans la résidence des invités d’honneur au nord de Berlin. « Nous devons alors nous farcir ces longs discours ennuyants, suivis d’échanges de médailles et de baisers fraternels à la russe », témoigne Régis Bossu, le photographe. « J’ai une très mauvaise place derrière les têtes de mes collègues mais, comme la plupart des autres photographes, je ne peux utiliser un grand angle ». Lorsque les lèvres des deux hommes fondent pour ne faire qu’un, Régis Bossu zoome sur les visages et déclenche l’un de ses appareils, en noir et blanc, puis réitère avec son autre appareil, en couleurs.

Il vient alors de créer une image qui va faire le tour du monde. Son agence de photographies, Sygma, diffuse sa photographie, qui fait en France directement la couverture de l’hebdomadaire d’actualité «  »Paris-Match » ». Dans son journal, le photographe Régis Bossu écrit :

Ce très chaud baiser ne pouvait que faire fondre une guerre froide, n’est-ce pas ?

Mais quelque part en Europe, Dimitri Vrubel, un artiste russe encore inconnu, met la main sur cette double page de « Paris-Match ». Frappé par la scène, il se jure de la reproduire un jour sur un grand mur. Dix années plus tard, son rêve se réalise. Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombe. Dans une initiative spontanée, une longue portion de mur conservé est choisie par une centaine d’artistes afin d’immortaliser leurs œuvres. Sur plus d’un kilomètre, c’est la création de la ESG : East Side Gallery. Immédiatement, le Baiser de Dimitri Vrubel, peint sur 15 mètres carrés, devient la fresque phare de cette attraction, rapidement devenue incontournable aux visiteurs du nouveau Berlin en pleine métamorphose. Tous les touristes se font photographier devant « Le Baiser – The kiss – Der Kuss – El Beso ». C’est par hasard que le photographe à l’origine de cette image découvre son œuvre reprise par le peintre Dimitri Vrubel sur la East Side Gallery.

Devant l’œuvre, il se sent « quelque peu flatté, mais sans plus ». C’est réellement en 2009 que le photographe sort de l’ombre, alors qu’un événement est organisé pour le 20e anniversaire de la chute du mur. Enfin, c’est la rencontre entre le photographe à l’origine de cette image et le peintre qui lui a donné une seconde vie. L’auteur de la photographie possède un nom et un visage, les interviews pleuvent. Les dessous de l’image sont fouillés. Dans le journal « Die Wel »t, une phrase du Général Jaruzelski, homme politique communiste polonais, complète l’image : « J’ai échangé de nombreuses embrassades avec Honecker, il avait une manière dégoûtante d’embrasser ». Cette photo est également mise à côté des autres baisers célèbres, tel celui de l’Hôtel de Ville de Robert Doisneau.

Partie plus méconnue de cette image : son influence sur la publicité. En 2011, la campagne « UNHATE » de United Colors of Benneton fait fureur. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy s’embrassant sur la bouche, comme le Pape Benoît XVI et l’Imam de l’université Al-Azhar au Caire, sont des images qui créent la polémique. Ces publicités sont directement inspirées de la photographie prise par Régis Bossu en 1979. Après cette campagne, Régis Bossu raconte en riant qu’il a rencontré un Américain, persuadé que sa photographie était un trucage tiré de ces publicités.

Qui est le photographe ?

Régis Bossu est un photographe français, né à Verdun, qui a couvert la majorité de sa vie l’actualité en Allemagne pour l’agence Sygma. Il a également couvert l’international pour l’agence Sygma, comme les funérailles de l’Ayatollah Khamenei. Il partage maintenant son temps entre la Meuse d’où il est originaire et l’Allemagne.

Louis Witter

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