À voir
● L’Opéra, documentaire de Jean-Stéphane bron, 1h50.
Après avoir parcouru la ville de Cleveland dévastée par la crise des subprimes dans Cleveland contre Wall Street, et suivi le leader national-populiste suisse Christoph Blocher dans L’Expérience Blocher, Jean-Stéphane Bron explore l’Opéra de Paris. On n’attendait pas le très politique documentariste suisse dans ce temple de l’art lyrique et de la danse, qu’il avoue d’ailleurs ignorer.
Le documentaire permet de montrer à la fois la complexité du fonctionnement (dans ses aspects politiques, sociaux, techniques, artistiques), et la synergie des talents et des positions individuelles, ordonnés à une réussite commune. Il décortique l’institution, sans se perdre dans l’analyse ou la critique, et sans oublier l’élan qui unit tant de personnalités et d’activités disparates. Les spécialistes y trouveront matière à discuter, les profanes se laisseront guider par la curiosité et par la dynamique formidable du film, qui fait tout converger vers l’excellence de la représentation. Au-delà des conflits de tempéraments ou d’intérêts, il y a un esprit, une passion, un souffle qui fait monter l’ensemble. Beau voyage.
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● Le Serpent aux mille coupures, thriller d’Éric Valette, 1h46.
À Moissac, en Tarn-et-Garonne, un soir d’hiver 2015. Un motard blessé (Tomer Sisley, taciturne, sournois, tendu comme un arc) quitte les lieux après un carnage. Un paysan pas très net a assisté à la scène. Lui qui voulait dégrader la vigne d’un fermier noir mal intégré a vu dans les phares jaunes d’une voiture des choses qu’il n’aurait pas dû… Le mystérieux fuyard trouve refuge dans une ferme et prend en otage la famille, le temps que l’affaire se tasse. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il a déclenché une série d’événements qui vont revenir vers lui comme un boomerang.
Le Serpent aux mille coupurespossède ainsi la violence sèche et nerveuse des bons polars noirs à la française. On sort du film secoué, non par la violence des personnages, mais parce qu’on sent un calme désespoir, une élégante désillusion chez Valette. À travers la boue, le sang, la mort et le mensonge, le cinéaste donne sa vision de la France d’aujourd’hui. Qui n’est pas nécessairement optimiste.
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● Corporate, drame de Nicolas Silhol, 1h35.
Nicolas Silhol aborde le harcèlement en entreprise sans concession. Un thriller magistral. Il aura mis entre quatre et cinq ans pour écrire le scénario. L’intrigue est efficace. Émilie Tesson-Hansen (Céline Sallette) est chef des ressources humaines dans une entreprise où le rendement importe avant tout. Pour son premier long-métrage, Nicolas Silhol brosse le portrait d’une femme «froide, antipathique et opaque» qui évite les conflits. Jusqu’au suicide, juste devant son bureau, d’un employé qu’elle avait refusé de recevoir à plusieurs reprises. L’arrivée d’une inspectrice du travail (Violaine Fumeau) va déstabiliser sa belle assurance.
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● Les Mauvaises herbes, comédie de Louis Bélanger, 1h47.
L’histoire d’une amitié improbable entre un cultivateur de cannabis et un acteur de seconde zone dans le froid hiver canadien. Une comédie singulière, burlesque et émouvante racontée par… un non-fumeur.
● La Vengeresse, animation de Bill Plympton, 1h11.
Dans une Amérique gangrenée par le vice, Face de Mort, ancien catcheur devenu sénateur, engage des chasseurs de prime pour retrouver la jeune Lana. Celle-ci détiendrait un objet susceptible de détruire définitivement ses ambitions présidentielles… Une satire de l’Amérique post-Trump qui brille autant par sa folie outrancière que par son incroyable poésie.
À essayer
● Parfaites, documentaire de Jérémie Battaglia,1h18.
Ce long-métrage suit l’entraînement de l’équipe nationale canadienne de natation synchronisée en lice pour les Jeux olympiques de Rio. Le réalisateur lève le voile sur une discipline méconnue et rend hommage à la persévérance des sportives. Sans esbroufe, honorable.
● Les Schtroumpfs et le village perdu, animation de Kelly Asbury, 1h30.
Nos chers petits lutins bleus retrouvent l’animation, ainsi que leur forêt préférée. La Schtroumpfette est l’héroïne de ce film plein d’allant, rythmé, drôle et émouvant.
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● L’École des lapins, animation d’Ute von Münchow-Pohl, 1h16.
Pâques, ses cloches et ses œufs, une tradition qui compte aux yeux de Max. Ce lapin des villes se retrouve coincé dans une école pour lapins. Comme il est débrouillard et vif comme l’éclair, il se voit chargé de la délicate mission de sauver la fête annuelle. La petite Emmy et Madame Hermione vont l’aider. Présenté à la 67e Berlinale en février dernier, ce dessin animé aux couleurs vivifiantes est recommandé dès 4 ans.
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● Les P’tits Explorateurs, animation de 5 réalisateurs, 49min.
Le programme de courts-métrages animés proposé par le studio Folimage permet aux plus petits de découvrir les aventures hautes en couleur de quatre jeunes héros autour du thème de la différence et de la tolérance: Chemin d’eau pour un poisson, Le Renard minuscule, La Cage et Clé à molette, une histoire d’amitié entre un enfant sourd et solitaire et un petit robot tombé du ciel. E. T. n’est pas très loin! À partir de 4 ans.
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À éviter
● United States of love, drame de Tomasz Wasilewski, 1h46.
Tomasz Wasilewski filme quatre femmes dans la Pologne de 1990. Elles sont des victimes, les hommes sont des salauds. Sous couvert de féminisme, un regard glauque et complaisant.
● La Consolation , drame de Cyril Mennegun, 1 h 20.
En 2012, le réalisateur nous avait emballés avec Louise Wimmer, incarnée par la même Corinne Masiero. Cette fois, c’est un sentiment de désolation qui nous envahit. Que croit-il dire avec cette histoire de deuil filmée avec une prétention qui n’a d’égale que l’ennui qu’elle suscite.
Le nanar de la semaine
● Power Rangers, aventure de Dean Israelite, 2h04.
Fallait-il pousser la nostalgie aussi loin? On est en droit de se le demander devant la laideur abyssale de ce remake de la série culte des années 1990. Des héros bariolés à la «méchante» qu’ils devront combattre, tous les personnages semblent sortis d’un mauvais épisode de Xena, la guerrière. Passé le choc esthétique produit par l’étalage de kitsch, le spectateur est tenu de s’apitoyer durant deux heures sur le sort de cinq jeunes dont les préoccupations quotidiennes ne lui feront pas regretter d’avoir définitivement quitté l’adolescence. Reste la bande-son, agréable, et une bataille finale d’anthologie qui rappellerait presque les belles heures de la série dont le réalisateur, Dean Israelite, prétend s’inspirer.