Où étaient-elles fourrées ? Moranbong Band, le groupe musical le plus célèbre de Corée du Nord, ne donnait plus de signe de vie depuis une apparition télévisée début juillet. Un mois plus tard, les sites sud-coréens qui tentent de décrypter l’opaque réalité du voisin communiste commençaient à s’inquiéter : qu’est devenu ce collectif d’une douzaine de femmes ? Sont-elles tombées en disgrâce pour une fausse note ou un mot de travers ? Pire : les a-t-on passées par les armes, comme plusieurs membres de l’orchestre philharmonique Unhasu, en 2013 ? L’apparition simultanée d’un groupe féminin concurrent, Chongbong Band, confirmait les pires craintes.
Lundi, la coréosphère a poussé un ouf de soulagement : les actualités télévisées ont à nouveau montré les dames de Moranbong Band, invitées du gala artistique offert par le leader bien aimé Kim Jong-un à un invité de marque, le vice-président cubain, Miguel Díaz-Canel.
Mini-robes et cheveux courts
D’après les médias officiels, Moranbong Band, qui tire son nom d’un quartier de Pyongyang, a été créé en 2012 par Kim Jong-un, qui aurait choisi en personne chacune des chanteuses et musiciennes. L’objectif était de donner aux jeunes une formation moderne, qui corresponde à ses aspirations. L’apparition du groupe dans le panorama musical nord-coréen avait révolutionné la jeunesse : les robes courtes et les coupes de cheveux audacieuses avaient immédiatement été copiées. Au même moment, le Coréen Psy devenait une star planétaire avec son tube sans lendemain Gangnam Style. Le leader suprême a-t-il voulu riposter à cette offensive de la culture capitaliste ?
Moranbong Band est pourtant très éloigné de l’esthétique electro-dance. Avec sa section de violons, le collectif privilégie la musique douce et mélodieuse qu’on entendait dans les cocktails distingués et les ascenseurs des années 60. Le répertoire marie chants patriotiques (Oh patrie remplie d’espoir, Pyongyang est la meilleure, Nous pensons jour et Nuit à notre Leader) et succès pop vieillots, et parfois français : l’Amour est bleu d’André Popp, les Feuilles mortes de Joseph Kosma… Lundi, elles ont offert à l’hôte officiel une version de Guantanamera.
François-Xavier Gomez