Les Français n’ont jamais autant mangé de burgers : l’an dernier, ils ont avalé plus d’un milliard de petits pains à la viande dégoulinant de fromage et de ketchup. Mais dans l’ombre du géant McDonald’s, les autres chaînes de fast-food ne remplissent pas forcément leur tiroir-caisse. En témoigne, le projet d’acquisition de Quick annoncé ce lundi par Burger King France, pour un montant non dévoilé.
Propriétaire de l’enseigne Burger King dans l’Hexagone depuis 2013, l’homme d’affaires Olivier Bertrand, qui rêve de concurrencer McDo (lire son portrait dans Capital), a ouvert des négociations exclusives avec Qualium Investissement (filiale de la Caisse des dépôts) pour lui racheter les 509 restaurants, dont 400 en France, que compte Quick. «En France, les restaurants Quick basculeraient progressivement sous enseigne Burger King» mais «la marque Quick serait maintenue en Belgique, au Luxembourg et hors d’Europe», a précisé son groupe dans un communiqué. Oliver Bertrand s’est dit convaincu que l’alliance du Whopper et du Quick’n Toast «permettra de dessiner un nouveau paysage de la restauration rapide en France dans les prochaines années». Traduction explicite de cette déclaration implicite : on va essayer de bouffer de la part de marché par tous les moyens sur le dos de McDonald’s…
4 000 embauches prévues par Burger King
De fait, en mettant la main sur plus de 500 Quick, le groupe Bertrand va se doter d’une vraie chaîne de fast-food à l’échelle nationale, ce qui était loin d’être le cas jusqu’à présent avec la trentaine de Burger King dont il disposait. L’opération devrait ainsi faire de Burger King le numéro 2 du marché loin derrière l’américain McDonald’s qui possède 1 282 restaurants et emploie près de 60 000 salariés en France. Fondée à Miami en 1954, l’enseigne Burger King avait disparu du marché français après une tentative d’implantation ratée dans les années 80, laissant place à un duopole McDo-Quick. Mais Olivier Bertrand, qui a obtenu la franchise pour la France auprès du groupe aujourd’hui basé au Canada, croit manifestement à la résurrection de la marque en France. Burger King France a ainsi prévu d’embaucher 4 000 personnes cette année.
Mais le challenger sur le retour peut-il réussir là où Quick a échoué ? Rachetée en 2007 au milliardaire Albert Frère par la Caisse des dépôts et consignations pour près de 800 millions d’euros, la chaîne fondée par le baron belge François Vaxelaire était à vendre depuis plusieurs années. Mandatée en 2010 pour trouver preneur, la banque Rothschild avait fait chou blanc. Et pour cause, Quick, qui emploie près de 20 000 salariés, voit son chiffre d’affaires (4 milliards d’euros tout de même en 2014) reculer d’année en année sous la pression conjuguée du géant McDo et des autres enseignes comme Burger King ou KFC. D’autant qu’il y a quatre ans, un adolescent était mort après avoir mangé dans un Quick d’Avignon. La justice n’avait pas pu prouver l’intoxication, mais l’image de l’enseigne en a pris un sacré coup. Et l’entreprise est par ailleurs plombée par une dette de 600 millions d’euros que lui a léguée Albert Frère en lui faisant supporter l’essentiel du financement de son rachat il y a huit ans.
Une chose est sûre : avec la crise, les menus à moins de 10 euros des géants de la malbouffe mondialisée sont promis à un bel avenir en France et ailleurs, car tout le monde n’a évidemment pas les moyens de s’offrir un hamburger de luxe en mode hipster. Quant aux effets du régime burger-frites et graisses saturées sur notre santé, on ne saurait trop recommander à tous le fameux documentaire Super Size Me de Morgan Spurlock qui, à raison de trois repas McDo par jour, a pris 11 kilos en un mois et bien failli y laisser son foie et ses artères…
Jean-Christophe Féraud