Tombé du ciel, il a eu son brevet de parachutisme – «bien tonique à l’ouverture, bon travail sous voile», selon son instructeur. Il a joué au cinéma avec Martine Carol et au théâtre avec Denise Grey. Dans la maison d’une vedette de la télé qu’il squattait, il a mis au monde son fils Kên, dont il a coupé le cordon ombilical.
Il a goûté à l’acide, aux champignons hallucinogènes, mais très peu à l’héroïne. Il a embauché Louis Bertignac et Jean- Pierre Kalfon lorsqu’ils étaient inconnus. Il s’est foutu à poil au Cirque d’Hiver parce qu’un spectateur le défiait et à la campagne, les nuits de pleine lune, pour rencontrer des loups.
Il est parti en voiture au débotté pour fêter, à 500 kilomètres de chez lui, l’anniversaire d’un fan et a recommencé des concerts, de la première à la dernière chanson, parce qu’il n’était pas content de sa prestation. Les affiches l’ont présenté comme «le jazz comédien de la chanson», et Mory Kanté l’appelle «le griot blanc» parce qu’il sait des histoires.
Dans la rue, il arrive qu’on le confonde avec Hugues Aufray ou Bernard Lavilliers. Lui n’a jamais oublié le slip bleu électrique de Charles Trenet. Il dit qu’il est «criseux» et que sa fleur préférée est «la fleur de l’âge».
Valérie Lehoux, avec qui il vient d’écrire «Je vis pas ma vie, je la rêve» (Fayard, 20,90 euros), le compare à un animal sauvage, capable de mordre. On a reconnu Jacques Higelin, l’autre fou chantant, le baladin du monde occidental, dont les souvenirs incongrus, drôles, attendrissants, jamais narcissiques, nous offrent d’entrer dans la saison froide en dansant, en brûlant.
Jérôme Garcin
Paru dans « L’Obs » du 29 octobre 2015.