Donald Trump était l’invité de la célèbre émission télévisée américaine Satudray Night Live ce samedi soir. Le New York Times l’a trouvé «jovial mais pas très drôle». Il a surtout retourné le dispositif satirique de l’émission à son avantage.
Face caméra, le candidat a commencé l’émission par un monologue dans lequel il explique les raisons de sa présence. Façon stand up, Trump joue l’autodérision de son propre personnage politique, dans un genre qui frise la gêne : «Beaucoup me disent : « Donald tu es la personne la plus merveilleuse, tu es brillant, tu es beau, tu es riche, tu as tout pour toi, le monde n’attend que toi en tant que président, alors pourquoi es-tu dans Saturday Night Live ? Pourquoi ?! »» En réponse à son pseudo-second degré, quelques rires façon série B pour ne pas trop le ridiculiser.
Surfant encore sur la dérision de son personnage politique grotesque et égocentrique, l’émission a ensuite diffusé un sketch montrant Donald Trump à la Maison Blanche, deux ans après son élection. Il aurait tout réussi : un général lui explique que tout va bien en Syrie, que l’Etat islamique a été éliminé, que les Syriens sont désormais heureux de travailler dans le casino Trump à Damas, que les relations n’ont jamais été meilleures avec la Russie, et que la Chine emprunte désormais de l’argent aux Etats-Unis. Le seul problème ? «Les Américains en ont marre de gagner», lui explique un conseiller.
L’émission a servi à Trump
Trump explique ce succès total par sa «magie», qui a rendu au pays sa grandeur qui n’est autre que son slogan de campagne martelé régulièrement durant l’émission. Seul bémol à ce futur idyllique, la Première dame Melania Trump se plaint que la Maison Blanche soit la demeure la plus petite dans laquelle elle ait jamais vécu.
En invitant Donald Trump, le Saturday Night Live, qui existe depuis quarante-et-un ans, pensait faire un carton d’audience et le discréditer. En lui offrant sa prestigieuse tribune pendant une heure et demie le show a permis au candidat républicain de répondre à ses critiques en jouant l’autodérision et a finalement fait son jeu. Le parti démocrate n’a pas manqué de s’alarmer de sa présence sur le plateau du SNL. «Le candidat républicain en tête [des sondages] anime SNL. Mais ses idées n’ont rien de drôle», a-t-il dénoncé dans un communiqué, rappelant notamment sa volonté de construire un mur à la frontière mexicaine, et le fait qu’il considère le changement climatique comme une «blague».
Des manifestations en amont
Plus tôt dans la soirée, des dizaines de manifestants avaient protesté, pour la deuxième fois cette semaine, devant les studios de la chaîne NBC à New York, contre la tribune ainsi offerte à celui qui est actuellement en tête des sondages côté républicain. «Basta Trump, le racisme n’est pas une blague», «laissez tomber Trump», pouvait-on lire sur leurs pancartes, à propos du milliardaire de l’immobilier, qui en lançant sa campagne présidentielle le 16 juin, avait qualifié les immigrants mexicains de «violeurs» et trafiquants de drogue.
Un site internet avait même offert 5 000 dollars à qui crierait de façon audible durant l’émission «Trump est un raciste» : la production a récupéré l’idée pour s’en moquer dès le début, le comédien Larry David (producteur de Seinfeld) le répétant à deux reprises, en expliquant qu’il espérait ainsi gagner la somme promise.
Avant la manifestation de samedi, une autre avait eu lieu mercredi, et un collectif d’associations latinos avait recueilli plus de 500 000 signatures dénonçant la participation de Donald Trump au Saturday Night Live.
Gurvan Kristanadjaja