Depuis sa mise en ligne, le titre « Work » de Rihanna n’a eu de cesse de faire parler de lui : entre sa double réalisation par Director X et Tim Erem, ses scènes de twerk cadencées, le duo d’exs Rihanna / Drake… Pourtant, ce sont aujourd’hui les paroles qui « dérangent ». Car les internautes ont bien tenté de les décrypter, en vain. Car si la Barbadienne s’y exprime en anglais, une partie du titre est écrit en patois rasta (comme le thème de son clip inspiré de la Jamaïque), une langue qui a eu du mal à se faire comprendre à échelle mondiale. Ce langage, souvent appelé « dread talk » en référence aux dreadlocks des rastafaris qui le parlent, est un élément essentiel de la culture jamaïcaine, qui a vu le jour dès le XVIIIème siècle pour se libérer du joug colonial. Et dans les premières séquences de « Work », le message est clair : le titre raconte l’histoire de deux personnes qui veulent être ensemble mais qui n’ont pas été honnêtes l’une envers l’autre, où d’aucuns y ont vu un possible écho au passé de Drake et de Rihanna. Et pour certains passages… c’est le drame. Ici, le refrain :
[…] Work, work, work, work, work, work
He said me haffi (He said I have to)
Work, work, work, work, work, work!
He see me do mi (He saw me do my)
Dirt, dirt, dirt, dirt, dirt, dirt!
So me put in (So I put in)
Work, work, work, work, work, work
When you ah guh (When are you going to)
Learn, learn, learn, learn, learn
Meh nuh cyar if him (I don’t care if he’s)
Hurt, hurt, hurt, hurt, hurting […]
>>> Retrouvez les couplets en fin d’article
Vous avez dit « Mah nuh cyar if him » ? Ceux qui comprennent ne sont pas légion, le patois jamaïcain utilisé par la chanteuse ne s’adressant qu’à ceux qui le pratiquent. Ici, « Work » outre-passe les codes de la culture pop blanche et fait seulement écho aux connaisseurs des racines du Dancehall, un style de musique populaire jamaïcaine apparu dans les années 70 et qui correspondrait à une variante du reggae. Conclusion : le titre de la star américaine met en lumière une période précise de l’histoire culturelle de la Jamaïque. Un bel hommage qui a pourtant été pour les internautes l’occasion de se moquer de Rihanna au travers des mèmes à l’humour douteux. Ainsi, Le meme blog postait un peu plus tôt une vidéo Instagram où Rihanna, au moment de chanter, est remplacée par les marionnettes stéréotypées du film satirique Team America.
Une vidéo publiée par LE MEMÉ (@lememeblog) le 23 Févr. 2016 à 20h43 PST
Ailleurs, un post de Fuck Jerry, qui détourne les paroles de « Work » par une succession de lettres incohérentes.
Une photo publiée par Elliot Tebele (@fuckjerry) le 23 Févr. 2016 à 7h24 PST
En plus de ces blagues, qui semblent beaucoup amuser les internautes sur Instagram, il en va de même sur les autres réseaux sociaux, comme Twitter, où certains qualifient même les paroles de Rihanna de « gibberish », ce qui signifie littéralement « charabia ». Il n’y a pas plus clair.
work work work work work *gibberish*
work work work work work— ANTIfuckboy (@ViBEGOD23) 27 février 2016
How can someone listen to a bunch of gibberish like ‘rihanna – work’ 0.o
My god— Nauris (@Namatnieks) 18 février 2016
Racisme ordinaire
Ha, on rit, on rit, hein ? Pourtant, sous leurs airs innocents, ces mèmes ne pointent que la bêtise de ceux qui les font (ou les relaient en l’état). Un patois, du « charabia » ? Pour les ignorants euro-centrés, sans doute. Pour les autres, la blague force un sourire amer… Car non, le patois rasta n’est pas plus « incompréhensible » pour un anglophone que l’allemand, le chinois ou l’hindi. Car non, un langage peu médiatisé par la culture dite « occidentale » ne signifie pas pour autant qu’il est dépourvu de valeur. Et surtout, surtout, parce que comme toutes les langues vivantes, un langage existe au travers de ceux qui le parlent, qui ne sont pas plus « étranges » ou « exotiques » que les autres. Shame on you, Internet.
Laurianne Melierre et Laura Meunier
[refrain]
Dry! …Me a desert him (Dry, I’m going to desert him)
Nuh time to have ya lurking (No time to have you lurking)
Him ah go act like he nuh like it (He will act like he doesn’t like it)
You know I dealt with you the nicest (I dealt with you nicely)
Nuh body touch me you nuh righteous (Don’t touch me, you’re not righteous)
Nuh badda, text me in a crisis (Don’t bother to text me in a crisis)
I believed all of your dreams, adoration
You took my heart and my keys and my patience
You took my heart on my sleeve for decoration
You mistaken my love I brought for you for foundation
All that I wanted from you was to give me
Something that I never had
Something that you’ve never seen
Something that you’ve never been
But I wake up and act like nothing’s wrong
Just get ready…
[refrain]