Dans son fief nantais, Ayrault a peur des électeurs

Coulisses, brèves, choses vues et entendues par les journalistes de «Libération», et pas lues ailleurs : c’est le happy hour politique.

La trouille électorale d’Ayrault

Nommé ministre des Affaires étrangères mi-février, Jean-Marc Ayrault doit être remplacé à l’Assemblée. Son suppléant en Loire-Atlantique étant décédé, une législative partielle aura lieu les 17 et 24 avril, soit au beau milieu des préparatifs du référendum sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui fracture la gauche. «Ayrault ne la sent pas du tout cette élection, il pense que ce sera très difficile pour le PS, c’est pour ça qu’il n’y va pas, rapporte un dirigeant de la majorité. Mais ça devrait être lui le candidat pour tirer la liste et laisser son nouveau suppléant siéger» au Palais Bourbon. Le contexte inflammable n’a pas refroidi les ardeurs des prétendants : cinq se sont présentés aux suffrages des militants socialistes jeudi soir. Un deuxième tour doit départager la semaine prochaine Karine Daniel, adjointe au maire de Nantes, et Jocelyn Bureau.

Lemorton ne vote pas Macron

Mardi soir, séminaire de travail de la majorité sur la loi El Khomri à l’Assemblée. Dans la traditionnelle salle Colbert, Manuel Valls et les dirigeants du groupe PS ont pris place dans la tribune officielle face aux députés. Les ministres du Travail et de l’Economie se sont eux installés sur le côté, face aux députés aussi, mais dans une petite tribune à part. Quand le patron du groupe, Bruno Le Roux, passe la parole à Emmanuel Macron, il lui demande de rejoindre la tribune officielle. Réponse négative de l’intéressé, qui souhaite rester à sa place. «Mais pour qui il se prend celui-là, ça va pas se passer comme ça», laisse échapper la présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Lemorton, assise à côté de Valls. «Le message subliminal que Macron voulait faire passer c’était: je suis à part, je ne me mélange pas, ni aux députés ni à l’exécutif», analyse un pilier de l’Assemblée. Mais Macron a dû céder : il a parlé de la tribune officielle.

Le Guen, crispateur en chef au PS 

Ce séminaire s’est déroulé dans une ambiance constructive, de l’aveu de nombreux socialistes. Le ministre des Relations avec le Parlement, «Jean-Marie Le Guen n’était pas là, comme ça, ça détendait l’atmosphère, raconte une députée. Il est en grande partie responsable des crispations et de la défiance du cœur du groupe» PS sur la loi travail.

Hollande et les «couloirs ministériels»

Friture sur la ligne interdite. En conseil des ministres la semaine dernière, alors que la contestation de la loi travail débutait, François Hollande a fait un petit rappel au règlement à ses ministres : «Vous restez dans votre couloir, vous ne parlez que de vos sujets.» 

Cambadélis joue Hollande pour contrer Macron qui lui-même contre Valls, vous suivez ?

En demandant aux dirigeants socialistes de réaffirmer que François Hollande était leur candidat présidentiel naturel vendredi matin, le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis a semé la pagaille chez ses ouailles qui ne comprennent pas bien les intentions de leur chef. «Est-ce qu’il a voulu ramener [Emmanuel Macron] à la raison», s’interroge un sénateur. Le ministre de l’Economie sème tellement de petits cailloux sur la route de 2017 que le premier secrétaire aurait voulu provoquer un acte de loyauté de sa part ? «Tout cela n’a qu’une conséquence : faire monter Macron en fait, déplore le même sénateur. Quand Fabius s’est demandé « qui va garder les enfants » en parlant de Ségolène Royal, il croyait l’affaiblir. Il l’a adoubée.»

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