Face à l’intifada des couteaux, Israël accroît la pression

L’«intifada des couteaux» se transforme progressivement en intifada tout court. Certes, les attaques à l’arme blanche, qui sont lancées au rythme de deux à trois par jour, restent majoritaires mais elles ne sont plus les seules puisque les armes automatiques ont fait leur apparition. Surtout la mitraillette «Karl Gustav», une copie de fusil-mitrailleur soviétique fabriquée dans des ateliers clandestins de Cijsordanie occupée et vendue de 400 à 500 euros pièce.

Dans le courant de la semaine écoulée, plusieurs attaques à la «Karl Gustav» ont ainsi été lancées dans les territoires occupés, dont une au milieu de la rue Salah-El-Din, la principale artère commerciale de Jérusalem-est (la partie arabe de la ville). La, des policiers israéliens et deux Palestiniens se sont livrés à une bataille rangée en plein jour, au milieu des passants. Une première depuis la conquête de ce quartier par l’Etat hébreu en 1967.

«Il ne fait aucun doute que l’intifada des couteaux est en train de muter, estime Avraham K., un officier des Renseignements militaires israéliens (Aman) fraîchement démobilisé. Outre les tirs de Karl Gustav, une voiture de colons a d’ailleurs été visée vendredi matin par l’explosion d’une « road side bomb » [un engin explosif placé sur le bord d’une route, ndlr]. C’est bien la preuve que la situation empire.» Et de poursuivre : «Grosso modo, la société civile palestinienne soutient ces actions mais n’y participe pas. Est-ce que cela va durer ? Pas sûr du tout. En tout cas, dans les camps de réfugiés, les « Tanzim » [les milices du Fatah, ndlr] astiquent leurs armes et rongent leur frein.»

Expulsion des familles de «terroristes» vers Gaza 

Informés de la situation, Benyamin Nétanyahou et son ministre de la Défense, Moshé Yaalon, ont réuni jeudi soir le cabinet israélien de la sécurité afin d’envisager des mesures censées «mater la vague de terreur». La plus emblématique d’entre elles est sans conteste l’expulsion automatique et immédiate des familles de «terroristes» vers la bande de Gaza (l’une d’entre elles a inauguré la mesure dans la nuit de jeudi à vendredi) ainsi que l’accélération de la procédure de destruction de leurs domiciles cisjordaniens.

Dans la foulée, les ministres ont ordonné à Tsahal (l’armée) de démanteler les ateliers clandestins de fabrication d’armes et de faire taire les médias palestiniens accusés d’«inciter au terrorisme». C’est ainsi que les bureaux cisjordaniens de Falastin al Youm, la chaîne télé du jihad islamique émettant par satellite à partir de Gaza, ont été vidés de leur matériel.

Quasiment oubliée depuis la deuxième intifada (2000-2004), la «barrière de sécurité» érigée en Cisjordanie sera reconstruite dans les environs d’Hébron afin d’interrompre le flux quotidien de dizaines de milliers de Palestiniens venant gagner leur vie clandestinement en Israël. Et à Jérusalem, le chantier pour le dernier tronçon de ce mur bétonné de huit mètres de hauteur sera également accéléré afin de couper définitivement plusieurs quartiers arabes du reste de la ville.

Nissim Behar à Tel-Aviv

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