Olivier Py: en Avignon «il y a du possible à inventer»

La mairie socialiste d’Avignon avait annoncé une baisse de budget de 5% et la fermeture de plusieurs lieux l’an dernier. Quels sont, aujourd’hui, vos rapports avec elle?

La mairie n’est pas revenue sur sa baisse de subvention. Plusieurs lieux restent fermés, comme le verger et le potager Urbain V ou l’espace Jeanne-Laurent [initiatrice de la décentralisation théâtrale sous la IVe République, ndlr] qui, par son nom, est un lieu emblématique. En revanche, ont rouvert le gymnase Paul Giéra et le jardin de la rue Mons.

En quoi les Damnés, jouée dans la cour d’honneur, est-elle la pièce phare du Festival?

Le metteur en scène Ivo Van Hove a travaillé sur le scénario plutôt que sur le film de Luchino Visconti dont il avait déjà tiré Ludwig et Rocco et ses frères. Pour lui, il y a une montée du populisme en Europe. Cette histoire raconte la complicité des grandes puissances économiques. Par l’entremise de ma vieille amitié avec Eric Ruf -nous étions élèves ensemble au conservatoire- j’ai proposé à la troupe de la Comédie-Française de revenir en Avignon après vingt-trois ans d’absence.

De votre côté, pourquoi monter Eschyle en toute discrétion?

J’avais envie de faire ce que j’avais déjà mis en place au Théâtre de l’Odéon [que Py a dirigé de 2007 à 2012, ndlr], à savoir, un théâtre de tréteaux ultraléger qui permet d’aller dans différents lieux avec des acteurs et un texte. C’est une décentralisation de 3 kilomètres que j’avais envie de faire au moins une fois en Avignon. J’ai déjà monté trois pièces d’Eschyle mais pas Prométhée: or, c’est la figure du révolté, du prisonnier politique qui est au cœur de cette édition. L’affiche (dessinée par l’artiste Adel Abdessemed) représente un cheval qui rue, signe que quand les choses sont impossibles, il reste du possible à inventer.

La programmation du Festival ne remplit toujours pas les critères paritaires, une exigence des ministres de la culture successives.

C’est difficile à mettre en place, on a toujours 50 projets d’homme pour un projet de femme. On n’a jamais eu autant de femmes au Festival [un tiers des spectacles, ndlr]. Je ne m’engage pas à réussir l’année prochaine mais cela viendra.

Clémentine Gallot

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