Après une longue traversée du désert, Renaud a renoué avec la chance. Quelques semaines après la sortie de son nouvel album, qui a enregistré un formidable démarrage dès la première semaine, le chanteur a fait carton plein avec sa vente de bandes dessinées, ce samedi 30 avril chez Artcurial. Comprenant quelque 200 lots, sa collection, dont il se séparait en partie, lui a permis d’être à nouveau sous les feux des projecteurs en remportant un produit de près de 1,4 million d’euros, soit plus du double de l’estimation.
Sous la houlette de son ami expert Eric Leroy, cette dispersion savamment orchestrée en deux temps, a fait salle comble. Dès le matin, la double planche du Sceptre d’Ottokar, album mythique de Tintin a explosé à 1,05 million d’euros, sous le marteau de François Tajan. L’après-midi, les enchères ont continué à flamber. «Nous sommes dans un un marché hyper sélectif, explique Eric Leroy soulagé d’avoir assuré la vente avec le Tintin. Les amateurs veulent des noms, Hergé en tête mais aussi Giraud, Reiser, Bilal qui a fait 51 000 euros avec une planche de la Foire aux immortels. Les acheteurs, pour la plupart européen, veulent des valeurs sûres. L’effet pedigree Renaud a joué à fond pour faire monter les prix. Chacun a voulu emporter une part de souvenir du chanteur collectionneur».
24 lots de Reiser
Cette collection était à l’image de cette star connue pour son humour noir et décapant. Comprenant presque tous les auteurs de la BD contemporaine, la seconde partie, qui a débuté dès 14 heures, s’est ouverte par un chapitre entièrement dédié à Reiser avec 24 lots vendus sous le marteau enjoué d’Hervé Poulain. Fondateur du journal satirique Hara Kiri aux côtés de Cavanna et Fred, Reiser participa également à l’aventure de pilote et Charlie Hebdo où il croqua le Français moyen dans un style cru et direct.
L’histoire en trois planches s’appelant Garçon s’est envolée au prix record de 15.300 euros, contre une estimation de 4500 à 5000 euros. Celle au crayon et aquarelle pour la couverture de Vive les femmes! (Éditions du Square, 1978) est partie à 12.800 euros contre une estimation de 3000 à 5000 euros et l’illustration et À bas les amours de vacances! à l’encre de Chine et aquarelle (Édition du Square, 1980) fut adjugée 3 200 euros.
La bande dessinée confirme sa percée dans le monde des enchères
Autre nom recherché: Jean Giraud dont la couverture de l’album, La jeunesse de Blueberry, tome 2: Un Yankee nommé Blueberry a atteint le sommet de 67.600 euros. Sa planche de l’album Nez Cassé est partie au prix record de 45.000 euros. Les dessins d’Hugo Pratt que l’on croyait perdus étaient également à la vente, dont un portrait de son héros Corto Maltese qui a fait trois fois son estimation, à 15 300 euros.
Avec 80% des lots vendus, la vente s’est achevée avec des lots de diverses provenances et a totalisé près de 3 millions d’euros. Un résultat qui confirme la percée du secteur de la bande dessinée dans le monde des enchères, alors que la conjoncture est de plus en plus tendue pour les autres domaines du marché. .