LE FIGARO. – Cannes est-il toujours le plus grand festival de cinéma du monde?
Thierry FRÉMAUX. – Plus que jamais.
À quoi doit-il son hégémonie? À la faiblesse de ses concurrents (Venise, Berlin…)?
Venise et Berlin jouent très bien leur rôle, mais Cannes est au-delà de tout. Et son hégémonie, un secret de fabrique. Tellement secret que je ne saurais le décrire! Quelqu’un comme Jeffrey Katzenberg, le patron de DreamWorks, qui vient de réussir un joli coup à Hollywood, est un fou du festival et il sera là cette année avec Justin Timberlake et Anna Kendrick, les voix de son prochain film, Trolls, pour l’accompagner sur les marches. Pour un nabab de Hollywood comme lui, Cannes est fondamental, comme pour un Harvey Weinstein. Dire non à un cinéaste, c’est toujours délicat, même par SMS, et même pour ceux qui n’ont pas le niveau mais le rêve fou de venir. Tout le monde veut être à Cannes!
«Une année à stars». L’expression est de vous, et la critique vous suspecte parfois d’établir votre sélection en fonction de ces stars, justement.
Quand il y a des stars, tout le monde s’en félicite mais vous, vous dites que la presse «suspecte»! Un Cannes réussi exige de nombreux ingrédients. J’ai parlé d’une année à stars, parce que c’est le cas, mais il faut ajouter une année à auteurs, une année à jeunes cinéastes, une année à femmes réalisatrices, une année à pays lointains.
Contrairement à ce que vous avez laissé entendre, Bertrand Bonello affirme que vous avez bien vu son film, Nocturama, sur une bande de jeunes qui commettent des attentats dans Paris. Vous ne l’avez-vous pas sélectionné pour des raisons artistiques ou pour des raisons politiques?
J’ai dit cela pour protéger le film car un refus cannois peut affecter une réputation. Bertrand Bonello a préféré dire le contraire, donc oui, en effet, son film n’a pas été retenu. On en parlera quand il sortira. La tradition de Cannes est de n’évoquer que les films figurant en sélection.
Retrouvez l’intégralité de l’entretien en format Premium.