Concours de pets, viol et homophobie: bienvenue à Gangsterdam

«Si vous aimez les blagues de prout et La Beuze, vous allez adorer Gangsterdam» titre le magazine Les Inrocks. Ça promet. Le nouveau film avec Kev Adams, dont le nom vole la vedette à son réalisateur, Romain Levy (remarqué avec le très prometteur Radiostars), se révèle être une déception. Pis, un sommet de mauvais goût pour l’ensemble de la critique.

Le comédien de 25 ans campe Ruben, un étudiant en droit looser qui tombe amoureux de Nora, la bombe de la fac. Manque de bol: elle est trafiquante de drogue. Pour la séduire, il va l’accompagner à Amsterdam où elle a pour mission de ramener un tout nouveau type de stupéfiant. Malheureusement pour lui, «Durex», son meilleur pote, fan de blagues racistes et misogynes, s’incruste. Le trio va évidemment avoir quelques soucis avec la pègre amstellodamienne et les galères commencent.

Vannes lourdes pour pré-ados

Pour Télérama, ce scénario loufoque débouche sur un «film d’action potache sur fond de gros pétards et de gags en dessous de la ceinture», qui n’est «à réserver qu’aux pré-ados peu exigeants». Samuel Douhaire compare ce film aux Nouvelles aventures d’Aladin, «l’un des pires navets des dernières années». Et qui pourtant connut un joli succès commercial. Même son de cloche au Monde. Il s’agit d’une comédie qui ne repose que sur un humour épais et des stéréotypes lourdauds: «L’argument, qui fait le lit de tout un pan de la comédie française contemporaine, n’en revient pas moins à cautionner l’inconscient passablement rance sur lequel cet humour prospère aujourd’hui». ÀvoirÀlire poursuit, en critiquant cette manière de «railler les communautés avec une outrance qui flanque la nausée. Homos, juifs et blondes, tous y passent»

L’Obs définit Gangsterdam comme «greffe ratée entre La Folle Journée de Ferris Bueller et les comédies d’action type L’Arme fatale, dont les blagues récurrentes sur la fellation entre hommes trahissent la beauferie». L’humour du film, largement en dessous de la ceinture, a en effet sidéré les critiques françaises. Samuel Douhaire le note à dépit: «L’acmé dramatique de cette farce policière potache repose sur… l’émission d’un pet. Sonore? Puant? Quel suspense!»

Étienne Sorin, chef du service cinéma du Figaro, n’en est pas moins consterné. «À peine arrivés à Amsterdam, Kev et ses amis se battent avec des prostituées parquées dans une vitrine. Grand moment de rigolade. Les jeux de mots volent aussi très haut. “Toi aussi tu l’as le paquet”, dit une jeune femme en posant sa main sur les testicules de l’un des héros. C’est tout de même plus gentil que la scène de torture qui montre un gros bras se faire brûler les bijoux de famille. Si on ne peut plus s’amuser… La fellation reste l’obsession des jeunes mâles en chaleur. Elle se teinte d’homophobie quand Kev et ses acolytes forcent le vilain à se faire faire une fellation par son garde du corps tout en le filmant. La honte éternelle mais pour qui? Pour Romain Levy et ses acteurs, sans doute», conclut-il.

Apologie du viol

20 minutes, que le film a beaucoup dérangé, au point d’en faire la une de leur édition de ce jeudi 30 mars, déplorant que «sous couvert d’humour ado, le film multiplie les gags homophobes, racistes sexistes et fait l’apologie du viol». Ce qui est inacceptable note le quotidien gratuit pour une audience tout public. L’article s’insurge contre une réplique du film précisément. Lorsque Durex s’adresse à Ruben et lui lance: «On s’est mal compris, je te parlais d’un viol cool, pas du viol triste où ça chiale, ça crie, ça porte plainte!» Tout est donc «cool» pour Kev Adams et Romain Levy à l’exception peut-être de leur comédie triste à pleurer.

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