Comment font-ils ? Comment font-ils pour le soutenir mordicus ? Ils, ce sont les fillonistes. Malgré les affaires, malgré « les journalistes de gauche qui s’attaquent à lui » – disent-ils – malgré les abandons dans la famille politique, eux sont encore là. Des fidèles parmi les fidèles du candidat François Fillon qui, depuis le début, ne le lâchent pas. Des « résistants », comme il les a un jour surnommés. Des courageux. Des roseaux que le vent des affaires plie mais ne rompt pas. À Quimper jeudi soir, ils étaient plus de 3 400 à venir des quatre coins de la Bretagne pour écouter François Fillon. Des retraités pour la très grande majorité qui voient dans le candidat Les Républicains le seul capable de « sauver la France ».
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La scène prête à sourire : faute de place assise dans la salle du meeting, l’équipe de campagne de François Fillon invite une vingtaine de personnes à s’asseoir au milieu des journalistes. Les regards se croisent. On s’observe du coin de l’oeil, les uns pensant se faire siffler et huer d’ici peu et les autres voyant chez leurs plumitifs de voisins des menteurs. C’est Geneviève, 73 ans, qui brise la glace la première : « Vous savez pourquoi je soutiens François Fillon ? Parce que ça fait du bien d’entendre quelqu’un comme lui. Ça redonne du pep’s. C’est le seul qui a un programme cohérent. Je suis déjà convaincue, je n’aurai aucune raison de douter en sortant ».
Fillon, le meilleur candidat de la droite « depuis De Gaulle »
Ils sont comme cela les fillonistes. Ils ont la foi. Ne leur parlez pas de sondages, ils vous accuseraient de manipulation pour faire gagner Emmanuel Macron. « Ils vous plait bien, hein ? », envoie notre retraitée de Quimper d’un clin d’oeil un brin moqueur. Elle est persuadée que la série des affaires qui ont plombé la campagne de son poulain sont le fait d' »une machination » politico-médiatico-judiciaire. Les preuves du crime résident dans un livre : Bienvenue place Beauvau. Ils l’ont tous acheté et le lisent religieusement depuis sa sortie. « En plus, ce sont des journalistes du Canard Enchaîné qui l’ont écrit », renchérit tout sourire Giselle, 75 ans passés.
Après son grand oral face à la FNSEA, #Fillon tient un meeting ce soir à Quimper où déjà beaucoup de monde l’attend @LePoint#FillonQuimperpic.twitter.com/KjUq1ZRpi5
— Olivier Pérou (@OlivierPerou) 30 mars 2017
Les fillonistes n’en oublient pas de parler du projet de François Fillon, sujet sur lequel ils sont beaucoup plus prolixes. Le mari de Gisèle, Yvon, n’a d’yeux que pour son candidat de la Sarthe et de sa vision pour l’emploi. « La situation actuelle est très difficile, surtout pour les jeunes. Dans notre vie professionnelle, on a eu de la chance. À 51 ans, on a pu redémarrer un projet à notre compte. Mais pour les jeunes aujourd’hui, c’est tellement compliqué. Et ceux qui travaillent, les courageux et les méritants, il faut les récompenser. C’est ce que veut faire Fillon ! », martèle l’homme de 76 ans. Avec son épouse, ils ont gravi les monts d’Arées depuis Morlaix pour venir jusqu’ici. « On a fait une heure de route, mais ça vaut le coup. On a toujours adoré Fillon. Sous Sarkozy, je le trouvais effacé, mais c’était parce que le président devait l’écraser. Je n’ai jamais vraiment douté de son courage, de sa ténacité. C’est le meilleur candidat de la droite depuis longtemps. Depuis De Gaulle même ! », assure Yvon. Et sa femme Gisèle d’ajouter : « C’est lui le sauveur. La valeur, le respect, la famille… En ce moment, tout cela part à vau-l’eau et il n’y a que Fillon qui le défendra ».
La « bonne surprise du soir », dixit les fillonistes, fut François Baroin. Le nouvel homme fort du système Fillon n’a pas fait dans la dentelle et a tiré à boulets rouges sur les concurrents du candidat LR, et particulièrement Emmanuel Macron. Ou plutôt « Emmanuel Hollande ou François Macron » c’est selon, comme l’ont martelé les orateurs de la soirée. Baroin le sarkozyste plait aux fillonistes. « Sarkozy, il avait quelque chose déjà, mais il était trop brutal, trop bling-bling. Baroin, lui, il est calme, il est serein. Ça fait du bien. Ça repose et c’est efficace à la fois, résume Gisèle qui enchaîne, Il ferait un excellent Premier ministre ». Les journalistes n’ont plus besoin d’interroger les sympathisants de François Fillon sur leur favori pour Matignon, ils l’ont déjà choisi.
Rien n’y fait. Avec les fillonistes, on revient forcément aux affaires. Certes ils n’abandonneront jamais leur candidat, mais ils déplorent parfois. « Je trouve quand même que Penelope a été beaucoup payé pour si peu de travail… Les sommes sont élevées. Peut-être qu’elle n’a pas travaillé en plus, là c’est grave », admet Gisèle à demi-mot avant de se ressaisir : « Enfin, elle a coûté de l’argent, mais rappelez-vous Mazarine avec Mitterrand ! Et Julie Gayet, combien coûte-t-elle ? » Yvon, lui, ne reproche pas grand chose à François Fillon. Il le comprends : « il aime les belles voitures, les belles montres, les beaux costumes. Et alors ? Sa voiture personnelle, c’est une Lotus et ça n’a pas une si grosse valeur. Je connais des gens de gauche qui ont des autos de collections. Fillon, il n’est pas plus bling-bling qu’un autre… ». Ils sont comme cela les Fillonistes, jamais ils ne doutent.