Le Premier ministre, Manuel Valls, se rend ce lundi à Calais, un des lieux emblématiques de la crise des réfugiés, où sera abordée la question de la coopération avec le Royaume-Uni, avant une réunion européenne dite «d’urgence» le 14 septembre.
Le Premier ministre, accompagné de son ministre de l’Intérieur et de deux commissaires européens – le vice-président Frans Timmermans et le commissaire chargé des questions migratoires, Dimitris Avramopoulos – visitera notamment dans la matinée le centre d’accueil Jules Ferry, qui jouxte «la jungle» où vivent des milliers d’hommes et de femmes tentant de rejoindre l’Angleterre.
Dimanche, devant les militants socialistes en clôture de l’université PS à La Rochelle, Manuel Valls, sans renoncer à une exigence de «fermeté», avait insisté sur le besoin d’«humanité» et de «responsabilité» à l’égard des migrants. Les migrants qui «fuient la guerre, les persécutions, la torture, les dictatures, doivent être accueillis (…) traités dignement, abrités, soignés», a déclaré le Premier ministre.
A l’appel de Berlin, Londres et Paris, les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne se réuniront le 14 septembre «pour avancer concrètement» face à la crise migratoire, alors que l’Europe peine à trouver des solutions à l’afflux de réfugiés, syriens notamment.
L’Italie, qui est avec la Grèce et la Hongrie parmi les pays où arrivent le plus de migrants, a annoncé son intention de faire de la création d’un droit d’asile européen «la bataille des prochains mois». Pour Manuel Valls, il s’agit, «en pleine crise des migrants», de montrer «que le gouvernement est mobilisé et que la France est à l’initiative avec l’Allemagne», a souligné auprès de l’AFP son entourage.
«Fermeté» sur l’immigration économique irrégulière
En contrepoint, le Premier ministre devrait toutefois afficher sa «fermeté» vis à vis de l’immigration économique irrégulière. «Face à cela, il faut des règles strictes, la plus grande intransigeance pour lutter – et je pense à Calais, et la coopération franco-britannique – contre les passeurs, les trafiquants d’espoir qui se repaissent de la misère humaine», a-t-il dit à La Rochelle.
En fin de matinée, le Premier ministre doit visiter le site d’Eurotunnel à Coquelles (Pas-de-Calais), où de nouvelles barrières visant à bloquer les migrants tentant de pénétrer dans le tunnel sous la Manche ont été installées début août, aux frais des Britanniques.
Des renforts policiers et sécuritaires ont également été annoncés dans le cadre de l’accord franco-britannique signé le 20 août par Bernard Cazeneuve et son homologue Theresa May. Manuel Valls rendra d’ailleurs visite aux forces de l’ordre dans l’après-midi, à la fin de sa visite.
Eurotunnel a dénombré jusqu’à 2 000 tentatives d’intrusion par nuit fin juillet, avec plusieurs morts au cours de l’été. Manuel Valls tiendra également une conférence de presse commune avec Frans Timmermans à la sous-préfecture de Calais à la mi-journée, avant une rencontre avec des associations d’aide aux migrants.
L’une d’entre elles, Passeurs d’hospitalité, a d’ores et déjà dénoncé dans un communiqué un «exercice de communication», visant à «montrer qu’on fait quelque chose alors qu’on ne répète que les mêmes recettes».