Rwanda : UPS va distribuer du sang et des vaccins par drones

Rwanda : des maisons sur le lac Kivu, le 17 avril 2016
Rwanda : des maisons sur le lac Kivu, le 17 avril 2016

L’entreprise américaine de messagerie UPS va participer à un programme visant à distribuer par drones des lots de sang et des vaccins, notamment au Rwanda, a-t-elle annoncé lundi.

La Fondation UPS a accordé une subvention de 800.000 dollars à un projet auquel sont aussi associés la société de robotique Zipline et l’alliance internationale Gavi créée 2000 pour faciliter les vaccinations dans le monde.

Dans le courant de l’année, le gouvernement rwandais commencera à utiliser des drones de Zipline qui peuvent effectuer jusqu’à 150 livraisons de sang par jour à 21 centres de transfusion situés dans la moitié ouest du pays.

Selon l’OMS, l’Afrique a le taux de mortalité maternelle le plus élevé dans le monde en raison des hémorragies post-partum. L’accès aux transfusions sanguines est donc d’une importance cruciale pour les femmes de ce continent, rappelle UPS dans un communiqué.

Le réseau national de drones du Rwanda se concentre avant tout sur la livraison de sang, mais l’objectif est d’étendre l’initiative aux vaccins, aux traitements du VIH/SIDA, du paludisme et de la tuberculose, ainsi qu’à de nombreux autres traitements vitaux.

« L’opération de livraison par drones du Rwanda devrait sauver des milliers de vies au cours des trois prochaines années et pourrait servir de modèle pour d’autres pays », affirme UPS.

En 2015, UPS et ses employés, actifs et retraités, ont fait don de plus de 110 millions de dollars à des associations caritatives du monde entier. Zipline est une entreprise de robotique basée en Californie, qui travaille avec les gouvernements pour fournir un accès fiable à des produits médicaux « au dernier kilomètre ».

09/05/2016 16:10:17 – Washington (AFP) – © 2016 AFP

Un rappeur interpellé pour trafic de drogue à Perpignan

Trahi par son clip. Un rappeur amateur de Perpignan a été identifié et interpellé par la police après avoir posté sur Internet un clip vidéo où il faisait l’apologie du trafic de drogue et de la violence, a-t-on appris de source policière.

Un dispositif de surveillance dans le quartier de la Cité ensoleillé à Perpignan a permis à la brigade de lutte contre les stupéfiants de Perpignan, assistée de la Bac (brigade anticriminalité), d’assister en direct à plusieurs transactions, mardi après-midi, et d’interpeller cinq consommateurs et le rappeur de 25 ans.

Quelque 16,5 kilos de résine de cannabis, 3 kilos d’herbe de cannabis et plus de 15 000 euros d’argent liquide ont été saisis lors d’une perquisition dans l’appartement ayant servi de décor au tournage du clip. Les policiers ont en outre trouvé tout le matériel nécessaire à la revente de la drogue (emballages, balances), a précisé la même source, selon laquelle le trafic durait depuis plusieurs mois.

Le clip vidéo de trois minutes, retiré depuis d’Internet, montrait plusieurs individus dont le rappeur pavoisant au milieu de liasses de billets, de plaquettes de résine de cannabis empilées et d’armes. Le principal mis en cause, qui a nié les accusations lors de sa garde à vue, a été déféré au parquet de Perpignan, qui devait décider d’éventuelles poursuites à son encontre.

Découverte d’une cité Maya au coeur de la jungle mexicaine

Voici une histoire extraordinaire. Selon Le Journal de Montréal, un jeune québécois de 15 ans a fait une étrange découverte. Ce passionné d’histoire a trouvé grâce au ciel une importante cité maya jusqu’alors inconnue.

Ce site historique, baptisé «K’ÀAK’ CHI’» par l’adolescent, se situe dans un endroit reculé et inaccessible dans la péninsule du Yucatan, en plein coeur de la jungle mexicaine.

Cette trouvaille est le fruit d’un long travail pour William Gadoury. Il a minutieusement analysé près d’une vingtaine de constellations mayas et s’est aperçu que s’il reliait sur une carte les étoiles des différentes constellations, la forme de chacune d’entre elles correspondait au positionnement de 117 cités mayas.

«Je ne comprenais pas pourquoi les Mayas avaient construit leurs cités loin des rivières, sur des terres peu fertiles et dans les montagnes», explique William Gadoury. «Il fallait qu’il y ait une autre raison, et comme ils adoraient les étoiles, l’idée m’est venue de vérifier mon hypothèse».

Des images satellites révèlent une trentaine de bâtiments

C’est en analysant la 23e constellation, comportant trois étoiles que l’adolescent s’aperçoit qu’il n’existe que deux villes répertoriées dans la zone. «J’ai partagé ma découverte avec l’Agence spatiale canadienne qui m’ a transmis un bon nombre d’ images satellites de la NASA et de l’agence japonaise JAXA», raconte-t-il.

À partir des photos envoyées, il recherche les vestiges de la fameuse cité maya. «Quand le Dr LaRocque m’a confirmé, en janvier dernier, que l’on distinguait une pyramide et une trentaine de structures, c’était extraordinaire», a déclaré l’adolescent, qui a été invité à participer aux fouilles avec l’équipe scientifique. «Ce serait l’aboutissement de mes trois années de travail et le rêve de ma vie».

Un juge mexicain tranche en faveur de l’extradition d’El Chapo, selon son avocat

Une capture d'écran fournie par la parquet général mexicain, montrant le baron de la drogue Joaquin "El Chapo" Guzman, à la prison d'Altiplano, dans l'État d'Almoloya de Juarez au Mexique, le 27 janvier 2016
Une capture d’écran fournie par la parquet général mexicain, montrant le baron de la drogue Joaquin « El Chapo » Guzman, à la prison d’Altiplano, dans l’État d’Almoloya de Juarez au Mexique, le 27 janvier 2016

Un juge mexicain a tranché en faveur de l’extradition vers les Etats-Unis du baron de la drogue Joaquin « El Chapo » Guzman, quelques heures avant son transfèrement surprise dans une prison près de la frontière américaine, a révélé dimanche son avocat.

Le leader du cartel de Sinaloa, écroué depuis le début de l’année à la prison de sécurité maximale d’El Altiplano, près de Mexico, avait été transféré samedi à l’aube dans une prison de Ciudad Juarez (nord) tout près de la frontière du Texas, aux Etats-Unis.

Ce transfèrement ne répond « absolument pas » à une demande d’extradition des Etats-Unis, où El Chapo fait face à des mandats d’arrêts pour homicide et trafic de drogue, avait déclaré à l’AFP Eduardo Sanchez, porte-parole de la présidence du Mexique

Les autorités avaient expliqué ce transfèrement par une procédure de sécurité prévoyant « une rotation régulière de prisonniers ».

Dans un autre coup de théâtre de cette saga criminelle, l’avocat du baron de la drogue a annoncé dimanche qu’un juge d’un tribunal pénal fédéral avait « donné un avis favorable à son extradition » vers les Etats-Unis, a déclaré à l’AFP son avocat, José Refugio Rodriguez.

En vertu de cette décision, a plaidé M. Rodriguez, le ministère mexicain des Affaires étrangères a désormais 30 jours pour se prononcer sur l’extradition ou non du baron de la drogue dont la vie doit d’ailleurs être portée au petit écran par la chaîne américaine en langue espagnole Univision.

Il n’a pas été possible dimanche de joindre des responsables de la diplomatie mexicaine pour commenter ces nouvelles informations.

Bénéficiant de complicités internes, « El Chapo » s’était enfui en juillet 2015 de manière spectaculaire de la prison d’El Altiplano, par un trou creusé sous la douche de sa cellule.

Depuis son retour début janvier derrière les barreaux, les autorités ont pris des mesures exceptionnelles pour éviter qu’il ne s’évade à nouveau, avant une possible extradition vers les Etats-Unis.

El Chapo, 58 ans, se plaint de ne pas bénéficier d’un suivi médical suffisant et ne pas pouvoir dormir à cause des autorités carcérales qui font l’appel très régulièrement, et demande désormais d’accélérer le processus d’extradition vers les Etats-Unis.

08/05/2016 20:47:52 – Mexico (AFP) – © 2016 AFP

El Chapo : extradition imminente vers les Etats-Unis ?

Un juge mexicain a tranché en faveur de l’extradition vers les Etats-Unis du leader du cartel de Sinaloa, quelques heures seulement avant son transfèrement surprise dans une prison près de la frontière américaine, a indiqué ce dimanche son avocat. Le baron de la drogue Joaquin « El Chapo » Guzman écroué depuis le début de l’année à la prison de sécurité maximale d’El Altiplano, près de Mexico, avait été transféré samedi à l’aube dans une prison de Ciudad Juarez, dans le nord du pays, tout près de la frontière du Texas, aux Etats-Unis. Ce transfèrement ne répond « absolument pas » à une demande d’extradition des Etats-Unis, où El Chapo fait face à des mandats d’arrêts pour homicide et trafic de drogue, avait indiqué Eduardo Sanchez, porte-parole de la présidence du Mexique. Les autorités avaient expliqué ce transfèrement par une procédure de sécurité prévoyant « une rotation régulière de prisonniers ».

30 jours pour se prononcer sur l’extradition

Dans un autre coup de théâtre de cette saga criminelle, l’avocat du baron de la drogue a annoncé dimanche qu’un juge d’un tribunal pénal fédéral avait « donné un avis favorable à son extradition » vers les Etats-Unis, a déclaré son avocat, José Refugio Rodriguez. En vertu de cette décision, a plaidé José Refugio Rodriguez, le ministère mexicain des Affaires étrangères a désormais 30 jours pour se prononcer sur l’extradition ou non du baron de la drogue dont la vie doit d’ailleurs être portée au petit écran par la chaîne américaine en langue espagnole Univision. Il n’a pas été possible dimanche de joindre des responsables de la diplomatie mexicaine pour commenter ces nouvelles informations. Bénéficiant de complicités internes, « El Chapo » s’était enfui en juillet 2015 de manière spectaculaire de la prison d’El Altiplano, par un trou creusé sous la douche de sa cellule. Depuis son retour début janvier derrière les barreaux, les autorités ont pris des mesures exceptionnelles pour éviter qu’il ne s’évade à nouveau, avant une possible extradition vers les Etats-Unis. El Chapo, 58 ans, se plaint de ne pas bénéficier d’un suivi médical suffisant et ne pas pouvoir dormir à cause des autorités carcérales qui font l’appel très régulièrement, et demande désormais d’accélérer le processus d’extradition vers les Etats-Unis.

Sadiq Khan, nouveau visage de Londres

Sadiq Khan en est désormais sûr : à 45 ans, ce fils d’un chauffeur de bus pakistanais devient le troisième maire de Londres depuis la création de cette fonction en 2000 et le premier maire musulman d’une grande capitale occidentale. Pourtant, il y a quelques mois, il disait n’avoir « jamais imaginé » être choisi pour concourir à ce prestigieux poste. Il n’est pas le seul, dans un pays où la politique reste l’apanage d’une certaine élite, façonnée au moule d’Eton et des universités de Cambrige et Oxford. Lui a fréquenté le lycée public de son quartier, pas vraiment réputé, et l’université de North London. De cette éducation publique et gratuite, il se dit très reconnaissant. « Je dois tout à Londres », répète l’homme aux origines très modestes.

Sadiq Khan est né en 1970 dans une famille pakistanaise récemment immigrée au Royaume-Uni. Il a grandi dans un lotissement HLM à Tooting, quartier populaire du sud de Londres, avec ses six frères et sa soeur. Son père était chauffeur de bus, sa mère couturière. À l’école, il veut d’abord étudier les sciences pour devenir dentiste. Mais un de ses professeurs a repéré son don pour les joutes oratoires et l’oriente vers des études de droit. Il sera donc avocat, avec une spécialisation dans les droits de l’homme, ce qui lui vaut de présider pendant trois ans l’ONG Liberty. Dans la rue aussi, Sadiq Khan est accrocheur : enfant, il fait de la boxe pour pouvoir plus facilement rabattre le caquet de ceux qui osent le traiter de « Paki ». À 15 ans, il adhère au Parti travailliste. Il est élu conseiller municipal de Wandsworth, dans le sud de Londres, en 1994, jusqu’en 2006. En 2005, il abandonne sa carrière d’avocat pour se faire élire député de Tooting, où il vit toujours, avec sa femme Saadiya, avocate, et ses deux filles adolescentes.

« Il ne perd jamais »

Trois ans plus tard, Gordon Brown lui offre le poste de ministre chargé des communautés, puis celui des Transports l’année suivante. Il devient le premier musulman à siéger au cabinet d’un Premier ministre britannique. Du haut de son 1,65 m, l’homme à la chevelure poivre et sel affiche une énergie et une volonté à toute épreuve. Sa victoire aux primaires travaillistes pour la mairie de Londres contre Tessa Jowell, la ministre déléguée aux Jeux olympiques sous Tony Blair, a surpris beaucoup de monde. Mais pas son entourage. « Il ne perd jamais », a déclaré un de ses conseillers au quotidien en ligne Politico. L’an dernier, le Labour londonien, sous sa houlette, a amélioré son score aux élections législatives alors que le parti essuyait une déroute au niveau national.

Cinq ans plus tôt, c’est lui qui avait dirigé la campagne d’Ed Miliband pour la tête du parti. Ed l’avait emporté contre son frère David, pourtant archi-favori. Pendant la campagne électorale londonienne, face aux violentes attaques des conservateurs qui l’ont accusé d’accointance avec les extrémistes islamistes, il s’est dit « déçu », mais a évité la surenchère. Il s’est contenté de rappeler qu’il a toujours dénoncé le radicalisme, a voté pour le mariage homosexuel – ce qui lui a valu des menaces de mort – et a fait campagne pour sauver son pub de quartier. Sadiq Khan a promis une politique sociale : il veut construire davantage de logements abordables et geler les tarifs des transports pendant quatre ans. Mais il se revendique aussi « pro-business », et s’est engagé à défendre les intérêts de la City, en premier lieu en faisant campagne pour rester dans l’Union européenne. « Si je gagne, je serai le maire qui unit notre ville, qui réunit les communautés », avait-il dit à l’AFP. À ceux qui le voient désormais en position de briguer la tête du Labour et, dans la foulée, le poste de Premier ministre, il affirme ne pas avoir cette ambition. Maire de Londres, « c’est une fin en soi », a-t-il affirmé.

Egypte: Morsi échappe à la peine capitale dans un procès pour espionnage

L'ex-président Mohamed Morsi derrière les grillages d'un tribunal du Caire, le 23 avril 2016
L’ex-président Mohamed Morsi derrière les grillages d’un tribunal du Caire, le 23 avril 2016

Un tribunal égyptien a condamné à mort samedi six co-accusés de l’ex-président islamiste Mohamed Morsi mais a épargné la potence à ce dernier, ajournant au 18 juin son verdict final dans ce procès pour espionnage.

L’ex-président, destitué en juillet 2013 et déjà condamné à mort dans une affaire distincte, est jugé avec 10 co-accusés pour la livraison présumée de « documents relevant de la sécurité nationale » au Qatar, selon l’acte d’accusation.

Le président du tribunal a sollicité samedi l’avis du mufti – l’interprète officiel de la loi islamique dans le pays – comme le veut la loi pour les condamnations à mort. L’avis de cette autorité religieuse n’est pas contraignant mais il est généralement suivi.

Le 18 juin, la cour confirmera ou infirmera les peines de mort et prononcera son verdict à l’égard des cinq derniers accusés, dont M. Morsi.

Présent à l’audience, M. Morsi a salué les avocats et les journalistes à son entrée dans le box des accusés, sourire aux lèvres.

Il s’agit du quatrième procès contre l’ex-président, issu de la confrérie des Frères musulmans, classée organisation « terroriste » par les autorités. Il a déjà été condamné à mort en première instance, à la prison à vie et à 20 années d’incarcération dans trois autres affaires.

Le Qatar, riche émirat gazier du Golfe, était l’un des principaux soutiens de M. Morsi et avait dénoncé sa destitution par l’ex-chef de l’armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi. Doha a condamné à plusieurs reprises la répression lancée par le régime de M. Sissi contre les pro-Morsi, notamment par le biais de la chaîne d’information al-Jazeera.

Parmi les six personnes condamnées à mort samedi figurent d’ailleurs trois journalistes jugés par contumace et accusés d’avoir servi d’intermédiaires.

Parmi eux, Ibrahim Mohamed Hilal, présenté par le parquet comme un rédacteur en chef de la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera, ainsi que Alaa Omar Mohamed Sablan, présenté comme un journaliste de nationalité jordanienne de la chaîne.

Un responsable d’Al-Jazeera a indiqué à l’AFP que M. Hilal était un « conseiller » du président de la chaîne.

La troisième journaliste, Asmaa Mohamed al-Khatib, travaillerait pour le site d’information pro-islamistes Rassd.

Les condamnés peuvent interjeter appel du verdict et ceux qui sont jugés par contumace bénéficient automatiquement d’un nouveau jugement après leur arrestation.

Dans les semaines qui ont suivi la destitution du président islamiste, des centaines de manifestants pro-Morsi ont été tués. Des milliers ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs qualifiés par l’ONU de « sans précédent dans l’Histoire récente » du monde.

La Cour de cassation a cependant annulé des dizaines de ces peines capitales.

07/05/2016 14:50:22 – Le Caire (AFP) – © 2016 AFP

Le western sexuel et ambigu de Frédérik Peeters

Depuis Les Pilules bleues, petit chef-d’œuvre paru en 2002, le dessinateur genevois Frédérik Peeters, a eu tout loisir de se bâtir une œuvre tout en subtilité. Navigant allègrement entre le polar vécu (RG, en collaboration avec un vrai flic qui raconte ses faits d’armes aux Renseignements généraux) et le space opera intimiste (Aâma, 4 tomes parus chez Gallimard) sans oublier Pachyderme et Lupus, Peeters aime à surprendre son monde.

Avec L’odeur des garçons affamés, surprenant western baigné de sensualité, et de violence intérieure écrit avec Loo hui Phang, l’auteur se frotte à un genre très codé, qui véhicule un certain manichéisme. Sans doute pour mieux le détourner. Son trait réaliste et inspiré ne tarde pas à retrouver le lyrisme et ses soudaines plongées dans l’irrationnel, qui font toute la pertinence de son travail. De passage à Paris, Frédérik Peeters répond aux questions du Figaro.

LE FIGARO – Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce projet de BD en collaboration avec la romancière Loo hui Phang?

Frédérik PEETERS – Le western m’a toujours attiré, justement parce que ce genre cinématographique comporte des codes très précis. Quand il y a des codes, on peut les casser, jouer d’une certaine irrévérence. Je n’aime pas les hommages et les clins d’œil. C’est le revers de la médaille. C’est moi qui suis allé vers Loo hui Phang il y a dix ans. J’avais lu ses livres et ça m’intéressait de voir si on pouvait collaborer. C’est elle qui est revenue vers moi avec trois projets d’histoires dont cette intrigue western. Moi j’ai tout de suite flashé sur le western.

De quelle manière?

Il y avait déjà l’histoire de la mission photographique et cette ambiguïté sexuelle déjà. Cette intrigue, associée avec l’atmosphère du western, tout cela me semblait très intéressant.

Le titre de L’Odeur des garçons affamés ne ressemble pas à un titre de western…

Oui, d’ailleurs ce n’était pas le titre du projet au début. Le titre de travail, c’était Visions de l’Ouest. Au pluriel, elle jouait sur la photographie.

Comment est venue l’idée d’un tel titre?

Lorsque Loo est arrivée avec ce titre, j’ai d’abord trouvé cela précieux, trop précieux. Pourtant, avec le temps, cette expression s’est installée dans ma tête. Et je n’ai plus pu imaginer en changer. C’était trop parfait. C’est limite mauvais goût. J’avais lu sur un forum quelqu’un d’assez mauvaise foi, mais très drôle, qui disait que ça faisait penser au titre du prochain livre de Frédéric Mitterrand, et tout d’un coup, ça m’a paru beaucoup plus sympathique. Je me suis dit: «Ah oui, si c’est de mauvais goût comme ça, il a quelque chose d’intéressant derrière.»

Sur la couverture, la caravane des missionnaires traverse une gorge profonde en plein canyon… N’y aurait-il pas une double lecture de cette image

Évidemment, la connotation sexuelle de ce dessin est flagrante. Je suis étonné que les gens ne le voient pas plus frontalement. Cela me semblait évident. La forme même du passage est totalement vaginale… Et cela va parfaitement avec le titre L’odeur des garçons affamés… Car au fond, c’est du désir dont il s’agit dans cet album.

Les mains dans cet album sont très importantes et signifiantes…

J’ai toujours beaucoup aimé dessiner les mains. J’y ai réfléchi il n’y a pas si longtemps. C’est probablement dû à ma myopie, ça. Ça ne me coûte pas d’effort de regarder les choses proches, ça me coûte plus de regarder les choses lointaines. Je connais très bien les mains, je connais très bien les détails, les boutons des habits, les oreilles, les cheveux collés dans les nuques. Ce sont des choses que je connais très bien. Quand j’enlève mes lunettes, c’est la seule chose que je peux voir. Mais c’est aussi la sensualité. quand on travaille sur la sensualité, on est obligés de se concentrer sur des corps, des parties de corps, des mains.

Quelle a été le passage le plus difficile à dessiner sur le plan graphique?

Sans aucun doute, la première apparition des chevaux multiples, des troupeaux… Cette horde au début, j’ai trouvé ça assez dur. Et puis le village indien. J’ai eu un peu de peine avec les Indiens, en fait. Je ne savais pas trop comment traiter ces personnages. Je ne voulais pas que ce soit une espèce de peuple lointain, sauvage et mystérieux. Je voulais qu’ils existent en tant qu’humains, mais dans l’écriture du scénario, ils avaient très peu d’incarnation concrète ont un rôle très ténu à jouer dans l’histoire. Il y a ce bout très beau où il doit photographier un vieux. Il faut qu’il tienne la pose pour le costume mais il ne tiendra pas parce qu’il est trop vieux. Sa fille ou sa nièce vient pour l’aider à se relever. L’Indien devient humain parce qu’il est vieux et qu’il a des rhumatismes. Là c’était plus difficile. Je redoutais tout ce passage-là. Je me suis dit: «Mon dieu, dessiner autant de chevaux, ça va être terrible.» Mais en fait, je les avais tellement dans la main à ce moment-là que finalement ça c’est bien passé. Le summum du plaisir de dessin, là où je me suis vraiment le plus libéré, cela a été précisément les passages sensuels ou sexuels de l’album. Le moment où l’héroïne sort de l’eau, où ils se retrouvent dans la grotte, où il glisse la main dans le pantalon, où il l’embrasse et qu’elle recule. Ce sont ces moments qui m’ont amusé le plus.

Quel est votre prochain coup de poker?

C’est déjà en route. Une co-écriture avec Serge Lehman. C’est un récit fantastique contemporain qui commence à Paris de nos jours, dans lequel vont apparaître au fur et mesure des résurgences des très vieilles mythologies européennes profondément ancrées dans tous nos inconscients. Celle des contes, des ogres, des monstres… Nous allons essayer de faire ça sur un mode feuilleton noir et blanc, une sorte de manga à l’européenne. Là ce qui va se passer, c’est un peu comme si Amélie Poulain rencontrait Franz Kafka… Cela risque d’être amusant!

● L’Odeur des Garçons affamés, de Loo Hui Phang et Frédérik Peeters, aux éditions Casterman, 110 pages. 18,95€

Yvan Le Bolloc’h: «La musique, comme les mobs, ça marche au mélange»

Dandy de grands chemins, humoriste et comédien, artiste jusqu’au bout des ongles,Yvan Le Bolloc’h trace son sillon avec passion et polyvalence. Surtout connu pour son personnage surnommé JC dans Caméra Café, l’homme possède plusieurs cordes à son arc. Ancien chroniqueur chez Europe 1, musicien confirmé et fan de rythme manouche, l’humoriste s’apprête à entamer la tournée bretonne de son one-man-show musical, Faut pas rester là! Un spectacle drôle rythmé par les morceaux de son dernier album, La Manoucherie royale.

Parce que Yvan Le Bolloc’h est avant tout un homme de scène pour qui le spectacle, c’est «faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.» Rencontre.

LE FIGARO – Le dernier épisode de Caméra Café était diffusé il y a presque treize ans. Vous arrive-t-il d’être nostalgique de cette époque?

YVAN LE BOLLOC’H – Cela a été une aventure formidable de trois ans et demi. Et pour tout vous dire, je connaissais mieux les traits fins et déliés de Bruno Solo (son partenaire dans la série) que ceux de ma femme. Ce fut un travail réjouissant. L’écriture du format a eu toute son importance. L’idée était celle du concept de la machine à café où se côtoyaient des syndicalistes et un patron très sourcilleux. Avec beaucoup d’humour. Aujourd’hui, je peux dire que je suis très fier du travail accompli.

L’aventure prend donc fin en 2003. Arrive alors le moment de se consacrer à autre chose…

Après ce travail herculéen, j’ai travaillé pour Europe 1. Et j’ai eu la chance d’interviewer les Gipsy Kings. Je leur ai demandé de jouer en live pour moi. Ce qu’ils ont fait. J’étais en lévitation. Leur musique est imprégnée de fougue, de mélancolie et du désespoir que l’on retrouve chez les peuples stigmatisés depuis des siècles. Ça a été le début de quelque chose de nouveau pour moi. J’ai réveillé une passion restée secrète pendant longtemps. Je me suis dit que je voulais jouer de la guitare comme les Gipsy Kings. Mais personne ne voulait m’expliquer leur secret. C’est finalement Jean-Philippe Brutman qui m’a donné ma première leçon de rumba flamenca après Caméra Café. J’ai pris une année sabbatique rien que pour apprendre à jouer. Je m’entraînais 4 à 6 heures par jour. Il faut qu’au début, j’avais des doigts souples comme des rayons de roues de vélos…

Finalement, comment avez-vous rencontré les gitans, qui sont devenus comme des frères pour vous?

Bizarrement, cela s’est passé sur le tournage d’un film de Jean-Pierre Mocky à Agdes. Pour la première fois, j’ai pu faire la démonstration de mes petits talents à la guitare devant des gitans lors d’une émission de radio locale. C’est à cette occasion que l’un d’eux m’a dit: «Dis, tu fais quoi ce soir?» Je ne lui ai pas dit que j’allais bêtement rentrer à l’hôtel pour m’ennuyer à cent sous de l’heure devant la télé… Une grosse Mercedes est venu me prendre et nous sommes partis en fiesta durant toute la nuit. Là, je me suis dis que c’était ça que je voulais faire. Je touchais du doigt mon rêve. Petit à petit, j’ai été adoubé par le peuple gitan. J’ai épousé son style de vie, sa liberté.

Aujourd’hui, vous entamez la tournée de votre nouveau spectacle, Faut pas rester là! Un show pétri de culture gitane…

Le spectacle est nourri de cette culture gitane. Je l’ai conçu comme une errance musicale, une ballade joyeuse et une ode à la liberté, si chère aux gens du voyage. C’est aussi une manière pour moi de défendre leur musique. On ne déconne pas avec la musique gitane. C’est la suite logique de mon parcours. Nous commençons le 6 mai à Quiberon. C’est mon deuxième Breizh Tour. En tant que Brestois, je me devais de réserver la primeure de «Faut pas rester là», à la Bretagne.

Comment cela se présente sur scène?

Hé bien, le chanteur de mon groupe est absent. Il refait la salle de bains du maire. Gros pépin… Alors une sorte de Bernardo, qui rappelle le serviteur muet de Zorro, arrive sur scène, et explique tant bien que mal au public, grâce à une gestuelle qui rappelle le langage des signes, que le spectacle ne va pas avoir lieu. Voilà une des significations du titre du spectacle: «Faut pas rester là!» Et puis, j’entre en scène avec un seul souci: trouver un chanteur. Je vais me transformer en une sorte de DRH qui tente de recruter un chanteur pour le groupe, avec des méthodes plus ou moins orthodoxes.

Concrètement, qu’y a-t-il dans le spectacle, des sketches ou de la musique?

Les deux mon général! Nous mélangeons deux disciplines: musique et comédie. Les musiciens sont intégrés au jeu. Le spectacle est un subtil mélange de douce déconne et de rumba flamenca. Je me suis servi de mes propres souvenirs pour concevoir la trame du spectacle. Et comme le groupe existe depuis dix ans, ça fait beaucoup de souvenirs… Par le biais de ce show, je raconte un peu ma vie, mon enfance en Bretagne, mes souvenirs de la Fête de l’Huma, le Dakkar, ou encore la fois où nous nous sommes produits à Dahkla au Maroc… Tout cela est un joyeux mélange. Car comme je le dis souvent, ma musique, c’est comme les mobylettes, ça marche au mélange! (rires)

● Vendredi 6 mai, à 20 h 30, palais des congrès, Quiberon. Penmarc’h le 7, Guipavas le 8, Bains-sur-Oust le 10, Saint-Julien-de-Concelles le 11, Quéven le 12, Concarneau le 13, Janzé le 15, Saint-Brieuc le 17, Pontivy le 18, Locoal-Mendon le 21, Saint-Coulomb le 22, Pacé le 24, Lannion le 26. Billets sur le site du Breizh tour et sur place avant les spectacles. Tarif: 29 € ; réduit, 20 €.

À la une ce samedi 7 mai…

Syrie– La trêve de 48H à Alep doit expirer samedi à 01H01 locale (vendredi 22H01 GMT) selon le pouvoir. Elle avait été annoncée par Russes et Américains après que le cessez-le-feu entre régime et rebelles a volé en éclats avec la reprise le 22 avril des hostilités meurtrières dans cette deuxième ville de Syrie.

Annecy – Thierry Corbalan, sportif amputé des deux bras, se lance un nouveau défi caritatif: traverser le lac d’Annecy à la nage en mono-palme.

Musique – Le groupe de hard rock australien AC/DC démarre au Portugal sa tournée européenne alors qu’Axl Rose, du groupe Guns N’ Roses, prend pour la première fois la place du chanteur Brian Johnson.

Art – Monumenta 2016, manifestation dédiée à l’art contemporain, avec pour invité Huang Yong Ping au Grand Palais.

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