Code du travail : à l’Assemblée, la majorité prépare un autre compromis

C’est un second compromis qui se prépare. Alors que la nouvelle mouture du projet de loi de réforme du code du travail doit être adoptée mercredi en Conseil des ministres, les députés socialistes préparent déjà la prochaine étape : celle des amendements. «Le gouvernement a compris qu’il fallait laisser du mou aux parlementaires, explique le socialiste Christophe Sirugue, futur rapporteur du texte à l’Assemblée nationale. Ma ligne de conduite n’est pas de démolir le texte mais d’entendre ce que disent mes collègues du groupe.» Dans un rôle de «démineur», dit-il, le député de Saône-et-Loire multiplie les rendez-vous avec Matignon et le ministère du Travail pour préparer la discussion parlementaire qui débutera fin mars-début avril en commission des affaires sociales.

Lundi, devant la presse, Manuel Valls s’est montré «évidemment» ouvert à «des évolutions» au Parlement. Mais le Premier ministre a tracé les lignes jaunes : députés et sénateurs pourront modifier le texte dans un «souci de […] juste équilibre» entre «dialogue social» d’un côté et «souplesse» et «compétitivité» pour les entreprises de l’autre. La bataille entre le gouvernement et sa majorité devrait ainsi porter sur l’article concernant les licenciements économiques. Ce fameux «30 bis», arrivé au dernier moment dans l’avant-projet de loi sous la pression du ministère de l’Economie. S’ils étaient demandeurs au départ d’un «retrait» de ce passage du texte, les députés socialistes de la commission des affaires sociales devraient désormais discuter d’une batterie d’amendements pour restreindre la définition du licenciement. Ils vont ainsi proposer que le motif du licenciement d’un salarié refusant un accord de maintien dans l’emploi reste «économique» et non pas «personnel» comme le propose le nouveau texte. Ils veulent également renforcer le rôle du juge et trouvent «trop floue» la définition donnée d’une «dégradation de la situation économique et financière». Ils comptent également élargir le périmètre de cette définition, aujourd’hui limitée à la France, et regarder les résultats économiques de l’entreprise «au moins» à l’échelle européenne si ce n’est mondiale. Problème : Matignon ne veut pas toucher à ce périmètre, casus belli pour le Medef.

Par ailleurs, des signaux aux TPE-PME devraient aussi être envoyés. «Elles ont un vrai problème de complexité administrative, souligne Sirugue, des procédures lourdes, pas sécurisées. On va faire des propositions.» Le futur rapporteur compte également «muscler» le compte personnel d’activité et fait la liste des sujets que ses collègues vont vouloir porter dans la discussion parlementaire. L’ex-ministre Benoît Hamon va ainsi tenter une nouvelle reconnaissance du burn-out dans la loi. A l’aile gauche du PS, on veut porter – notamment – des amendements pour «lutter contre le salariat déguisé dans l’économie numérique», fait savoir le député de la Nièvre, Christian Paul. Après avoir auditionné cette semaine les responsables de FO, de la CGT, de l’Unef, de l’UNL et des professeurs en droit du travail, ces députés socialistes qui appellent toujours à un retrait du projet de loi pour «le réécrire» devraient présenter, en début de semaine prochaine, leurs propositions pour «une autre réforme».

Lilian Alemagna

Pub commerciale sur Radio France : le CSA d’accord mais sous conditions

Le CSA s’est dit d’accord pour la diffusion de publicités commerciales sur les antennes de Radio France, mais a réclamé davantage de garde-fous et souhaité que l’absence de publicité sur France Culture, France Musique et FIP, soit inscrite noir sur blanc, dans un avis publié mercredi.

Le gouvernement avait soumis au CSA un projet de décret qui doit ouvrir les stations de Radio France à toutes les publicités de marques commerciales, mais en réduisant le temps de publicité à l’antenne.  Une petite révolution pour les auditeurs, car depuis 1987, les radios publiques ne pouvaient diffuser que des messages de «publicité collective ou d’intérêt général» (grandes causes, groupe publics, mutuelles…). 

Le texte autorisera Radio France à accueillir tous les annonceurs sauf les promotions de la grande distribution et les boissons alcoolisées de plus de 1,2 degré. La publicité sera plafonnée à 17 minutes par jour en moyenne annuelle par station, au lieu du plafond actuel de 30 minutes. Les radios commerciales peuvent elles diffuser environ 12 minutes par heure.

Dans cet avis, le Conseil supérieur de l’audiovisuel préconise quelques limites supplémentaires : notamment, que les publicités sur Radio France soient précédées d’un jingle spécifique et que la durée de chaque séquence de pub n’excède jamais 1mn30. Il recommande en outre que le gouvernement fixe un pourcentage maximal des recettes pour un seul annonceur, afin d’éviter qu’une marque n’occupe trop d’espace sur les ondes. Autre recommandation, fixer une durée maximum pour les messages diffusés dans le cadre de partenariats, dont ceux liés à des événements culturels et sportifs. 

Radio France devra aussi, suggère le CSA, contrôler plus précisément la durée de ses diffusions publicitaires et lui transmettre un relevé mensuel.  Il demande enfin le réexamen du dispositif dans les deux ans, pour évaluer l’impact sur l’économie du secteur. Un souhait des radios privées, inquiètes de cette concurrence sur un marché publicitaire radio en recul.  En revanche le CSA ne demande pas, comme le voulaient les radios privées, un plafonnement des recettes publicitaires de Radio France.

Pour éviter que de nouvelles publicités «ne déconcertent les auditeurs», le CSA demande de «préserver le confort d’écoute du public». La publicité représente 6% du budget de Radio France soit 42 millions attendus en 2016 sur un budget total de plus de 690 millions, avec un déficit de 16,5 millions. 

AFP

Etats-Unis : un ancien espoir du baseball raccroche, écoeuré par les insultes homophobes

Un ancien espoir de l’équipe de la Ligue majeure de baseball (MLB) des St Louis Cardinals Tyler Dunnington a mis un terme à sa carrière en 2015 parce qu’il est gay et ne supportait plus les insultes homophobes de coéquipiers et entraîneurs, a-t-il révélé mercredi.

«J’étais l’un de ces malheureux sportifs gays qui gardaient leur secret et qui ont été confrontés à l’homophobie dans le sport qu’il aimait», a écrit Dunnington dans un courrier à Outsports, un site internet qui couvre les questions homosexuelles dans le sport, amateur et professionnel. Dunnington, 24 ans, avait été choisi par les Cardinals lors de la Draft 2014: St Louis l’a ensuite envoyé s’aguerrir dans un championnat secondaire avec l’une de ses équipes affiliées, le GCL Cardinals en Floride.

Après une saison, il a décidé à la surprise de sa famille et ses amis à qui il n’avait pas révélé qu’il était homosexuel, de mettre un terme à sa carrière, sans donner de raisons. «J’ai été confronté à des remarques de coéquipiers et d’entraîneurs qui se disaient prêts à tuer des gays, et chacune de ses déclarations était comme un coup de couteau au coeur pour moi», a-t-il expliqué. «J’étais malheureux alors que je pratiquais le sport que j’adorais, j’ai finalement décidé que je devais arrêter de jouer pour sauver ma santé mentale», a souligné Dunnington.

«Je veux non seulement partager mon histoire, mais aussi m’excuser de ne pas avoir utilisé alors mon statut pour changer les choses, abandonner n’est pas la meilleure façon de répondre à l’adversité et j’admire les athlètes qui agissent en pionniers», a-t-il conclu. Les St Louis Cardinals ont indiqué dans un communiqué qu’ils allaient diligenter une enquête interne: «C’est très decevant et nous espérons que chaque joueur, chaque dirigeant, chaque employé sente qu’il est traité de manière égale et juste», ont-ils indiqué. Aucun joueur de MLB n’a jamais ouvertement reconnu qu’il était homosexuel.

AFP

« Les Ogres » : un film époustouflant sur un théâtre ambulant

Les ogres ont faim. De vie, de nourritures puissantes, de paysages, de public nombreux, de grands textes, de musiques cuivrées, de chamailleries, d’amitié et d’amour. Les ogres sont braillards, échevelés, négligés, mal fagotés, éruptifs, impudiques, idéalistes. Ils font peur à une société où tout est si petit. Et puis les ogres ne tiennent jamais en place. Précédés par des parades bon enfant, ils vont en caravane de ville en ville, à la bordure desquelles ils n’en finissent pas de planter et déplanter leur chapiteau. Ils empruntent à la fois au cirque à l’ancienne et au théâtre itinérant. Ce sont, en somme, des comédiens circassiens, des acrobates tchékhoviens, qui font, sans filet, de la voltige avec « l’Ours », du trapèze avec « la Noce » et des sauts périlleux avec « Platonov ».

Ils aiment tellement jouer la comédie qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de transformer leur existence chaotique en perpétuelle tragi-comédie : les vieux couples s’adorent et se déchirent, les larmes succèdent aux rires, les grands enfants vexés quittent la troupe sans se retourner, les grossesses sont malmenées par les kilomètres, les roulottes ne protègent plus aucun secret, les haltes dans les bistrots donnent lieu à des batailles rangées (à base de semoule) avec les autochtones, et les caisses de la troupe sont presque toujours vides.

Adèle Haenel, lumineuse

C’est infilmable, et pourtant Léa Fehner l’a filmé. Caméra portée et en mouvement, épousant jusqu’au tournis la piste circulaire à 360°, faisant la part belle aux improvisations, et semblant toujours pressée de prendre son temps (deux heures et demie !), la jeune réalisatrice de « Qu’un seul tienne et les autres suivront » signe un deuxième film époustouflant. Où tout est dit de la candeur et de la ferveur de ces pèlerins du théâtre que rien n’arrête dans leur course folle ; de la puissance et de la fragilité de ces familles recomposées qui vivent en autarcie et dans la précarité, mais ont la fierté de leur art.

Elle-même enfant de la balle, Léa Fehner, 34 ans, n’a pas craint d’embarquer dans l’aventure ses propres parents, François Fehner et Marion Bouvarel, qui ont fondé il y a vingt ans un théâtre ambulant, L’Agit, et qui règnent ici sur une troupe imaginaire dans laquelle la lumineuse Adèle Haenel se fond comme si elle avait grandi sur les routes.

Alors bien sûr, les raisonneurs, les culs-pincés, les curistes, les sédentaires, les fans de cinéma congelé et les abonnés des salles en velours rouge trouveront ces ogres trop exubérants, trop rabelaisiens, trop felliniens, trop hurleurs, trop partageurs, trop généreux. Mais on les plaint. Ils sont déjà morts, et Léa Fehner est vivante. Applaudissements.

Jérôme Garcin

♥♥♥♥ « Les Ogres« , par Léa Fehner. Comédie dramatique française, avec Adèle Haenel, Marc Barbé, Lola Dueñas, François Fehner (2h25).

Atwood, Montero, Le Guin: les grands hommes de la SF sont des grands-mères

Bruna Husky n’a que dix ans à vivre. C’est une androïde qui, contrairement à ces «lents et lourds pachydermes» d’humains dont l’existence s’étire interminablement, possèdela longévité d’un papillon dans un corps de brute épaisse.

Présentement, la belle Bruna cherche à quitter la Zone Zéro, une banlieue du monde où vivent des classés qui ne peuvent se permettre de résider dans les Zones Vertes, moins polluées. En Zone Zéro, l’air est gorgé de sulfure et d’oxyde, un cocktail qui vous crame les poumons s qu’on met le nez dehors. Les sous-hommes qui peuplent cette charge à ciel ouvert aimeraient bien fuir, mais une paroi en méthacrylène renforcé les dissuade de tenter quoi que ce soit de ce genre.

Science-fiction, ton univers impitoyable. Tes robots, tes extraterrestres, tes mutants. Tes romans aux couvertures colorées, où Martiens sanguinaires et araignées géantes semblent s’être donné le mot pour envahir la Terre et asservir l’Humanité. Tes auteurs à l’imagination impayable, toujours prêts à inventer des mondes – H.G. Wells, Ray Bradbury, Stanislas Lem (le romancier de «Solaris»), pour n’en citer que quelques-uns. Tous des hommes ? Pas du tout. Si vous imaginez que, pour écrire un roman SF, il faut être un type chauve, collectionner des figurines R2-D2 et regarder sans fin des vidéos de tarentules géantes, vous vous trompez. Les grands hommes dela science-fiction, aujourd’hui, sont des femmes et elles sont en âge d’être grand-mères.

Prenons Rosa Montero. L’auteur du «Poids du cœur», deuxième tome du cycle Bruna Husky qui vient de paraître en France, est une élégante Madrilène de 65 ans, collaboratrice du quotidien «El País» qui, quand la nuit tombe, imagine des «technos de combat», des «guerres robotiques» et toute une panoplie de gadgets futuristes à faire saliver le professeur Q de James Bond.

Mais où va-t-elle donc chercher tout ça? «J’ai toujours aimé la science-fiction, répond-elle. J’ai commencé à lire Jules Verne et H. G. Wells quand j’étais enfant. J’ai publié mon premier roman de science-fiction, “Temblor”, il y a vingt-cinq ans.» Parmi ses influences, Rosa Montero cite Asimov, Clarke, Lem, Bradbury, Philip K. Dick, Ballard ou Gibson (que des messieurs !), mais aussi celle qu’elle tient pour l’une des grandes romancières du XXe siècle, Ursula Le Guin.

La « fiction spéculative »

Fille de zoologue née dans l’Ontario, Margaret Atwood a grandi dans les forêts du Canada. Savoir reconnaître les empreintes d’un loup ou d’un écureuil ne la prédisposait nullement à remporter le prix Arthur C. Clarke (la récompense la plus prestigieuse en matière de littérature de science-fiction anglo-saxonne) pour le livre qu’elle a publié en 1985, «la Servante écarlate», un roman qui s’est vendu depuis à des millions d’exemplaires dans le monde.

L’histoire ? Celle deDefred, une femme vêtue de rouge qu’une dictature asservit, l’obligeant à procréer pour assurer la survie du genre humain, sans que celle-ci puisse faire valoir son droit au sir et à la séduction. Dans cette république gouvernée par une confrérie de fanatiques, les femmes sont une espèce en voie de disparition. Une fable qui a fait bondir les ultrareligieux dont certains ont jugé le roman «antichrétien et pornographique».

L’auteur confie, du reste, que son livre a toujours excité les dingos en tous genres: «Le roman a été banni de certains lycées. Des lecteurs m’ont envoyé des photos de leurs tatouages empruntés à des phrases du livre. Certains se guisent en servante écarlate pour Halloween. Je n’avais rien imaginé de tout cela en l’écrivant.»

Peut-être, mais, à 76 ans, Margaret Atwood est l’une des figures majeures dela littérature de science-fiction. Un mot qui lui plaît du reste: elle préfère parler de«fiction spéculative». Militante écologiste, fervente utilisatrice de Twitter (avec un million d’abonnés au compteur), Margaret Atwood explique qu’elle a beaucoup lu, dans les années 1940 et 1950, les œuvres de Huxley, Orwell, Bellamy, Bradbury.

Margaret Atwood (Pascal Saez/Sipa)

Quand elle commence à écrire «la Servante écarlate», au printemps 1984, la romancière se trouve à Berlin-Ouest. Le mur de barbelés qui sépare l’Est et l’Ouest semble tout droit sorti d’un de ces romans dont elle raffole. Pas besoin de voyages interplanétaires pour entrevoir des royaumes fantastiques: notre barbare XXe siècle constitue, pour Margaret Atwood, une matrice romanesque que H.G. Wells fut l’un des premiers à ensemencer.

La SF, un club masculin ?

Si les mondes étranges que crivent Atwood et Montero sont froids, inquiétants, inhumains, c’est aussi qu’ils annoncent les sordres écologiques de notre époque. Sur les ruines de l’utopie, la barbarie techno-informatique exerce un pouvoir qui ne laisse aucune place à la singularité affective.

Dans «la Servante écarlate», l’amour est un penchant criminel, et la tristesse, dans «Des larmes sous la pluie», le roman de Rosa Montero, apparaît comme un inutile et dangereux «luxe émotionnel». C’est Nopal qui, dans le livre, a forgé de toutes pièces la cybernétique Bruna, mais il a enfreint toutes les règles: il a doté sa dernière création de ses propres souvenirs, quand les autres n’ont droit qu’aux émotions de base. «Pauvre Husky: parce qu’il s’agissait de sa dernière œuvre, elle avait reçu le cadeau empoisonné de sa douleur.»

On a compris que la science-fiction était loin d’être un club exclusivement masculin. L’une des pionnières du genre, Ursula Le Guin, a influencé des générations d’auteurs des deux sexes avec son cycle de «Terremer» ou son livre le plus célèbre, «la Main gauche dela nuit», paru en 1969. Fille d’un célèbre anthropologue, Ursula Kroeber naît à Berkeley, en Californie, et passe ses étés dans un ranch que son père avait acheté à Napa Valley.

« C’était à la fin des années 1930, raconte-t-elle. Il y avait des réfugiés arrivant de partout, des gens du monde entier. C’était très contracté.» Ursula lit avec passion «le Rameau d’or» de Frazer, rédige vaillamment une thèse sur la poésie de Ronsard, semble promise à une très ennuyeuse carrière professorale. C’est qu’elle les aime, les universitaires. Elle en épouse même un, professeur d’histoire à l’université de Portland, qu’elle rencontre sur le «Queen Mary», lors d’un voyage transatlantique. Ursula devient ainsi Mme Le Guin.

Fait étrange, l’université a toujours été un vivier pour les romanciers de science-fiction. A commencer par Tolkien, ce philologue pur et dur qui, lorsqu’il ne préparait pas ses cours sur les sagas islandaises écrites en vieux norrois, lançait ses créatures terrifiantes à l’assaut de Minas Tirith dans «le Seigneur des anneaux».

La gent féminine a-t-elle marqué la science-fiction d’une empreinte particulière? Pas pour Margaret Atwood: «Affirmer que la science-fiction est un genre plutôt masculin ou plutôt féminin reviendrait à sous-entendre que tous les hommes écrivent dela même façon, que les romancières disent toutes la même chose. Tout ce qu’on peut reconnaître, c’est que les auteurs masculins de science-fiction, au XXe siècle, ont toujours pris un malin plaisir à shabiller leurs pulpeuses héroïnes – mais quoi de neuf sous le soleil ?»

La différence, si différence il y a, avec les romanciers mâles, tient peut-être dans ce que, chez les dames, les explorations futuristes sont davantage l’occasion d’une réflexion sur la société humaine et son organisation qu’un bourre-pif généralisé à la «Mad Max». Dans «la Main gauche dela nuit», Ursula Le Guin explore une planète gelée, semblable au no man’s land glacé filmé par Christopher Nolan dans «Interstellar». Les habitants y sont asexués, sauf pendant leur poussée hormonale qui, au gré du hasard, les transforme tous les mois en homme ou en femme. Dans les années 1970, le roman fait l’effet d’une bombe. Et il alimentera, aux Etats-Unis, la réflexion post-gender qui renvoie l’antique distinction homme-femme au rang de vieillerie obsolète.

Aujourd’hui trois fois mère et trois fois grand-mère, Ursula Le Guin réside à Portland, dans une maison victorienne, avec son chat. Pour l’aventure, vous repasserez. Sans doute s’est-elle toujours passionnée pour les philosophies orientales, mais, comme Philip K. Dick (les deux étaient dans la même classe au collège), elle n’a pour ainsi dire jamais quitté son bled.

Ce qui n’a pas empêché Ursula delaisser galoper son imagination au fil d’une centaine de livres, au bas mot. Sa passion pour le fantastique, comme celle de Margaret Atwood, a contribué à populariser le genre, et surtout à le faire accepter, dans les milieux intellectuels, comme un domaine à part entière, aussi digne d’intérêt que la fiction classique. «Quand je raconte les aventures de Bruna Husky, confirme Rosa Montero, je m’inspire surtout des auteurs que j’aime, de Nabokov à Borges, de Conrad à George Eliot, de Flaubert à Patricia Highsmith.»

Il est vrai que la romancière espagnole est tout-terrain. Figurez-vous que son précédent livre, «l’Idée ridicule de ne plus jamais te revoir», se roulait dans le Paris des années 1900 ! Elle y racontait la mort de Pierre Curie et la vive douleur de sa femme, Marie. En somme, les sentiments, c’est un sacré voyage aussi – dela science-fiction sans les soucoupes volantes.

Didier Jacob

La science-fiction, un truc de garçons ?

A lire

Le Poids du cœur, par Rosa Montero, traduit par Myriam Chirousse, Métailié, 360 p. , 22 euros.

La Servante écarlate, par Margaret Atwood, traduit par Sylviane Rue Malroux, Robert Laffont Pavillons poche, 546 p. , 11,50 euros.

Tehanu, par Ursula Le Guin, traduit par Isabelle Delord-Philippe, Le Livre de poche, 290 p. , 6,60 euros.

Article paru dans « L’Obs » du 3 mars 2016.

Fusillades à Bruxelles : un suspect tué, une policière française blessée

Un suspect a été tué mardi à Forest (une commune de Bruxelles) lors d’une vaste opération de police franco-belge lancée après une série de fusillades, débutées à la suite d’une perquisition dans le cadre du volet belge de l’enquête sur les attentats de novembre à Paris. Quatre policiers, dont une française, ont été légèrement blessés au cours d’un échange de tirs qui a débuté vers 15 heures.

Le ministre belge de la Justice s’est exprimé au cours d’une conférence de presse débutée peu après 21 heures, alors que les opérations se poursuivaient alors encoredans la chaussée de Neerstalle, toujours à Forest, d’après la RTBF. «Nous avons sans doute eu beaucoup de chance, avec quatre blessés légers, car cela aurait pu être un drame», a déclaré le Premier ministre Charles Michel au cours de ce point presse. «L’enquête se poursuit activement, de jour comme de nuit, et il n’est pas possible de donner davantage de précisions actuellement afin de ne pas nuire à l’enquête» précise un communiqué du parquet fédéral, qui signale qu’une nouvelle conférence de presse aura lieu ce mercredi à 10h30.

Revenons sur les faits. Vers 16h45, d’autres coups de feu sont tirés, selon la RTBF, à travers la porte de l’habitation que la police était venue perquisitionner, et où un individu s’était retranché. Un quatrième policier a été touché lors de cette deuxième fusillade. L’individu à l’origine des coups de feu a été tué arme à la main lors d’un assaut donné vers 18h20, ont rapporté les médias belges, citant le parquet fédéral belge. Son identité n’a pas encore été dévoilée, mais on sait d’ores et déjà qu’il est soupçonné d’être lié à la mouvance jihadiste. Selon BFMTV, cette personne était connue des services de police. 

Selon Le Soir, un deuxième homme s’était parallèlement retranché dans un terrain vague situé non loin de l’habitation. La police avait encerclé les lieux, où un chien policier muni d’une caméra avait été envoyé pour une inspection. Le Soir avait précisé plus tôt que «les forces policières [étaient] incapables de déterminer si elles [avaient] ou non affaire à plus de deux agresseurs». Le bourgmestre de Forest, Marc-Jean Ghyssels avait lui aussi déjà indiqué qu’il était impossible à ce stade de connaître précisément le nombre des tireurs, dont certains pourraient par ailleurs être actuellement en fuite, ni leur identité potentielle, ni le type d’armes utilisées. D’après La Dernière Heure deux suspects avaient pris la fuite par les toits des habitations après la première fusillade. Pour l’heure, on ne sait pas si ces personnes évoquées à l’époque par le quotidien belge sont les deux hommes cernés plus tôt par la police, ni si un ou deux autres suspects sont toujours en fuite.

La perquisition ne concernait pas Salah Abdeslam

Située non loin du quartier populaire de la gare du Midi de Forest, la rue Dries, où la fusillade a éclaté dans l’après-midi, a rapidement été fermée à la circulation, aux transports en commun, et le quartier bouclé. Un périmètre de sécurité a été mis en place. L’école et la crèche situées dans la même rue ont été bouclées, avec les élèves à l’intérieur, en sécurité selon le cabinet du bourgmestre de Forest, cité par Le Soir, lequel indiquait avoir débuté l’évacuation des autres écoles et crèches pas directement situées dans la rue Dries vers 19 heures. Un important dispositif policier franco-belge avait déjà été déployé, selon les ministres de l’Intérieur français et belge Bernard Cazeneuve et Jan Jambon, et un hélicoptère sillonnait les alentours.

Onze personnes ont été inculpées à ce jour en Belgique en lien avec les attaques qui avaient fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015. L’enquête a montré que ces attentats avaient largement été préparés et coordonnés depuis Bruxelles. Huit de ces onze inculpés sont toujours en détention provisoire. Un suspect clé, Salah Abdeslam, originaire de la commune bruxelloise de Molenbeek, n’a jamais été appréhendé. Le Français serait resté caché du 14 novembre au 4 décembre dans un appartement de Schaerbeek, en région bruxelloise, avait rapporté mi-février La Dernière Heure.

Les autorités belges ont cependant précisé mardi que la perquisition franco-belge organisée cet après-midi rue Dries ne concernait pas Salah Abdeslam. Celle-ci avait été organisée sans renfort particulier, car les policiers franco-belges ne s’attendaient pas forcément à trouver des personnes dans l’appartement visé, réputé vide, selon la RTBF, et visait «l’entourage d’un ou plusieurs» des onze hommes déjà inculpés en Belgique, selon une source policière française; citée par l’AFP. Mardi soir, le parquet fédéral belge a précisé que l’homme retrouvé mort dans l’habitation n’était pas Salah Abdeslam. 

LIBERATION

Les garde-côtes argentins coulent un navire de pêche chinois

Les garde-côtes argentins ont coulé mardi un bateau de pêche chinois après avoir été attaqués par ce navire dans les eaux territoriales argentines, dans l’Atlantique sud, ont annoncé les autorités du pays sud-américain.

Le Lu Yan Yuan Yu 010 «a été détecté alors qu’il pêchait illégalement. Le navire en infraction a tenté d’entrer en collision avec les garde-côtes de la préfecture navale. L’ordre de tir a été donné, causant des avaries», selon un communiqué de la préfecture navale. Les membres de l’équipage du navire chinois ont pu être secourus. Le capitaine du navire chinois devait être livré à la justice et entendu par un magistrat.

L’incident est survenu au large de la Patagonie. C’est la base navale située dans la ville de Puerto Madryn, à proximité de la zone touristique de la Péninsule de Valdès, qui a découvert la présence du bâtiment chinois. Les garde-côtes ont tiré sur la coque du navire après les communications et sommations de rigueur, assurent les autorités argentines. «Le capitaine n’a stoppé les moteurs que lorsque le bateau a commencé à couler, l’équipage a pu quitter le navire», selon la version argentine. Deux autres bateaux de pêche opéraient illégalement dans la zone, selon la Préfecture navale argentine.

La semaine dernière, lors d’une patrouille au large de la Péninsule de Valdès, les autorités navales argentines avaient tiré en direction d’un navire pêchant illégalement dans la zone économique exclusive de l’Argentine. La pêche illégale est fréquente dans les eaux poissonneuses de l’Atlantique sud, notamment des navires chinois et russes.

AFP

Pamela Anderson, reviens !

La nouvelle est d’importance. Copé est de retour ? Bof. Michel Polnareff remonte sur scène ? Indifférence. Platini s’oppose à l’arbitrage par vidéo ? On s’en talque le nombril. Le vrai scoop de cette semaine m’a été communiqué par l’attaché de presse de Paramount, qui m’annonce, dans un mail estampillé « pour distribution immédiate », le début du tournage de « Baywatch : alerte à Malibu ». Ça, c’est du solide ! Du dur ! Alors qu’on est noyé sous les drames philippins, les divorces sud-américains, les adoptions africaines, les conflits du travail à Saint-Nazaire, enfin un rayon de soleil ! Sea, sex and sun, y a que ça de vrai !

Inutile de vous dire que, vu l’émotion (purement artistique, vous me connaissez) que m’ont procuré, dans le temps, les grandes actrices d’ »Alerte à Malibu » – je cite, en vrac, Nicole Eggert, Yasmine Bleeth, Erika Eleniak, Carmen Electra et, bien sûr, Pamela Anderson, des filles qui ont porté la bimboïsation à un niveau supérieur – je me suis précipité pour voir les photos des nouvelles arrivantes. Et, je te le donne Émile, elles sont canon-top-de-la-fiesta. Il n’y en a pas une qui peut prendre sa douche en se mouillant les pieds. C’est le signe d’une grande exigence cinématographique.

Un Prix de la Bimbo d’or ?

Donc, pour Alexandra Daddario (aperçue dans « True Detective »), je dirais trois étoiles. Kelly Rohrbach, mannequin pour maillots de bain dans « Sports Illustrated », quatre étoiles ; Ilfenesh Hadeka a de très beaux pieds (selon le site « WikiFeet.com »), mais je réserve mon jugement ; et Priyanka Chopra, ex-Miss Monde, est tout simplement sublime, cinq étoiles d’or, de platine et de Nutella. Le reste, l’intrigue, les acteurs masculins, la mise en scène, le scénario, les dialogues, les costumes, le montage, la musique, le décor, who cares ? Seul le lâcher de bimbos sur la plage de Malibu nous intéresse. Il est d’ailleurs temps de revaloriser l’image de la fille carénée comme un missile sol-sol, en maillot rouge, se jetant à l’eau pour sauver les bébés phoques, les sexagénaires cardiaques, les épouses droguées, et les surfeurs évanouis.

Une photo publiée par therock (@therock) le 3 Mars 2016 à 11h04 PST

The Rock et Priyanka Chopra (@therock / Instagram)

C’est ce qui nous manque, dans le cinéma actuel (français notamment). Nous avons Julie Gayet, Catherine Frot, Marion Cotillard, Mélanie Laurent, Charlotte Gainsbourg, Mathilde Seigner, Sylvie Testud, oui. Des bonnes comédiennes, certes. Mais pas des bimbos. La situation est grave. Quand la bimbo vient à manquer, le bambou tend à s’affaisser (vieux proverbe tibétain). Je ne critique pas, j’alerte.

L’histoire secrète de la sextape de Pamela Anderson et Tommy Lee

Le Centre National du Cinéma devrait se saisir du problème. Créer une Bourse des Bimbos, un Prix de la Bimbo d’or, un concours de la Bimbo Mieux-Disante, je sais pas moi. Si on est obligés de feuilleter en soupirant les numéros de « Swimsuit Illustrated » pour admirer Lily Aldridge, Kate Upton, Sara Sampaio ou Chanel Iman, c’est que le cinéma ne nous offre plus de quoi réjouir la rétine. Même James Bond a abandonné le filon : Léa Seydoux, c’est l’anti-bimbo par excellence. Elle est aussi sexy qu’un œuf dur mayo. Le retour d’ »Alerte à Malibu » réchauffe le cœur. Ce n’est pas du cinéma, dieu merci. C’est mieux : du cinoche. Pamela Anderson, reviens !

François Forestier

Htin Kyaw, proche de Aung San Suu Kyi, élu président de Birmanie

Htin Kyaw, un fidèle compagnon de dissidence d’Aung San Suu Kyi, est devenu le nouveau président de la Birmanie, le premier démocratique élu depuis des décennies, après un vote du Parlement mardi. La Ligue nationale pour la démocratie (NLD), qui a largement remporté les législatives de novembre, a proposé le nom de ce proche de la prix Nobel de la paix, qui ne peut elle-même devenir présidente en raison de la Constitution héritée de la junte. Il a été élu, sous les applaudissements, par 360 voix sur un total de 652 députés.

Le président et le nouveau gouvernement, dont la composition devrait être annoncée dans les jours qui viennent, prendront leurs fonctions le 1er avril. Après son éclatante victoire lors des législatives de novembre 2015, la NLD était certaine de pouvoir faire élire son candidat malgré la présence au Parlement d’un quart de députés militaires non élus. Mais le parti n’a pu avancer la candidature d’Aung San Suu Kyi, la Constitution interdisant la fonction à quiconque a des enfants de nationalité étrangère, ce qui est le cas d’Aung San Suu Kyi, qui a deux fils britanniques. Mais la dame de Rangoun a déjà prévenu qu’elle serait «au-dessus» du président.

Les deux autres candidats, celui de la chambre haute et celui présenté par les militaires, vont devenir vice-présidents. Ils ont respectivement obtenu 79 voix et 213 voix. Choisi pour sa loyauté envers la prix Nobel de la Paix, Htin Kyaw, fils d’un poète birman très célèbre, est un ami d’enfance d’Aung San Suu Kyi, qui a été la première à voter devant le parlement réuni en session conjointe. Htin Kyaw est le premier président civil du pays depuis des décennies après près de 50 années de dictature militaire suivi par la constitution d’un gouvernement dirigé par d’anciens généraux. Aung San Suu Kyi n’a toujours pas précisé si elle serait ministre du gouvernement qui doit être formé pour début avril ou si elle tirera les ficelles de l’exécutif depuis son poste de députée.

AFP

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