Nouvelle fusillade sur un campus au Texas, un mort

Quelques heures seulement après une fusillade dans une université de l’Arizona, un nouveau campus universitaire, au Texas cette fois, a été visé par des tirs qui y ont fait un mort, a annoncé la police.

Tous les étudiants et employés de la Texas Southern University ont été confinés dans les classes et les bureaux plusieurs heures. Tous les cours sont annulés, a indiqué dans un communiqué la direction de l’établissement.

 

Classes are canceled for remainder of the day.

— Texas Southern (@TexasSouthern) October 9, 2015

Une personne a été tuée par balle, une autre a été blessée et deux suspects ont été placés en garde à vue, a précisé l’établissement. Les faits se sont produits vers 11h30 (18h30 heure française), selon la police locale.

Une autre fusillade dans cette même résidence étudiante avait éclaté vers minuit, selon l’université. Et, durant cette même nuit de jeudi à vendredi, une dispute entre étudiants a fait un mort et trois blessés par balles sur le campus de l’université Northern Arizona.

Ces fusillades sont intervenues une semaine après une tuerie sur un autre campus américain, dans l’Etat de l’Oregon où est arrivé vendredi le président américain Barack Obama pour rendre hommage aux victimes.

Les associations luttant contre la prolifération des armes ont immédiatement réagi vendredi en dénonçant la multiplication des fusillades sur les lieux d’enseignement scolaire en Amérique. «Deux fusillades sur des campus universitaires aujourd’hui. N’en avons-nous pas assez?», a demandé l’association Brady Campaign, en pointe dans la lutte pour un contrôle accru des armes personnelles aux Etats-Unis.

 

Two shootings on college campuses TODAY. Haven’t we had #enough, yet? http://t.co/UPQucY0yB0#StopGunViolence

— Brady Campaign (@Bradybuzz) October 9, 2015

LIBERATION avec AFP

XXII – Le politique et les jeunes, chez Monsieur Buffon.

 BLE1557003 copie

A l’ Association Impulsion 75

– Monsieur, je vous respecte parce que vous êtes venu et que vous nous avez écouté.

– Je vais vous dire, je comprends pas, depuis mes quatorze ans , je  suis  à la rue , j’en ai 24 aujourd’hui , et il n’y a toujours pas de solution, sauf qu’ici j’ai trouvé des gens 

-J’ai décroché en seconde, et j’ai vécu la nuit, mais sans diplôme..

– C’est bien que vous veniez mais vous les politiques, on voit pas toujours ce que vous faites.

Au Lycée Buffon, des jeunes en décrochage scolaire présentaient des improvisations théâtrales et dialoguaient avec Claude Bartolone.

Staniero appréciait l’architecture du lycée, briques et grands cours, arcades à l’ancienne, un lycée pour tourner un film.  Une jolie blonde parlait de la boxe, qui met tout le monde sur un plan d’égalité.

Les photographes tournaient, écoutaient d’un oeil, consultaient déjà leurs photos sur les smartphones et contemplaient le disque tournoyant de l’envoi d’une image.

 

© Bruno Levy

 

« Liberté pour Erri De Luca » : l’appel de 65 cinéastes

Les autorités françaises et italiennes ont le projet de relier Lyon à Turin par un TGV au travers des Alpes afin de raccourcir de 45 minutes la liaison entre les deux villes. Le coût est estimé aujourd’hui à 28 milliards d’euros. Un tunnel de 45 km devrait être creusé. L’opposition dans les vallées montagnardes est grande, particulièrement dans le Val de Suse. Ces contestations ont entraîné un retard de plusieurs années. En alpiniste, l’écrivain Erri De Luca a joint sa voix à ces mouvements.

« La ligne à grande vitesse doit être sabotée » déclara-t-il au téléphone à un journaliste du «Huffington Post» italien. La société publique franco-italienne, basée à Chambéry et présidée par un haut-fonctionnaire français, porta plainte contre lui au tribunal de Turin, pour «avoir incité à commettre un ou plusieurs délits.»

L’écrivain a toujours soutenu qu’il parlait au figuré. Si les hauts fonctionnaires du TGV comprirent cette phrase au sens littéral, qu’y pouvait-il? En artisan des mots, il eut à cœur de s’en expliquer dans un livre publié dans une dizaine de pays, «La Parole contraire». Dans un entretien à «Lire», il y revint:

C’est un mot qui n’est pas forcément synonyme de dégradation matérielle: saboter, ce peut être faire grève, faire obstruction, mal appliquer un ordre. C’est une formule de résistance civile, qui en appelle à la fraternité.»

En vain.

Le procureur de Turin a requis, le 21 septembre dernier, 8 mois de prison ferme contre Erri De Luca.

Le verdict sera prononcé le lundi 19 octobre.

Qui pouvait penser, après l’attentat contre «Charlie Hebdo», que, dans une Europe dont les dirigeants manifestaient pour la liberté d’expression, on expérimenterait de nouvelles procédures de contrôle de la syntaxe de nos belles langues? Comment imaginer que des écrivains puissent être déféré à une Police des mots?

Nous demandons le retrait de la plainte de la société publique basée à Chambéry. Après tout, interrogé à propos du sort promis à Erri De Luca, le président de la République avait déclaré au Salon du livre le 21 mars 2015 que les auteurs «ne doivent pas être poursuivis pour leurs textes».

Appel européen : Liberté pour Erri De Luca

La LTF, la Lyon-Turin Ferroviaire, une société publique franco-italienne, a mené les études préparatoires pour un tunnel TGV de 57 kilomètres au travers des Alpes pour nous entraîner encore plus dans une vie à grande vitesse. Elle a déposé plainte à Turin contre Erri De Luca pour des propos sur le sabotage du projet dans une interview accordée au «Huffington Post» italien. Le procureur a requis huit mois de prison ferme.

Nous avons lu «La Parole Contraire», un livre publié aux éditions Gallimard, où il défend sa liberté de parole. Alors que la France s’est récemment mobilisée pour la liberté d’expression, comment pourrait elle laisser un écrivain risquer la prison pour ses déclarations publiques ?

En lecteurs, nous exprimons notre solidarité avec Erri De Luca.

En citoyens du monde, nous demandons aux États français et italiens de faire retirer cette plainte d’une société dont ils sont aujourd’hui les seuls actionnaires.

En défenseurs de la liberté d’expression, nous n’acceptons pas qu’un écrivain soit poursuivi pour ses mots.

65 signataires :

Mathieu Amalric, réalisateur (France), Claudio Amendola, acteur (Italie), Valerio Aprea, acteur (Italie), Ariane Ascaride, actrice (France), Jacques Audiard, réalisateur (France), Julie Bertuccelli, réalisatrice (France), Bertrand Bonello, réalisateur, scénariste (France), Catherine Breillat, romancière, réalisatrice, scénariste (France), Stéphane Brizé, réalisateur (France), Daniel Buren, sculpteur (France), Dominique Cabrera, réalisatrice (France),Thomas Cailley, réalisateur (France), Clara Caleo Green, directrice de l’Italian Film Festival in London (Grande-Bretagne), Laurent Cantet, réalisateur (France), Malik Chibane, réalisateur (France), Francesca Comencini, réalisatrice, scénariste (Italie), Catherine Corsini, réalisatrice, scénariste, actrice (France), Constantin Costa-Gavras, réalisateur (France), Isa Danieli, actrice (Italie), Claire Denis, réalisatrice (France), Dante Desarthe, acteur, réalisateur, producteur (France), Arnaud Desplechin, réalisateur (France), Jérôme Diamant-Berger, réalisateur, producteur (France), Evelyne Dress, comédienne, écrivaine (France), Joel Farges, réalisateur, scénariste, producteur (France), Pascale Ferran, réalisatrice (France), Alessandro Gassman, acteur, scénariste, réalisateur (Italie), Fabrizio Gifuni, acteur (Italie), Fabienne Godet, réalisatrice, scénariste (France), Robert Guédiguian, réalisateur (France), Christophe Honoré, réalisateur, écrivain (France), Gilles Jacob (France), Joël Farges, réalisateur (France), Agnès Jaoui, actrice, réalisatrice (France), Jacques Kébadian, réalisateur (France), Jean-Marie Larrieu, réalisateur, scénariste (France), Jean-Louis Leconte, réalisateur, scénariste (France), Thomas Lilti, réalisateur, scénariste (France), Olivier Lorelle, scénariste (France), Valerio Mastrandrea, acteur (Italie), Delphine Morel, productrice (France), Angelo Orlando, acteur (Italie), Charles Najman, réalisateur (France), Nicolas Namur, producteur, réalisateur (France), Vladimir Perisic, réalisateur (France, Serbie), Thierry de Peretti, comédien, réalisateur (France), Nicolas Philibert, réalisateur (France), Jérôme Prieur, écrivain, cinéaste (France), Domenico Procacci, producteur (Italie), Olga Prud’homme Farges, réalisatrice, productrice (France), Marco Risi, réalisateur (Italie), Brigitte Roüan, actrice, réalisatrice (France), Pierre Salvadori, réalisateur, scénariste, acteur (France), Marc Sandberg, producteur (France), Jean-Pierre Sauné, producteur, réalisateur (France), Céline Sciamma, scénariste, réalisatrice (France), Agnès Soral, actrice, auteur (France), Philippe Torreton, acteur (France), Bernard Tavernier, réalisateur (France), Daniele Vicari, réalisateur, scénariste (Italie), Wim Wenders, réalisateur, (Allemagne), Massimo Wertmuller, acteur, metteur en scène (Italie), Emmanuelle Zelez, monteuse, actrice (France), Christian Zerbib, réalisateur, scénariste, producteur (France), Rebecca Zlotowski, scénariste, réalisatrice (France).

Les nouvelles signatures seront recueillies sur http://soutienaerrideluca.net/accueil/

Le Nobel de la paix attribué au quartet de dialogue national tunisien

Le Nobel de la paix a été attribué vendredi au quartette de dialogue national tunisien. Les quatre organisations qui conduisent, depuis 2013, le dialogue national en Tunisie ont été primées «pour [leur] contribution décisive à la construction d’une démocratie pluraliste à la suite de la Révolution de jasmin de 2011», a annoncé le comité Nobel norvégien vendredi.

BREAKING NEWS The 2015 Peace #NobelPrize is awarded to the National Dialogue Quartet in Tunisia pic.twitter.com/3O9jzwBK08

— The Nobel Prize (@NobelPrize) 9 Octobre 2015

Composé de l’UGTT, syndicat historique en Tunisie et fer de lance pour son indépendance, du patronat (Utica), de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) et de l’Ordre des avocats, le quartette a été formé «alors que le processus de démocratisation était en danger en raison d’assassinats politiques et de vastes troubles sociaux», a souligné le comité. 

Le quartet avait lancé le dialogue national en octobre 2013, avec l’objectif de former un gouvernement d’indépendants dans les trois semaines et à d’adopter la future Constitution dans le mois. Deux mois plus tard, ces objectifs n’étaient toujours pas été atteint ce qui avait semé le doute sur le succès du processus – doute dont s’était fait l’écho le politiste Choukri Hmed, du CNRS, dans une tribune publiée dans Libération.

Mais le dialogue national supervisé par le quartet a finalement abouti un an plus tard à l’adoption d’une nouvelle Constitution en janvier 2014.

A lire aussi : «L’écrasante majorité des Tunisiens peuvent se reconnaître dans ce texte»

Le quartette a également abouti à l’arrivée au pouvoir, en décembre 2014, du président Beji Caïd Assebsi, devenu, quatre ans après la révolution qui déclencha le Printemps arabe, le premier chef de l’Etat élu démocratiquement de l’histoire du pays. Il a donc été «crucial» pour permettre à la Tunisie plongée dans le chaos des Printemps arabes «d’établir un système constitutionnel de gouvernement garantissant les droits fondamentaux pour l’ensemble de la population, sans condition de sexe, de convictions politiques (et) de croyances religieuses», explique le comité norvégien.

Federica Mogherini, Haute représentante de l’Union Européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité a réagi sur Twitter : 

#PrixNobel de la Paix au Quartet de Dialogue National #Tunisie. Modèle pour résoudre les crises dans la région: unité nationale & démocratie

— Federica Mogherini (@FedericaMog) 9 Octobre 2015

Tout comme la Ligue internationale des droits de l’homme : 

Quartet tunisien #PrixNobel de la paix !!! Mabrouk à notre organisation membre @ltdh_tunisiehttps://t.co/UPSN4Zr6VMpic.twitter.com/Q0nHDHuOk7

— FIDH (@fidh_fr) 9 Octobre 2015

Tout comme le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius :

Prix Nobel de la paix pour la Tunisie : un exemple et un espoir !

— Laurent Fabius (@LaurentFabius) 9 Octobre 2015

 

LIBERATION

Rugby : et si Japonais et Gallois chamboulaient tout…

L’Angleterre éliminée, la France qualifiée… Pour beaucoup la première partie de la Coupe du Monde serait terminée et il faudrait désormais attendre les quarts de finale pour s’y intéresser à nouveau. Pourtant, même après les émotions du week-end dernier, l’enjeu de la dernière journée des matches de poule est encore très fort. Six équipes sont d’ores et déjà assurées de disputer les quarts: Australie et Pays de Galles dans la poule A, Afrique du Sud (B), Nouvelle-Zélande (C), Irlande et France (D); l’Argentine (C) y a un pied et 9 orteils, car on ne l’imagine pas perdre contre la Namibie. Mais plusieurs matchs seront lourds d’enjeux ce week-end: Galles-Australie et France-Irlande désigneront les vainqueurs des poules A et D et donc des affiches de quart de finale. Ecosse-Samoa et Japon-Etats-Unis, décideront du dernier quart de finaliste. Décryptage.

France-Irlande, une vraie finale

Après un tour de chauffe contre l’Italie, la Roumanie et le Canada, les choses sérieuses commencent pour le XV de France. Il y a quatre ans, en terminant deuxième de poule, même si ce n’était pas volontaire, la France avait fait un bon calcul car elle avait ainsi pu hériter d’un tableau plus favorable (les Anglais puis les Gallois). Cette année, elle a tout intérêt à terminer en tête. Face à l’Irlande contre qui elle n’a plus gagné depuis 2011, les Bleus n’auront pas le droit à l’erreur. L’enjeu ? Éviter un quart contre les All Blacks. Une victoire n’assurerait pas pour autant une place en demi-finale pour les Français, qui devront alors affronter les Argentins. Équipe qui ne leur réussit pas trop. L’Argentine, qui plus est, s’est montrée extrêmement habile lors des phases de poule avec de belles victoires face aux Tonga et la Géorgie, ainsi qu’en faisant bonne figure face aux Néo-Zélandais. Mais pour se rassurer, on peut toujours se dire que la pression est surtout sur les épaules irlandaises. Eux qui n’ont jamais vaincu les All Blacks de toute leur histoire, alors que l’équipe de France les a sortis à deux reprises d’une coupe du monde. Un avantage psychologique qui ferait dire à certains que la France à plus intérêt à défier les Kiwis que les Pumas. Pas sûr que ce calcul soit celui des joueurs, qui vont chercher à se rassurer en enchaînant une 6e victoire d’affilée ! Pour être champions du monde, il leur faudra alors en totaliser 9. Un record quand on sait que l’équipe de Saint-André n’avait, avant le début de la compétition, jamais réussi à enchaîner plus de quatre succès.

Le Japon a de vraies raisons d’y croire

En battant l’Afrique du Sud lors de la première journée, les Japonais ont marqué un coup historique. Soutenu par tout un peuple, ils étaient 25 millions à suivre le match face au Tonga sur l’archipel (un record mondial pour un match de coupe du monde), leur objectif est désormais d’atteindre les quarts, ce qui serait une première pour une équipe asiatique. En gagnant contre les Etats-Unis, ils totaliseraient trois victoires. Autant que l’Afrique du Sud et que l’Écosse (si elle bat les Samoa). Pourtant, cela pourrait ne pas être suffisant. La faute aux points de bonus. Les Sud-Africains ont marqué 2 points lors de leur défaite inaugurale (le point de la défaite plus celui de bonus défensif) et les Écossais ont gagné à chaque fois avec un bonus offensif. Alors que les Nippons ont battu les Boks et les Samoa en inscrivant moins de quatre essais et ont dû se contenter du minimum de syndical de 4 points par succès. Leur unique chance de qualification passe donc par une victoire face aux Eagles (contre qui ils restent sur une défaite 23-18) et une défaite de l’Écosse face aux Samoa. C’est jouable. Les Ecossais ont certes fait preuve jusqu’à présent d’un abattage fantastique en défense en totalisant le plus grand nombre de plaquages de la compétition et d’un sens aigu de la contre-attaque, avec deux essais marqués sur interception. Les Samoa, eux, ont déçu; loin de leur niveau attendu, ils ont sombré face aux Boks, mais surtout face aux Japonais. Si l’Écosse a remporté les deux face-à-face en coupe du monde (à chaque fois lors de matchs couperets), depuis quelques années, les affrontements sont beaucoup plus serrés et les hommes du Pacifique restent sur une nette victoire face aux Britanniques en juin 2013 (27-17). Les Écossais auraient donc tort de se voir déjà en quart de finale.

A lire aussiLe Japon est-il un pays de rugby?

Pourquoi le Pays de Galles doit battre l’Australie

Malgré les quelques surprises des phases de poules et l’absence de l’Angleterre pour la deuxième partie, la suite de la coupe du monde risque d’être d’un classicisme ennuyeux ! Des rencontres Sud contre Nord, avec un tableau où Blacks et Wallabies devraient se retrouver en demi. En face, les Sud-Africains devraient jouer leur place pour la finale contre le vainqueur du seul quart un peu indécis qui opposera les Argentins au vainqueur du match Irlande-France… Tout ça pour ça ? Quatre semaines de compétitions pour un tableau si prévisible ? Malheureusement peu de chance d’y échapper ! A moins que les Gallois réussissent à nous surprendre en imitant les Irlandais en 2011. Cette équipe d’éclopés privée de nombre de ses titulaires nous a déjà éblouis en Improbable tant les Wallabies ont impressionné samedi dernier face à ces mêmes Anglais… Mais pas impossible. Les Wallabies auront deux jours de récupération de moins et seront affaiblis pas l’absence de Pocock impressionnant dans son activité dans le jeu au sol face aux Anglais mais suspendu pour son coup d’épaule sur Mike Brown. Une victoire galloise bousculerait le tableau des phases finales pour nous offrir un bouillant Australie-Afrique du Sud en quart, avec comme enjeu une demi-finale face aux vainqueurs du match des Blacks ! Pendant que trois nations du nord batailleront avec l’Argentine pour une place en finale de l’autre côté ! Exciting, isn’t it

Vincent Bordenave

Nobel de Littérature : suivez en direct l’annonce du lauréat

Il y a un an tout rond, c’est le nom de Patrick Modiano qui était sorti du chapeau des vénérables membres de l’Académie de Stockholm.

Cette année, les bookmakers parient comme d’habitude sur Svetlana Alexievitch, Haruki Murakami,Joyce Carol Oates et Adonis, mais aussi sur le Norvégien Jon Fosse, ou encore sur des auteurs africains comme Ngugi wa Thiong’o, Nuruddin Farah et Ben Okri. Certains obstinés enfin se refusent à exclure l’hypothèse Philip Roth.

En fait, personne n’en sait rien du tout.

Réponse en direct et en vidéo, ce jeudi 8 octobre, à 13h (heure française).

Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015

Les prix Nobel se suivent et ne se ressemblent pas tant que ça. On imagine assez mal Patrick Modiano utilisant Twitter pour annoncer, lui-même, que l’Académie de Stockholm est sur le point de lui attribuer le Saint Graal des écrivains.

C’est pourtant ce que vient de faire quelqu’un se présentant comme la Biélorusse Svetlana Alexievitch, deux petites heures avant la proclamation officielle:

L’Académie suédoise m’a décerné le Prix Nobel de Littérature 2015. J’ai reçu à l’instant un appel de Suède. Je suis heureuse, très heureuse! Merci.

Il s’agissait d’un canular, revendiqué un peu plus tard par un journaliste italien.

De la part des jurés du Nobel, cependant, pas question de canular. Leur choix est clairement une manière de renouer avec une vieille tradition: celle qui consiste, à la frontière de la littérature et de la politique, à couronner un écrivain engagé, et donc par la bande les valeurs qu’il défend.

Le haïku avec lequel ils ont très officiellement justifié leur décision est d’ailleurs assez éloquent comme ça. S’ils ont couronné Svetlana Alexievitch, c’est

pour son oeuvre polyphonique, mémorial de la souffrance et du courage à notre époque.

En l’occurrence, Svetlana Alexievitch n’est pas n’importe qui. Surtout dans le climat de néo-guerre froide entretenu par le nationalisme d’un certain Vladimir Poutine. Née en Ukraine en 1948, journaliste et écrivain, cette grande dame a en effet consacré l’essentiel de son oeuvre à restituer la mémoire du monde soviétique. Cinq de ses livres ont ainsi eu un succès considérable dans son pays, parmi lesquels «les Cercueils de zinc» (sur la guerre d’Afghanistan), «Ensorcelés par la mort» (sur les suicides qui ont suivi la chute de l’URSS) et «la Supplication» (sur Tchernobyl).

En 2013, enfin, elle avait publié une somme, «la Fin de l’homme rouge, ou le temps du désenchantement», qui lui avait valu de décrocher en France le prix Médicis essai (traduit du russe par Sophie Benech, chez Actes Sud). Le grand entretien qu’elle avait alors accordé à notre camarade Vincent Jauvert sur l’Homo Poutinus est plus que jamais d’actualité. Il est à (re)lire ici, sans attendre.

G.L.

Post-scriptum. Sauf erreur, le Nobel n’avait pas récompensé d’écrivain russophone depuis Soljenitsyne en 1970 (avant ça il y avait Boris Pasternak, en 1958). Par ailleurs, Svetlana Alexievitch est la quatorzième femme à remporter le Nobel depuis sa création en 1901.

Les 1ères pages de « la Fin de l’homme rouge »

Israël : «Netanyahou devra faire preuve de psychologie s’il veut éviter l’explosion».

Contrairement à ce que prétendaient les dirigeants israéliens jusqu’à ces dernières heures, la situation ne se calme pas à Jérusalem et en Cisjordanie. En fait, elle empire puisque la «sakinaout» (les attaques au couteau) se multiplient à l’intérieur même de l’Etat hébreu. A Kyriat Gat (sud d’Israël) mais également à Pétakh Tikva (grande banlieue de Tel-Aviv).« Bien sûr, il ne s’agit pas d’attentats kamikazes comme durant la deuxième intifada mais sur le fond, même si ces attaques sont lancées par des « loups solitaires » agissant de leur propre fait, le résultat est le même : les gens ont peur. Ils n’osent plus sortir dans la rue. Les cafés sont vides et l’on observe une baisse de fréquentation des spectacles», explique Ayala Hasson, chroniqueuse à «Kol Israël».

Depuis deux jours, les contrôles aux entrées des lieux publics et des centres commerciaux ont été renforcés sur l’ensemble du territoire israélien. A Jérusalem-ouest (la partie juive de la ville), les écoles ont entamé un mouvement de grève pour obtenir la présence de vigiles armés devant leurs portes. A l’instar du maire de la ville Nir Barakat, plusieurs élus municipaux appellent également leurs administrés titulaires d’un port d’arme à sortir avec leur calibre pour «réinstaurer un sentiment de sécurité dans les rues». Une solution magique ? Pas sûr. Jeudi matin le trafic de la ligne tramway a d’ailleurs été interrompu pour une durée indéterminée immédiatement après la première attaque au couteau de la journée (deux blessés). Cela, alors que des dizaines d’hommes en arme se trouvaient aux environs.

«Netanhayou devra faire preuve de psychologie»

A l’intérieur de l’Etat hébreu, le sentiment de malaise est d’autant plus fort que les manifestations violentes d’Arabes israéliens soutenant leurs «frères» Palestiniens des territoires occupés se multiplient. A Jaffa (Tel-Aviv) mais également à Lod (centre du pays) et à Nazareth (Galilée). Sur les routes traversant les villes et villages arabes israéliens, les autobus et les voitures privées sont désormais caillassés plusieurs fois par jour.«Nous n’en sommes pas revenus à la situation d’octobre 2002 lorsque la minorité arabe (20% de la population israélienne) s’était soulevée et que treize personnes avaient alors été tuées par la police mais il y a des réminiscences», estime Moshé Elad, un chercheur israélien spécialisé dans l’étude des intifadas tout en relevant que  «le gouvernement de Benyamin Netanyahou devra faire preuve de beaucoup de psychologie s’il veut éviter une grosse explosion».

A Ramallah, l’Autorité palestinienne (AP) condamne la «répression israélienne qui pousse à un nouvel embrasement de la région» mais sur le fond, Mahmoud Abbas reste opposé à toute action violente. Selon les estimations de l’Aman (les Renseignements militaires israéliens), le Fatah et les «Tanzim» (sa branche armée contrôlant la plupart des camps de réfugiés de Cisjordanie) ne sont d’ailleurs pas partie prenante aux violences en cours même si certains manifestants brandissent leur drapeau.

Au terme d’une nouvelle réunion sécuritaire tenue dans la nuit de mercredi à jeudi, Netanyahou a confirmé la carte blanche qu’il accorde à la police, aux garde-frontières et Tsahal (l’armée) pour «écraser la vague de terreur». C’est dans ce cadre et avec ce blanc-seing qu’interviennent les «mistarvim» (les «déguisés en Arabe»), des unités spéciales opérant en civil et dont les membres parlent l’arabe avec l’accent palestinien. Mercredi, plusieurs «mistarvim» ont été filmés alors qu’ils se trouvaient au milieu des émeutiers de Cisjordanie et qu’ils les arrêtaient ensuite de manière musclée. En réalité, ces policiers mi-soldats mi-agents secrets opèrent de longue date sur le terrain puisqu’ils sont apparus à la fin des années 70 sur l’ensemble des territoires occupés. Donc, y compris dans la bande de Gaza où ils se sont souvent livrés à des exécutions extrajudiciaires. Les «déguisés» opèrent partout où il y des violences. Pendant les périodes plus calme, les mêmes procèdent à des arrestations de suspects palestiniens dans les quartiers arabes de Jérusalem-est et dans les villages de Cisjordanie.

 

Jeudi matin, nombre d’entre eux étaient déployés dans la banlieue de Ramallah et d’Hébron où se déroulaient de sérieux affrontements. Vendredi, ils opéreront aux environs de la vieille ville de Jérusalem puisque les députés arabes israéliens et leurs supporters ont décidé de se rendre sur l’esplanade des mosquées en signe défi à Netanyahou, qui a instamment prié les élus et les ministres de ne pas y aller.

Nissim Behar à Tel-Aviv

Grand Bivouac: «Mettre en avant les énergies positives»

«Cette année, on a vraiment un beau plateau. Alors, évidemment, c’est le rush…» A une semaine de l’ouverture du Grand Bivouac, Guy Chaumereuil, son fondateur, fait un point sur cette nouvelle édition.

«Les beaux matins du monde…» Le festival propose un beau thème cette année!

Oui. C’est parti d’un constat. Ces dernières années, nous avions souvent mis l’accent sur des thématiques un peu arides, un peu dures. Et puis, il y avait l’actualité que nous connaissons tous, et qui n’est guère réjouissante… Alors, pour cette édition, nous avons voulu faire pencher la balance de l’autre côté. Pas de béatitude mais en mettant en avant les énergies positives. D’où cette image du matin lumineux, lorsque l’on ouvre les volets à l’aube d’une belle journée. On se reprend à espérer, à avoir envie d’entreprendre. Il est temps de vivre!

Les invités ont donc été choisis dans cette optique…

Parmi les dizaines de personnalités que nous accueilleront au Grand bivouac (140 rendez-vous sont prévus pendant les trois jours et demi de la manifestation qui a comptabilisé en 2014 32000 entrées payantes, ndlr). Je vous citerai quelques exemples: Mathieu Riccard, le moine bouddhiste et son message d’empathie et d’altruisme; Axel Kahn, scientifique, essayiste et marcheur, qui illustre bien notre propos. Il a traversé deux fois la France. Une fois du Nord-Est au Sud-Ouest, où il a rencontré un pays replié sur lui-même, qui se «déprise», et la seconde fois, de la Bretagne à Menton, où il a pu explorer l’autre face du pays, une France qui espère et relève la tête… Il y a enfin «Mafrouza», ce documentaire extraordinaire d’Emmanuelle Demoris qui se passe dans un bidonville d’Alexandrie aujourd’hui rasé. Dans cet amas de détritus, il y a une pulsion de vie, de joie… Un hommage à tous ceux qui restent debout.

Le festival aborde également la question du climat…

Oui, ce n’était pas la particularité des précédents Grands Bivouacs, mais dans l’optique de la Cop 21, nous avons décidé de multiplier les rendez-vous sur le climat et l’environnement. Je pense aussi à des choses étonnantes comme ce documentaire sur les parcs naturels, de Caroline Fourest et Fiammetta Venner, qui peuvent être un point de conjonction entre des pays qui s’affrontent. Il en existe par exemple un entre les deux Corée…

Un coup de cœur?

Ce superbe film, «Mustang, le royaume des peintres paysans» de Corinne Glowacki, qui raconte comment un peintre italien apprend aux paysans à restaurer leurs temples. Au moment où Daech en Syrie détruit ses statues et ses sites, c’est un contre-exemple extraordinaire et une illustration de ces «beaux matins» du monde que nous allons découvrir…

Le Grand Bivouac. Albertville (Savoie) Toutes les infos sur le site.

Libération sera présent au GB avec un stand où exposeront les lauréats dessins de l’édition 2015 du concours Libé-Apaj.

Fabrice Drouzy

Booxup, le Tinder des livres

Comme sur Facebook, le booxuper crée un profil sur lequel il peut afficher les livres de son choix et constituer sa propre bibliothèque. L’application utilise aussi un procédé de géolocalisation qui permet de réunir les utilisateurs selon l’endroit où ils se trouvent au moment où ils se connectent. Et ça marche. Lancée en mars dernier, Booxup compte déjà 10.000 utilisateurs et quelque 30.000 livres.

Nichés sous les toits du mythique hôtel La Louisiane, au coeur de Saint-Germain-des-Prés, ses créateurs, David Mennesson et Robin Sappe, ont un objectif: «devenir la plus grande bibliothèque du monde». Ils n’y sont pas encore, mais y travaillent à plein temps. «Je n’ai jamais vu les personnes à qui je prêtais mes livres», raconte Thomas, un booxuper installé à Antibes.

Un jour, une jeune fille installée dans un foyer à 200 mètres de chez lui envoie un message: elle souhaite lui emprunter son livre sur la filmographie de Tim Burton. «C’était un sacré périple pour le lui remettre, se souvient-il: nos horaires ne correspondaient jamais. Mais elle avait l’air tellement intéressée par ce réalisateur que je me suis donné un peu de mal.» Après de nombreux messages envoyés par l’application, il finit par déposer le livre à l’accueil du foyer, accompagné d’un message personnel. «J’espère qu’elle s’est éclatée», dit Thomas. Il n’a pas cherché à récupérer son livre : «Je n’en ai pas besoin.» Il n’en a jamais emprunté non plus. Comme si le seul but de son adhésion à Booxup était, juste une fois, de faire plaisir à quelqu’un.

Certains n’ont pas attendu 2015 pour mettre en place un réseau de lecteurs autour de chez eux. Sylvie, parisienne et dévoreuse de romans, avait déjà pris l’habitude d’échanger ses livres avec le voisinage. Pourtant, en avril dernier, un accident au marathon de Paris la cloue deux mois au fond de son lit. Un ami lui conseille alors l’application. «Ma première expérience “booxupienne” fut assez forte d’un point de vue littéraire», raconte-t-elle. A son chevet, un aimable booxuper lui apporte «Je vous écris dans le noir», de Jean-Luc Seigle. Elle a «adoré ce livre». Il n’y aura pourtant que deux prêts en tout et pour tout, pendant la période de sa convalescence.

Ce qu’elle préfère, quand elle a l’usage de ses jambes, c’est se rendre dans la librairie parisienne Le Divan, sa préférée. C’est d’ailleurs la question que pose cette application, comme tout ce qui fonctionne à partir d’une économie de partage: Booxup pourrait-il, en se développant, nuire à l’économie du livre?

Échangisme littéraire

Charlotte l’assume complètement : pour elle, l’application est «une bonne alternative à Amazon». Mais c’est aussi à ses yeux une occasion formidable de «redonner vie aux vieux bouquins» ronflant depuis des années sur son étagère. Finie, l’ère de la bibliothèque individuelle qui ne profite qu’à trois lecteurs en un siècle? «C’est chaque fois une expérience très joyeuse», dit-elle. Livre à la main, elle a rejoint sur la butte Montmartre un booxuper souhaitant lui emprunter son roman préféré, «Inconnu à cette adresse», de Kathrine Kressmann Taylor. Malgré les appréhensions, la discussion fut «sympathique et courtoise», dit-elle en riant, ne remarquant même pas l’écho romantique de la situation avec le titre du roman.

Pourtant, si ses créateurs n’insistent pas sur l’aspect poétique de Booxup, l’application réunit tout de même tous les ingrédients pour une rencontre digne d’un récit à l’eau de rose. Là où tous les sites de rencontres de type Tinder imposent le modèle américain du date, impersonnel et sans surprise, Booxup préserve une part de mystère typiquement français où l’autre, l’inconnu, au bout de votre rue, ignore si votre démarche est galante ou purement littéraire. D’ailleurs, vous-même n’êtes pas obligé de le savoir. Comme dans une bibliothèque municipale, on peut être venu lire un livre et croiser par hasard un regard.

Ce détournement d’utilisation n’est pas ce que David Mennesson souhaite mettre en avant. Mais il avoue avoir reçu les avances d’une jeune femme qui lui avait emprunté son «On/Off», d’Ollivier Pourriol. Il a aussi appris qu’une booxupeuse aurait entretenu une conversation pendant quelques jours avec un homme, avant de réaliser que son interlocuteur était… son père.

Ce mois-ci, les booxupers pourront découvrir une nouvelle version de l’application, embellie et optimisée. De quoi espérer un élargissement considérable de leur nouvelle communauté, mais aussi s’attirer des problèmes: l’application fait depuis peu l’objet d’une enquête préventive de la part de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, qui surveille de près toutes les start-up risquant, à l’instar d’Uber ou Airbnb, de mettre à mal le système de vente traditionnel.

Manifestement, la nouvelle économie de partage, qui s’introduit doucement mais sûrement dans notre mode de vie, séduit presque autant les lecteurs qu’elle préoccupe les vendeurs. Pourtant, quoi de plus naturel qu’emprunter un livre ?

Pia Duvigneau

Article paru dans « L’Obs » du 1er octobre 2015.

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